La libération de la parole raciste depuis le 7 octobre 2023
Depuis les événements tragiques du 7 octobre 2023 et l’aggravation du conflit israélo-palestinien, la France connaît une montée alarmante des actes et discours racistes. Si l’explosion des actes antisémites a été largement médiatisée et condamnée, le racisme anti-arabe et anti-musulman semble être relégué au second plan, voire complètement ignoré.
Une hausse inquiétante des actes antisémites
Entre janvier et juin 2024, 57 % des agressions racistes et antireligieuses en France visaient des personnes de confession juive, alors que cette communauté représente moins de 1 % de la population. Depuis le 7 octobre 2023, ces actes antisémites ont bondi de 192 %. Ces chiffres, largement relayés par les médias et associations, montrent l’ampleur d’une situation dramatique qui mérite toute notre attention.
Une invisibilisation de l’islamophobie et du racisme anti-arabe.
Qu’en est-il des violences et discriminations subies par d’autres communautés ? De nombreux témoignages évoquent une explosion des insultes, des dégradations, voire des agressions envers les Arabes, les musulmans. Pourtant, ces faits reçoivent très peu d’attention.
Prenons par exemple un article récemment publié par Reflets.info intitulé "Antisémitisme sur X : bien plus que de simples dérapages". Cet article se concentre exclusivement sur l’antisémitisme attribué à des musulmans, tout en passant sous silence le racisme anti-arabe et anti-musulman, notamment celui propagé par l’extrême-droite sioniste. Ce traitement partial ne fait qu’aggraver le sentiment d’injustice et de déséquilibre dans la lutte contre les discours de haine. Antisémitisme sur X : bien plus que de simples dérapages | Reflets.info
Un deux poids, deux mesures flagrants
Cette différence de traitement soulève la question d'un inacceptable deux poids, deux mesures de la part de certaines associations antiracistes et de la presse écrite. Le cas de la LICRA est particulièrement révélateur de ce déséquilibre troublant.
Personnellement, j'ai eu à signaler à la LICRA des tweets islamophobes et négrophobes provenant de figures de l'extrême-droite sioniste. Au lieu de réagir face à ces contenus clairement haineux, j'ai découvert que mon compte d'élu avait été bloqué par la LICRA le 29 mai 2024. Cette réaction est non seulement inappropriée, mais elle soulève de sérieuses questions sur l'intégrité et l'impartialité de l'organisation dans sa lutte contre le racisme.
Voir mes signalements ici :
Bonjour @GDarmanin @auroreberge, le combat contre l'antisémitisme est essentiel et il doit s'accompagner de la lutte contre toutes les formes de racisme. J'ai vu une vidéo où @Josephfckgaza sur Twitter profère des insultes negrophobes et xénophobes. Pour prévenir la… pic.twitter.com/RrpqodKAC5
— Salim DJELLAB (@SalimDjellab) May 17, 2024
Bonjour @GDarmanin @auroreberge, le combat contre l'antisémitisme est essentiel et il doit s'accompagner de la lutte contre toutes les formes de racisme. J'ai vu une vidéo où quelqu'un sur Twitter incite au massacre des Palestiniens en les traitant d'animaux. Pour prévenir la… pic.twitter.com/YPy9qvUUTe
— Salim DJELLAB (@SalimDjellab) May 17, 2024
Force est de constater que ce comportement s'inscrit malheureusement dans une tendance plus large. À Sciences Po Reims, par exemple, la LICRA a qualifié de "méthodes liberticides" une manifestation d'étudiants en soutien à la cause palestinienne, allant jusqu'à affirmer que "l'antisionisme radical est vecteur d'antisémitisme".
Cependant, il est important de rappeler que la Cour de Cassation française a établi une distinction claire entre l'antisionisme et l'antisémitisme. Dans un arrêt de 1991(n° 90-83.605), la Cour a reconnu que la critique du sionisme en tant que mouvement politique est licite et ne constitue pas en soi de l'antisémitisme.
La position de la Licra révèle un parti pris idéologique qui compromet la crédibilité de l'organisation dans sa mission de lutte contre toutes les formes de racisme.
De plus, la LICRA semble rencontrer des difficultés à reconnaître et à combattre efficacement le racisme anti-musulman et anti-arabe en France. Dans une de ses publications, l'organisation va jusqu'à remettre en question la pertinence du terme "islamophobie", suggérant qu'il ne faut pas "crier - avec les loups - à l'islamophobie". Une telle position est en contradiction flagrante avec son mandat de lutte contre toutes les formes de racisme et de discriminations.
Ces exemples démontrent une approche sélective et biaisée de la LICRA dans sa lutte contre le racisme. En ignorant ou en minimisant certaines formes de discrimination tout en en amplifiant d'autres, l'organisation faillit à sa mission et contribue à perpétuer les inégalités qu'elle prétend combattre.
Le mandat d'arrêt de la CPI contre Benjamin Netanyahou : un tournant ?
L'émission d'un mandat d'arrêt par la Cour pénale internationale à l'encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité à Gaza aurait pu être l'occasion d'une prise de conscience collective sur la gravité de la situation. Pourtant, cet événement majeur n'a pas semblé modifier significativement le traitement médiatique et associatif de la question du racisme en France.
Les réseaux sociaux, amplificateurs de haine
Les réseaux sociaux, en particulier X, sont devenus des espaces où les discours de haine prolifèrent sans véritable contrôle. Si l’antisémitisme y est une réalité inquiétante qu’il faut combattre, il est tout aussi important de s’attaquer à la haine dirigée contre les Arabes, les musulmans et les personnes noires. Des insultes, des appels au meurtre et d’autres formes de violence verbale y circulent, alimentant un climat de tension et de peur.
L’extrême-droite sioniste, notamment, se montre particulièrement active dans cette dynamique, ciblant les Français musulmans et Arabes à travers des propos haineux qui ne rencontrent souvent aucune modération adéquate.
Exemple de discours haineux à l'encontre des Arabes
M. Grégory Zaoui s'est livré à des propos d'une extrême gravité, allant jusqu'à faire l'apologie de crimes contre l'humanité visant le peuple palestinien. Cette infraction, caractérisée par sa violence et son incitation à la haine, appelle une réponse ferme des autorités. La LICRA et les pouvoirs publics comptent ils agir en justice ?
Cadeau de #Hanouka pour @RimaHas pic.twitter.com/Fr4v2qJ50l
— Grégory Zaoui🎗︎ (@gregory_zaoui) December 25, 2024
Agir de manière juste et équitable
Il est urgent d’avoir une approche plus équilibrée et plus juste. Médias, associations et plateformes numériques doivent cesser de traiter certaines formes de racisme comme prioritaires au détriment d’autres. Toutes les discriminations sont graves, et les invisibiliser ne fait que renforcer les divisions dans notre société.