Par Abdenour Dzanouni
On entend le Directeur d’Air France-KLM, Alexandre de Juniac, désigner les pilotes français comme les responsables du naufrage de la compagnie. Ces enfants gâtés de l’aéronautique refusent de travailler gratuitement 100 heures de plus par an. Ah, les ingrats ! Ils devraient payer pour le privilège qu’on leur accorde de réaliser le rêve d’Icare, de voler à travers les nuées au dessus de la misérable piétaille, de passer leur vie en voyage, accueillis et dorlotés par une femme exotique et différente dans chaque aéroport. Les hôtesses de l’air ont bien compris l’inestimable faveur qui leur est faite de voir le monde d’en haut en proposant de faire du bénévolat pendant leur repos jusque là légal. Que dire du dévouement des personnels au sol qui sacrifient leur vie familiale pour garder le droit de voir les avions atterrir et décoller, eux les dindes et dindons condamnés à ne jamais voler ! Tous ces oiseaux devraient plutôt payer pour travailler.
Alexandre de Juniac s’est ainsi plaint du manque cruel de reconnaissance et d’enthousiasme des pilotes à travailler plus, sans être payer pour autant. Il a cité les propos de son homologue le PDG de Qatar Airways, réagissant à ses épanchements sur la vie difficile que lui font ses pilotes. « Mais à Qatar, on les jetterait en prison ! » s’est étranglé le qatari. » Et le PDG d’Air France-KLM, de battre des bras ses flancs en signe d’impuissance, désolé tout plein de ne pas avoir les coudées franches comme son homologue du Qatar. Comme la vie est dure !
Qu’à cela ne tienne, à défaut de mettre les grévistes aux fers, on peut toujours les jeter sur la paille. Dix long courriers seront remisés dans les hangars et 3000 employés d’Air France iront prendre l’air… Ailleurs ! Circulez, y’a rien à voir ! dirait Coluche. S’Il est concevable que la tête de 3000 employés dont 400 pilotes ne reviennent pas au PDG d’Air France quel mal ont fait les dix avions pour mériter d’être clouer au sol ? Les avions sont fait pour voler, diantre ! N’est-ce pas cruel et injuste de les priver de leur raison d’être, eux qui ont volé sans compter au service de leur entreprise et ont porté fièrement l’étendard de leur pays à travers les cieux de la planète ? Des experts en tout, tous spécialistes de l’enfumage, viendront nous expliquer, sans vergogne, que la mondialisation et patati et patata… Alors qu’Air France a snobé le low-cost quand l’irlandaise Ryanair en a fait son métier et à partir de Marseille a rayonné sur toute l’Europe. Air France s’est enfermé dans son corset d’orgueil quand la british Easy Jet débauchait les clients français en les invitant sur toutes les prairies d’Europe : « Come on, let’s fly ! » Viens jouer au cerf-volant ! dit leur slogan.
Air France a donc raté le décollage du low-cost… mais qui était aux commandes de l’entreprise ? Ce ne sont ni les pilotes, ni les hôtesses de l’air, ni le bagagiste d’Orly ! Ce ne sont pas non plus les dix avions des lignes long courrier que M. Alexandre de Juniac veut punir. Ces aéronefs n’ont pas eu leur mot à dire sur les choix faits par la direction de l’entreprises. Guindée pour guindée, celle-ci aurait pu élever Air France au palier haut de gamme en la spécialisant dans la clientèle de luxe, un peu comme une agence de voyage s’orienterait vers les destinations de l’Ile Maurice ou des Seychelles laissant les campings populaires et les stations à risques aux voyagistes casse-cou et low-cost. Là encore, les dirigeants n’ont rien vu venir. Qatar Airways et Fly Emiratis avaient pris la place du ciel où tout est luxe, calme et volupté. Sans prévenir, le parfum français est naturalisé qatari et, l’air de rien, le Paris-Saint germain devient la banlieue de Doha.
Revenons à notre interrogation ! Quel rapport entre l’annonce simultanée du licenciement de 3000 employés et le retrait des lignes de dix avions long courrier ? Réponse : chaque retrait d’un avion de ce type correspond à 300 emplois supprimés. Ici, les stratèges d’Air France anticipent : l’attribution généreuse par le gouvernement français de créneaux horaires à Qatar Airways , sur les aéroports de Nice et Lyon, participera à dépouiller et dévitaliser un peu plus Air France. Les mauvaises langues disent qu’en échange l’émir qatari a acheté 25 Rafales à Dassault. Il se susurre même que Qatar recrute des pilotes mercenaires. La boucle est bouclée. Le gouvernement français fourni 25 avions de combat, quatre cents pilotes fraîchement sur le tarmac et les bombes à volonté. Et moi qui croyais que François Hollande voulait combattre les organisations criminelles se réclamant de l’Islam, elles qui ont toutes une représentation officielle à Doha ! Que je suis con !
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