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Billet de blog 4 avril 2019

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AMAZIGH, JAFFAR , FATIMA-ZOHRA ET LES AUTRES …

Extraits du reportage de Mustapha Benfodil , « Quand le Parc de la Liberté se transforme en agora »  Alger, 25 mars 2019

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L e sujet du jour, soumis au débat, est « la mise en place de contre-pouvoirs citoyens pour garantir les libertés individuelles et collectives ». La modération est assurée par un jeune polytechnicien issu du public.

L’un des premiers à prendre la parole est Amazigh Kateb qui a développé une belle réflexion sur le thème des libertés en disant : « Dans la liberté, il y a quelque chose qui ne s’arrête pas. Et pour que la liberté ne s’arrête pas, il faut qu’elle soit contagieuse et collective. Le précepte qu’on nous inculqué depuis qu’on est tout petit, et qui dit que la liberté de l’un s’arrête là où commence celle de l’autre, c’est une vieille farce. La liberté de l’un se construit avec la liberté de l’autre et c’est ce que nous voyons tous les jours dans le cadre de ce mouvement. C’est que nos libertés conjuguées et pilotées par la raison, eh bien ça donne ça ».

L’un des points qui sont revenus avec force dans les discussions, c’est la question de l’encadrement (ou non) de ce formidable mouvement populaire et comment devait s’organiser la transition. Pour l’architecte Katia Fasla, « il n’y a pas de contradiction » entre le caractère spontané et vivant des manifs et la velléité de structuration du mouvement. « On vit quelque chose de nouveau, commençons par nous exprimer, donner notre avis, et peu à peu, tout cela finira par se structurer » dit Katia. S’exprimant sur le thème du jour, un jeune proclame : « Le contre-pouvoir, c’est ezenqa, c’est la rue ! » Il ajoute : «Nous avons réussi à faire plier la police, à faire plier les juges. Ils sont tous en train de rallier le peuple. Bientôt, nous allons vider ce régime de tous ses soutiens ». Pour lui, il ne fait absolument aucun doute sur le fait que « le peuple est le contre-pouvoir ». « On va changer la Constitution de façon à leur ôter tout pouvoir. On va bannir le mot « pouvoir ». Eux, ils ne seront plus que des « responsables » et le peuple les aura à l’œil ! »

« Une Constituante dans chaque commune »

Jaffar Lakhdari, diplômé de Sciences Po Paris et expert financier, estime qu’à l’heure actuelle « on est dans une zone de non-droit. La Constitution est suspendue de fait ». Pour la phase de transition, « le processus constituant est la question essentielle» souligne-t-il. Il est impératif de tout mettre à plat en tâchant de réussir l’élection d’une assemblée constituante même si, prévient-il, « cela ne va pas être facile », et qu’on risque d’ouvrir « La boîte de Pandore ». Mais c’est le seul gage pour « sortir d’une souveraineté informelle à une souveraineté réelle du peuple ». Il ajoutera plus loin : « Si on continue avec cette constitution, immanquablement, on reproduira les même travers ».

Amazigh Kateb a rebondi sur la question de la Constituante en appelant à « s’organiser en assemblées constituantes dans toutes les communes d’Algérie ». Usant d’une image parlante, il dit : « La Constitution, c’est le code pénal des dirigeants politiques. Il n’est donc pas étonnant qu’ils la violent dès qu’elle ne sert pas leurs intérêts ». Le fils de Kateb Yacine fustige les oligarchies en pointant les liaisons dangereuses entre le pouvoir et l’argent : « Mon père m’a dit : il y avait des combattants qui n’ont pas parlé sous la torture, durant la colonisation, et qui, après l’indépendance, n’ont pas tenu face à l’argent.  Ils ont résisté à la torture mais pas à l’argent ». Il avertit : « Les plus beaux mouvements révolutionnaires au monde s’essoufflent ». Amazigh appelle à activer partout « le contrôle citoyen dans les communes, les daïras et les wilayas » « Il y a plus de danger dans la rue que sur le terrain politique. Allons dans les institutions et imposons-nous ! » martèle-t-il.

Fatima Zohra Hocini qui exerce le beau métier de « coach en intelligence collective », dit préférer le mot « consentement » aux mots « consensus » et « majorité ». Elle considère que le consentement est « un modèle plus inclusif ». Elle exhorte les Algériens à « garder ce pouvoir collectif » que nous confère ce mouvement en appelant à maintenir durablement cette « intelligence collective dans la réflexion, la construction et l’exécution ». Elle plaide pour une « république citoyenne » en préconisant « une élection sans candidats, par cercles ». Fatima Zohra poste de belles propositions sur une page Facebook qu’elle a créée, et où l’on peut consulter à loisir ses brillantes réflexions : « Algérie c’est nous : ton peuple ». (...)

MB

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