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Billet de blog 4 avril 2014

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"AVANCE ET TU SERAS LIBRE" CHANTAIT ANTAR IBN CHEDDAD.

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Par Aicha BOUABACI 

Yazid, mon enfant, cette histoire me ramène des années en arrière... A Paris lors d'une énorme manifestation en faveur des " Sans-papiers ". J'y étais de passage et j'en avais ramené un flot de souvenirs et de sensations que j'avais entrepris de jeter, sur le vif, dans le train qui me ramenait à Frankfurt. je voulais immortaliser ces "Echassiers de la liberté", ces hommes et ces femmes montés sur des échasses, dans ce cortège impressionnant, pour clamer la souveraineté de cette humanité bariolée. Parole colportée par les porte-voix, au-dessus de la clameur, jusqu'aux malentendants officiels.

Laisse-moi te lire ce papier que j'avais placé sous le signe de Antar Ibn Cheddad, ce poète du Vème siècle et de son appel sublime :" Avance et tu seras libre ".

 " Paris. Samedi 22 février 1997. 15 heures. Gare de l'Est. La marche des / et pour les Sans-papiers...

 De passage à Paris, visiteuse sans-papiers, du moins français ; je veux etre de ce rendez-vous. Je frémis d'avance sous la caresse frondeuse du vent de la marche attendue. Rien ne me fascine plus que les immenses mouvements vers l'avant. brassées collectives d'airs et de libertés.

 j'attends. Le marchand de brochettes et de merguez est là, très actif, son barbecue fumant ; restaurateur ambulant, pour les besoins de la cause. Tout autour, les brasseries offrent à l'extérieur leurs dessertes garnies de boissons et de sandwiches divers. Déjà le rassemblement semble être imposant. Des flots émergent toujours des bouches du métro de la Gare de l'Est. Le défilé s'étant déjà constitué et n'offrant plus aucune possibilité de s'y insérer, des masses s'engouffrent dans les rues adjacentes pour rejoindre le peloton de tète. je les suis. Nous sommes aussitôt arrêtés par des flots incessants qui viennent de partout. je m’arrête légèrement en retrait, juste contre une agence de voyages -moi qui subodore les présages, je suis servie ! - pour inscrire tous ces groupes, tous ces mouvements, toutes ces expressions dans ma mémoire vigilante. casiers toujours vierges, pellicules toujours promptes à l'emploi : il ne faut rien oublier, l'écriture de l'histoire ne le permettrait pas. Mon regard se démultiplie : un enfant sur les épaules de son père, tenant sagement une minuscule valise jaune, à sa taille, à sa mesure, à la luminosité de son regards. De nombreux parents-Kangourous transportent leurs tout-petits devant, derrière. Ces enfants, futurs oiseaux migrateurs, sont immergés dans ce bain forcément salvateur. Une question fuse à coté de moi : " Il y a beaucoup de monde ?

- Jusqu'à la république ! "

AB

Texte extrait du livre "Le desordre humain conté à mon petit-fils" de Aicha BOUABACI et publié en feuilleton sur le site de Ali ABDELLAOUI:

https://www.facebook.com/ali.abdellaoui.391

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