Par Abdenour Dzanouni

Ce constat circonstancié qui vaut autant par le trait génial de Ali Dilem que par le caractère universel et supra-historique de la connerie, prend une dimension prophétique à la lumière du nouveau jour. Comme la pythie de Delphes, Dilem parle et l’écho résonne et amplifie ses paroles. Au lendemain de l’attentat criminel (une petite voix ignorant le pléonasme vicieux, m’a dit d’écrire « horrible », ce que par respect pour l’intelligence du lecteur et égard pour la langue française, je me refuse de baver ), Fleur Pellerin, ministre de la culture s’est fendu généreusement, au nom du gouvernement, d’un million d’euros pour aider « Charlie ». Les dons affluent alors dans la corbeille de la fiancée-veuve de ses courtisans: Google met la main à la poche : 250.000 euros dans la corbeille, eBay et Amazone promettent de reverser les commissions perçues sur les produits vendus estampillés « Je suis Charlie », les imprimeurs et les diffuseurs impriment et diffusent gratuitement le numéro dit des « survivants », les centaines de milliers de « Charlie », qui pour la plupart n’avaient jamais lu ce journal, s’abonnent dans un élan magnifique de solidarité … Les funérailles prennent des allures de fête où les gouvernements du monde, et parmi d’autres assassins ceux qui ont recruté, formé, armé et financé les tueurs, se pressent pour défiler devant les caméras des télévisions. Bientôt, la corbeille de la veuve « Charlie » déborde de trente millions d’euros. Les prétendants se bousculent autour du pactole. Une femme éplorée se dit la compagne d’un des dessinateurs, la famille de celui-ci crie à l’imposture et lui interdit d'exprimer son chagrin. Philippe Vall, l’ancien actionnaire majoritaire, se mord les doigts des mains et des pieds d’avoir vendu ses actions à Charb et consorts. Les trois successeurs, actionnaires et ayants droit de Charlie hebdo, gardent le butin par devers eux et défendent aux salariés de s’en approcher. Dans l’urgence, le médecin Patrick Pelloux, dirige l’insurrection. Il fait publier dans le monde une lettre ouverte des quinze « Charlie-trompe la mort » réclamant une répartition à parts égales des actions du journal entre les salariés... Ah, la famille ! Mais pourquoi diable publier sa propre caricature dans un autre journal quand on en a un à demeure? Allons, fais moi rire Charlie... ou t’es mort !
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