Par Abdenour Dzanouni

Ah, les femmes ! Toutes les mêmes, monsieur le président. À peine sorties du lit, elles courent tout raconter à leur meilleure amie. La solitude rageante où vous les abandonnez sitôt la tête posée sur l’oreiller. Alors, pauvres dames, elles veillent sur votre sommeil, assises sur le lit, pendant que vous ronflez paisiblement. Sur vous, elles font patiemment provision de confidences pour les claironner en fanfare sur les toits. Valérie Trierweiler, elle, est au dessus du panier. Elle ne fait pas dans le colportage de petits secrets d’alcôve mais dans le grand reportage politique. Pire, elle n’a pas seulement la plume du journaliste mais le scalpel du chirurgien, le geste précis, sa main ne tremble pas. Le jour où vous lui aviez accordé une interview pour Paris Match, vous auriez gagné à vous casser une jambe ! Les deux, si d’aventure vous étiez tenté d’y aller à cloche-pied. Alors, mérite oblige, je me tourne vers elle pour dire mon compliment.
Merci, Valérie, merci pour ce moment, ce témoignage de vérité, cette tranche de vie limpide où enfin vous avez libéré votre sensibilité et votre franchise, bridées jusque là, à peindre de l’intérieur tous ces personnages qui grenouillent dans les jardins de l’Elysée et les allées du pouvoir. Les voilà les Jérôme Cahuzac et les Aquilino Morelle, gens de peu de foi et de vil prix, dans une intimité troublante avec François Hollande. Ainsi, et le peuple français vous en saura gré, vous avez dépeint ces courtisans obséquieux et ces larbins sans aveu qui, le soir venu, envahissent les plateaux télé pour mettre les pieds chez les français et les bassiner à tout propos. Voilà le Valls et voilà le Foll qui jurent leur grands dieux que François aime les pauvres. Mais les pauvres savent que François Hollande ne les aime pas. Vous avez, Valérie, simplement écrit « tout haut » ce que le peuple pense « en bas ». Et Valls et le Foll aiment-ils assez les pauvres pour faire leur témoignage crédible? Témoignez pour vous, messieurs, mais pas de ce que vous ne connaissez pas ! Et, pas rancunière pour un euro, Ségolène Royal bredouille un mot d’excuse pour François comme pour un enfant qui a oublié de faire ses devoirs et auquel on veut éviter la punition. Ne le refais plus, Ségolène, c’est la première et la dernière fois !
« Je ne lirai pas ce livre ! » disent en choeur les invités des plateaux de télévision et de radios, toutes faunes confondues : journalistes, politiques, spécialistes en tout… Et ils dissertent, critiquent et donnent leur avis d’experts pendant des heures sur un livre qu’ils n’ont pas lu ! Ils veulent dissuader le lecteur de le lire par une moue de dédain, un haussement d’épaule et le regard fuyant du fourbe. Pourquoi refusent-ils de le lire? « Je ne veux pas rabaisser le débat. » dit Manuel Carlos Valls, lui qui exclue les ministres qui réclament le débat, un débat que les citoyens attendent et que les militants exigent. Pour rehausser le débat, ou ne pas le rabaisser, faudrait-il encore qu’il existe, monsieur Valls !
« Voilà, dirait le marquis de Sade, une posture de censeurs philistins qui pour reluire du vernis de la morale, dont leur cœur est bien éloigné, disent, leur suffisance et leur mépris puis détournent le regard au loin pour ne pas écouter votre réponse. Nous devons répondre à cette objection de censeurs ignorants et satisfaits. À quoi sert le livre, hommes hypocrites et pervers ? Quelle question ridicule ! Mais à vous peindre pardi ! Non pas quand vous prenez le masque du personnage qui pose devant les caméras, lorsque vous vous faites voir et que vous n’êtes plus vous-même, mais elles servent à vous peindre tels que vous êtes, orgueilleux individu qui voulez vous soustraire au pinceau parce que vous redoutez qu’il vous prenne quand vous quittez ce masque ! Alors, la comédie étant le tableau des mœurs séculaires, le pinceau vous saisit dans votre intérieur... et l’esquisse, bien plus intéressante, est en même temps plus vraie, voilà l’utilité d’écrire des livres, froids censeurs qui n’aimez pas l’écrit tant il vous révèle. Il en va ainsi, du récit ou du roman comme de la comédie, de Molière ou de Dieudonné comme de Valérie ! »
Valérie, aviez-vous besoin de traiter François de menteur ? Les citoyens se doutaient déjà que Pinocchio était à l’Elysée depuis qu’il a dit que son seul ennemi était la « Finance » jusqu’à ce que, sous sa houlette, son gouvernement s’attaque violemment aux roms qui n’auraient pas « vocation à s’intégrer », aux chômeurs devenus « fraudeurs », aux malades devenus « absentéistes ». Vous-même Valérie, vous ne l’avez pas dénoncé quand il racontait des salades à sa légitime sur son emploi du temps! Ne souffre du mensonge que sa victime et, avant de comprendre votre douleur, vous avez, tout comme le président, savouré ces « insincérités» comme dirait la Cécile Duflot dans un excès de franchise insolente.
Mais ce sont là des mensonges bien innocents à côté des mensonges d’état qui consistent, au nom de « la démocratie et des droits de l’homme », à vendre des armes à l’Arabie saoudite et Qatar pour équiper leurs mercenaires salafistes. Puis, sans se déjuger et pour les même « valeurs humanitaires », vendre des armes aux kurdes, pour se défendre contre les mêmes mercenaires salafistes. Il est vrai que les kurdes ont maintenant du pétrole comme Saddam Hussein, hier, était un bon client. Ah, Valérie, que la blessure de votre amour propre parait bien puérile à côté de ces femmes et enfants palestiniens déchiquetés par les bombes livrées par le président français à Israël. Comme Sarkozy avant lui, il s’est fait complice de crimes contre l’humanité. Mais comme tout un chacun sait, il n’y a de crimes comptable que si la bombe explose à la station Saint-Michel. La nuit à Gaza, les enfants palestiniens allongés, les yeux au plafond, compte pour dormir les bombes qui pleuvent sur leur ville comme ailleurs dans le monde les enfants comptent les moutons.
Ceci dit, au plumard comme à la guerre ! je vous approuve et j'applaudis. Bravo, quelle élégance que la légèreté de la plume face aux marchands de canons, quel triomphe de la subtilité face à la bêtise brutale ! Il y a des mensonges qui sont des Chefs-d’œuvre. Sans vouloir offenser votre ex’ davantage, comment ne s’est-il jamais demandé ce qu’une belle femme, comme vous, pouvait lui trouver de séduisant ? Si, malgré tous les miroirs de l’Elysée, vous avez réussi à le lui faire croire, je veux bien réserver un piédestal particulier à cet exploit dans mon Musée du Mensonge réunissant les plus beaux spécimens du genre à travers l’histoire.
« Sondages ! sondages ! Quel est le plus beau ou la plus belle? » Il y a une dizaine d’instituts de sondages, couplés à des médias, sur lesquels pèsent des soupçons graves de corruption par le biais du financement de sondages truqués, commandés par l’Elysée sous Nicolas Sarkozy. Des juges instruisent l’affaire. Mais on continue dans la presse et les milieux politiques à y faire référence sans réserve et à y croire comme aux évangiles. Curieux, non ? On ignore le Front de gauche pour le réduire à l’insignifiance. On gonfle exagérément le Front National pour faire peur et faire se jeter alternativement les électeurs dans les bras de l’UMP ou du PS. Ce qui conduit à des choix catastrophiques, car dictés non par l’intelligence du cœur mais par les bas instincts de la peur.
Vous avez voulu, monsieur François Hollande, devenir président ? C’est tant mieux ou tant pis pour vous, c’est selon ! Mais, sachez-le, cette fonction ne s’accommode pas de la légèreté avec laquelle vous vous comportez en envoyant, par exemple, trente sms de minauderies, par jour, à Valérie. Quand est-ce que vous travaillez pour la république ? Vous considérez-vous comme un « fraudeur » ou un « absentéiste » ? Votre manque de sérieux et de lucidité vous a perdu et surtout perdra la France. Quelle en est la cause ? Votre absence de repères esthétiques et de normes éthiques vient, les pédagogues vous le diront, de la plus petite enfance. Vulgairement parlant, c’est la faute à votre grand-mère qui, par bêtise et ignorance, vous a inoculé ce fantasme de devenir président sans vous dire « pourquoi faire ? ». C’est la faute à votre grand-mère si les français en souffrent aujourd’hui. Et le temps ne fera rien à l’affaire… Les psychologues vous le confirmeront : Ces valeurs s’acquièrent avant l’âge de cinq ans. Au delà, impossible de réparer les dégâts ou de rattraper le déficit. Une seule consolation pour vous : attaquez votre grand-mère en justice !
Quand aux français, Ils ont vécu pire, ils s’en relèveront.
AD