Massacres coloniaux en Algérie et Oradour-sur-Glane : des atrocités qui hantent l’Histoire
L’histoire de la France est marquée par des épisodes sanglants qui continuent de susciter des débats passionnés, notamment lorsque leur évocation dérange certaines consciences. Parmi ces événements tragiques figurent les massacres perpétrés en Algérie sous l’occupation coloniale et le massacre d’Oradour-sur-Glane durant la Seconde Guerre mondiale.
Les enfumades des grottes en Algérie : une barbarie oubliée
L’un des épisodes les plus atroces de la conquête française de l’Algérie reste l’usage des "enfumades", une tactique meurtrière utilisée en 1844 et 1845 contre des tribus algériennes. Cette méthode consistait à enfermer des populations civiles, hommes, femmes et enfants, dans des grottes avant d’y allumer de grands feux pour les asphyxier.
Le cas le plus emblématique demeure celui des grottes du Dahra, les 18 et 19 juin 1845. Sous les ordres du colonel Pélissier, entre 700 et 1 200 membres de la tribu des Ouled-Riah trouvèrent une mort atroce, piégés dans leur dernier refuge. Cet acte s’inscrivait dans la stratégie de terre brûlée menée par le général Bugeaud, qui prônait une "guerre d’extermination" contre les résistants algériens.
Si ces crimes suscitèrent des réactions en France à l’époque, ils furent majoritairement justifiés par l’état-major militaire au nom de la pacification. Aujourd’hui encore, leur reconnaissance dans le récit national demeure insuffisante.
Les massacres coloniaux en Algérie : une violence systématique
La colonisation de l’Algérie, de 1830 à 1962, fut jalonnée d’actes de répression d’une brutalité extrême contre la population locale.
- Les massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata, en réponse aux manifestations indépendantistes, firent entre 20 000 et 45 000 morts, selon certaines sources.
Plus largement, certaines études estiment que le bilan global de la colonisation française en Algérie dépasse les 10 millions de victimes, un chiffre qui reste sujet à débats, mais qui illustre l’ampleur des violences.
Le massacre d’Oradour-sur-Glane : un crime de guerre nazi
Le 10 juin 1944, la 2e division SS "Das Reich" perpétra un massacre d’une barbarie inouïe dans le village d’Oradour-sur-Glane. En une journée, 643 hommes, femmes et enfants furent exécutés. Les hommes furent fusillés, tandis que les femmes et enfants furent enfermés dans l’église, incendiée après l’explosion de grenades.
Ce crime de guerre nazi est gravé dans la mémoire collective française et a fait l’objet d’un travail mémoriel approfondi, en témoignent les commémorations officielles et la préservation du village en ruines.
Des méthodes et un bilan humain comparables
Les massacres coloniaux en Algérie et Oradour-sur-Glane, bien que différents dans leur contexte, partagent des points communs troublants :
- Stratégie de terreur : Exécutions de masse pour frapper les esprits.
- Techniques similaires : Séparation des hommes et des femmes/enfants, confinement dans des lieux clos (église à Oradour, grottes en Algérie), incendies et asphyxie.
- Bilan humain effroyable :
- Oradour-sur-Glane (1944) : 643 victimes.
- Enfumades du Dahra (1845) : entre 700 et 1 200 morts.
- Massacres du 8 mai 1945 en Algérie : plus de 45 000 morts.
- Massacre d’Oran (1962) : entre 95 et 453 morts, selon les estimations.
Un devoir de mémoire à géométrie variable ?
La comparaison entre ces événements a suscité une polémique récente, notamment après les propos de Jean-Michel Aphatie sur RTL. Or, il ne s’agit pas d’opposer ces tragédies, mais de reconnaître l’ensemble des crimes de masse qui ont jalonné l’Histoire de France, qu’ils aient été commis par l’occupant nazi ou par les forces coloniales françaises.
Si Oradour-sur-Glane est justement commémoré comme un symbole de la barbarie nazie, pourquoi les enfumades des grottes, les massacres de Sétif ou du 5 juillet 1962 restent-ils sous-évoqués dans le récit national ? Cette mémoire sélective empêche une réconciliation pleine et entière avec le passé.
Une mémoire à assumer pour avancer
Les enfumades des grottes, comme le massacre d’Oradour-sur-Glane, illustrent une même logique de terreur et d’extermination. La reconnaissance de ces crimes ne signifie pas les mettre sur un pied d’égalité dans leur contexte historique, mais assumer pleinement toutes les pages sombres de l’Histoire de France.
Face aux tentatives de minimisation ou d’effacement, le travail de mémoire doit être universel, impartial et honnête. Car c’est seulement en regardant notre passé en face que nous pourrons construire une véritable réconciliation, en France comme avec l’Algérie.