Par Abdenour DZANOUNI
Vous avez, monsieur Valls, sonné le cor et aussitôt une meute de journalistes, de députés et de maires se sont élancés à la poursuite du griot Dieudonné M’bala Mbala. Comme tout l’équipage hésitait à se mettre en branle d’un seul mouvement, le président François Hollande déclara la chasse à l’humoriste ouverte en brandissant le sabre offert par le sultan wahabi Abdallah de la lointaine Arabie. C’est inédit qu’un souverain donne le haro et sonne la charge contre le bouffon ! Le drôle est dans son rôle. Et le président ne doit surtout pas lui voler la vedette. Pourquoi donc a-t-il lancé, à partir d’une capitale étrangère, son appel à la curée d’un auteur et comédien français, né à Fontenay-aux-roses en France, d'un parent français, et père d’enfants français ! Le sultan d’Arabie saoudite , a du apprécier les gages, lui dont la principale contribution à l'histoire contemporaine est d'avoir fourni 17 sujets parmi les 19 terroristes impliqués dans l'attentat du 11 septembre 2001, n’a pas dû rire du sketch sur la "fine équipe du 11". Que les sionistes dictent sa politique culturelle et l'écriture de son histoire à la France, c'est entendu depuis longtemps et gravé dans le marbre depuis la loi Gayssot! Que M'bala M'bala fasse de l'humour juif et chasse sur les terres du " colon Jacob et du palestinien Mokhtar", a suffit aux sionistes pour crier au sacrilège! Pour les évangélistes, quel blasphème que "Judas l'Iscariote" et la question est envisagée d'arracher la langue au clown. Mais que François Hollande livre le bouffon de la république à un baril de pétrole coiffé d'un chèche, appelé Arabie saoudite, juste pour pouvoir lui vendre la quincaillerie de Dassault et Lagardère, laisse songeur! Alors, l’ouverture, hors saison, de la chasse à courre du griot Dieudonné M'bala M'bala, nous a alerté sur le danger inédit de rire et de faire rire dans le royaume de France et de Qatar.
Selon les plus anciens traités sur la vénerie, rapportés par les encyclopédies les plus dignes de foi, la chasse à courre consiste à prendre un gibier avec une meute de chiens. L’utilisation des chiens, de la trompe et éventuellement d’une dague est attestée depuis la nuit des temps. Elle est connue depuis des millénaires et constituait déjà chez les assyriens, nous apprend-on, un entraînement à la guerre. A la différence des autres formes de chasse, celle-ci vise à prendre le gibier vivant comme on organise une battue pour capturer un esclave en fuite ou un homme pour le réduire à merci..
Sous François Ier , cette activité est considérée comme un art de vivre par la noblesse française. Les historiens s’accordent pour situer son âge d’or sous l’empire coloniale où elle a connu un engouement hystérique. Ainsi, les parties de chasse à l’homme, esclave marron ou fellaga, faisaient la joie des autorités civiles et militaires et de leur équipage. Au soir de la battue, un bal à l’accordéon faisait danser la foule des colons autour d’un feu de joie, sous le sinistre gibet. Ah, ces temps glorieux de la colonie !
Les méthodes ont peu évolués à travers les âges, nous disent les spécialistes du genre. L’homme pousse les chiens et les excite, il ne doit pas se substituer à eux. Ainsi, un équipage n’aurait aucune réussite si ses chiens n’étaient pas habitués à chasser en meute. Celle-ci s’organise toujours autour du chien dont l’aptitude à l’obéissance et à l’aboiement est apprécié , et du gibier chassé, qui face au nombre n’a d’autre choix que dans la fuite ou la volte face !
De toute tradition, elle se fait en équipage constitués de divers métiers et fonctions : rabatteurs, piqueurs, courreurs, cavaliers, invités, maréchaussée, maître d’équipage et spectateurs. Aujourd’hui, elle se démocratise et lorsqu’elle concerne un drôle, elle se fait toujours en équipage, conduit par un maître et comprenant ministres, députés, préfets, maires, juges, huissiers, policiers, patrons de médias, journalistes et autres larbins laïques et religieux. Lecteurs, auditeurs et téléspectateurs sont invités à assister à la curée et à hurler avec la meute.
Ainsi, va le maître d’équipage, sabre au clair, pourchassant les drôles, les griots et les bouffons de la république. Et le peuple inquiet, attend sous les fenêtres de l’Elysée, que la Dame ouvre la fenêtre et crie :
_ François rentre à la maison !
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