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Billet de blog 30 avril 2014

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Exécution en Oklahoma: chlorure de potassium et noix de pécan

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous avons appris que Clayton Lockett a été exécuté hier à Huntsville, en Oklahoma, après quinze ans passés dans le quartier des condamnés à mort. Nous savons aussi dans quelles conditions cette exécution s'est déroulée, et que cet homme a agonisé pas loin de 45 minutes. Nous savons désormais qu'aux Etats-Unis une pénurie de substances anesthésiantes conduit certains états à bricoler quelque peu les injections mortelles. Nous savons que Lockett, ainsi que d'autres condamnés à la peine capitale, avait demandé des garanties sur la composition du cocktail qui lui serait administré, craignant qu'il ne soit ni efficace, ni rapide. Et que ce droit lui a été refusé.

Ce que beaucoup d'entre nous, en France, ignorent encore probablement, c'est que Clayton Lockett avait formulé une autre exigence, tout aussi raisonnable en apparence, mais que le Département de la Justice a également repoussée. Cet homme voulait, pour son dernier repas, un steak, des pommes au four, ainsi qu'une part de tarte aux noix de pécan. Folie: la valeur de ce menu somptueux excédait les 15 dollars que l'Etat alloue pour ces occasions...

  Réaction de la mère du condamné, laquelle estimait pourtant légitime le châtiment réservé à son fils: "est-ce vraiment trop demander ? Il ne mangera plus jamais. Ils vont obtenir ce qu'ils veulent. Il va mourir. Alors, je crois qu'il devrait avoir son steak". Il peut payer, avait-elle ajouté, ce dont les autorités semblaient douter.

Clayton Lockett a-t-il finalement eu droit à son steak-pommes au four ? Et à une petite part de tarte aux noix de pécan ? Aux dernières nouvelles, l'administration avait fini par botter en touche: ce serait au  gardien de décider...

Il y a eu l'année dernière 39 exécutions aux Etats-Unis. A 15 dollars l'ultime festin, le contribuable américain a donc dû débourser 585 dollars. Un modèle de rigueur budgétaire, mais peut  mieux faire: pourquoi ne pas laisser les condamnés mourir tout bonnement de faim ? Cela ne serait pas forcément plus cruel que ce morbide cérémonial, surtout s'il doit se conclure par d'aussi pitoyables cafouillages.

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