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Billet de blog 9 juin 2016

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LA MEUTE 21 : SALUT LES RACISTES !

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Hourras ! Mille hourras pour les stéphanois d’avoir défendu l’honneur de Paris.

 Ce matin, en me regardant dans la glace, j'ai remarqué que quelque chose avait changé, un mal être se glissait sous ma peau, l’inquiétude m’envahissait sans raison, je ressentais une douleur sans savoir où exactement ! Je n’étais plus le même. A mon insu, j'étais raciste !

Je me suis assis au bord du lit pour m’ausculter en refaisant par la pensée mon itinéraire de la veille. Rien de toute la journée qui puisse expliquer ce malaise ! J’ai pris mon café chez le chinois, mon pain chez le marocain, dis bonjour à la caissière indienne du supermarché et salué le vigile congolais… Rien d’anormal, jusque là ! Après j’ai regardé la télé sans y faire attention… Soudain, ma mémoire vagabonde fit un bon prodigieux et je me retrouvais, sans trop savoir comment, dans la prime enfance au sortir du giron maternelle

C’était en 1956, au cœur de la Bataille d’Alger, nous avons été, avec mon cousin Rachid, emmenés manu militari à la crèche de la rue Normandie, à Bab el Oued. Nous avions trois et quatre ans et vivions avec appréhension cet événement inédit : le voyage hasardeux vers un monde inconnu: la crèche. Pendant la récréation, nous nous assîmes sur un banc de pierre, sous le préau pour observer autour de nous ces petites têtes blondes, jouant ici à la ronde et là au train, marquant l’arrêt pour inviter d’autres enfants à s’accrocher à la queue-leu-leu. À leur passage, je me levais pour faire de même. Quand, se retournant, le dernier gamin me repoussa brutalement en criant : « Sale melon ! ». Je reculai surpris par son hostilité sans comprendre encore que je venais de faire connaissance avec le racisme. Il avait le visage livide et des yeux de rat. Je retournai en faire rapport à mon cousin Rachid qui du haut de ses quatre ans me rassura :

_ « Un jour, tu verras, nous chasserons la France ! Moi, je prendrai la menuiserie de Diaz» me confia-t-il.

_ « Et moi, je prendrai la boulangerie de madame Perez ! » dis-je sûr de mon fait.

Nous avions fait, dans le secret, le bon plan mais l’indépendance attendue et espérée nous surpris…. Nous n’avions pas encore dix ans quand la menuiserie de Diaz et la boulangerie de Perez, furent abandonnées puis occupées par des indigènes du métier, ne nous laissant d’autre choix que de devenir, Rachid, receveur à la Régie des transports d’Alger (la RSTA) comme son père avant lui, et moi journaliste, quand, sans l’indépendance de mon pays, je n’aurai pu fréquenter assez longtemps l’école pour le devenir. Sans doute ! me dit ma mère.

C’est de cette date et de cet événement qu’est née et a grandi ma répugnance pour le racisme. Que cette idée funeste puisse se manifester, à cet âge là et dans une crèche, n’a cessé de me vriller l’esprit. Qu’au même âge, nous évoquions l’indépendance comme inéluctable, témoigne de la formation militante précoce au sein du cocon familial.

Mais comment diable suis-je devenu raciste ? Je regardais la télé où des spécialistes en tout sport se disputaient, avec une sauvage émulation, à propos du recrutement de joueurs pour le Paris Saint Germain. C’était à qui serait du meilleur conseil pour son président, son altesse Nacer al-Khellaifi, prince du Qatar, qu’ils appelaient joyeusement « Nacer ». avec une familiarité qui pouvait laisser croire qu’ils sortaient le matin même de son lit. C’était à qui trouverait le joueur et l’entraîneur qu’il fallait, et le comble pour un magnat du gaz et du pétrole: au meilleur prix ! comme s’ils avaient, eux, journalistes miséreux, vocation à gérer la caisse du prince du Qatar. C’est trop mignon.

Dominique Sévérac , du Parisien, trône à cette tablée comme sorti affamé et assoiffé d’un roman de Rabelais, Gargantua réincarné, pour courir les banquets du village et les réceptions arrosées. Il est gratifié en direct de « représentant officiel du PSG » par un de ses perfides voisins de table. C’est connu : les rivalités de harem révèlent plus de vérités que la recherche de la vérité même. Les anglais en ont fait un proverbe. Mais est-il bien éthique de cumuler la profession de journaliste et la fonction d’attaché de presse d’un club, serait-ce avec le consentement vénal de la direction du journal ou de la chaîne ? J’ai des doutes !

Olivier Ménard, le capitaine de l’équipe du soir, a été ainsi du voyage d’agrément offert par son altesse qatari en Californie. Sans gêne ni remord, il prolongea son séjour, aux frais du prince, de deux semaines à Las Vegas après que tout le monde soit rentré à Paris. Le visage pâle en est revenu plein de couleurs, tout mignon, mignon, mignon ! Mais est-ce bien compatible d’être journaliste sportif et de profiter des largesses du président d’un club ? L’objectivité n’en souffrirait-elle pas ?

D’autres encore, autour du plateau, ont fait partie des bagages de son altesse lors de ses virées à Doha et New York et en ont profité pour faire du shopping pour leur dame. Ne disons rien des enveloppes distribuées, de main à main, aux dits-journalistes pour leurs faux frais de séjours, c’est juste pour « fluidifier » les relations dit-on sans rougir ! Fluidifier ! Que dire à cela ? Fluidifier !

Mais, non! Eric Cantonna, non ! Trois fois Non! ! On peut tout dire des journalistes de l’Equipe 21, sauf qu’ils sont racistes ? La preuve est qu’ils ont un pote à eux, un arabe qu’ils appellent « Nacer » et dont ils assurent la garde rapprochée avec un dévouement attendrissant. C’est qu’elles vous mordraient au jarret ou à l’oreille ces hyènes enragées si, par un élan irrépressible de sincérité, vous osiez critiquer le club qatari. Ainsi, Dave Appadoo de France Football s’offusquait, à s’étouffer, quand les supporters de Saint Etienne s’exprimaient, chez eux, au stade Geoffroy-Guichard, et observaient deux minutes de silence à la mémoire des meilleurs filles et fils de Paris assassinés: « Deux minutes pour montrer aux Qataris ce qu'ils ont fait à Paris » criait la banderole stéphanoise sur toute la largeur du stade ». Elle faisait écho à une autre banderole qui hurlait à la face du monde : « Le Qatar finance le PSG et le terrorisme ». Quand deux minutes d’un silence terrible emplirent le stade Geoffroy-Guichard, elles répandirent un immense frisson sur le peuple de Saint Etienne, dressé debout comme un glaive, contre le crime d’Etat et l’hypocrisie officielle!

Que ces deux minutes furent longues pour l’émir qatari et ses valets de linge. Pressés de réagir, les larbins de la meute 21 se sont tour à tour pincés le nez, qualifiant de nauséabonde, non pas la veulerie et la vilenie qui les caractérisent, mais la leçon magistrale et pleine de dignité des stéphanois. Hourras ! Mille hourras pour les stéphanois d’avoir défendu l’honneur de Paris. Eux ont osé pointer du doigt le repaire internationale des criminels à Doha où toutes les ambassades des organisations terroristes sont agréées et entretenues, au vu et au su de tous. Eux ont osé dire ce que les dirigeants politiques, dont c’est le rôle d’éclairer le peuple, ne peuvent pas faire la bouche pleine. Cruel commerce que celui des armes, lesquelles sitôt vendues reviennent assassiner les meilleurs de ses enfants !

Et puis voilà que je suis devenu raciste ! Pourquoi? me diriez-vous, vous n’en voyez pas la trace ? Mais si, regardez le tapis rouge que l’on déroule sous les pieds d’émirs prétendument de droit divin ! N’as-t-il pas la couleur du sang où ils barbotent? Certes, l’émir est là dans son rôle de rêver d’empire, du Sénégal à la Tchétchénie, et d’avoir la nostalgie d’une nouvelle Andalousie , même si ce n’est pas dans le Coran! Le Coran a pour noble vocation de conquérir les cœurs, pas les terres! Et moi, selon mon bon plaisir, je suis raciste, raciste de toutes mes dents, contre la race des princes et des courtisans.

Abdenour Dzanouni

Illustration 2
Qatar finance le PSG et le terrorisme

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