
Par Abdenour DZANOUNI.
Au tribunal de Nanterre, un organisme social de gestion immobilière, LOGIREP, comparaissait, ce vendredi 7 mars 2014, devant la 15ème chambre correctionnelle, pour discrimination et fichage ethnique. L’organisme, par la voix de sa représentante, Safia Rahmoune, avait, sans la moindre miséricorde, refusé, en 2005, l’attribution d’un logement à un demandeur, Frédéric Tieboyou, au prétexte qu’ « il y a trop de noirs dans la tour… », lui a-t-elle dit. Et pas de chance, M. Frédéric, sans le vouloir, se trouvait être noir. Les investigations de M. Samuel Thomas, délégué général de la Fédération Nationale des Maisons des Potes, ont conduit à lever un lièvre, qui avait fait son terrier dans la base informatique de LOGIREP. La société avait fait concevoir et réaliser une application qui permettait la saisie de données dont une particulièrement inquiétante. A coté des informations courantes d’Etat civil, on avait cette rubrique : « Origines ». Car faut-il rappeler : la loi en France interdit et puni le fichage ethnique, depuis l’usage criminel qui en a été fait contre les populations juives et roms, pendant l’occupation nazi en "quarante".
Epatantes étaient la maîtrise et la finesse du questionnement mené avec humour par la présidente du tribunal, Mme Prevost-Desprez. Qu’est-ce que la « Mixité sociale » ? case cochée par la représentante de LOGIREP pour justifier le refus de la location du logement. Est-ce un savoir vivre ensemble entre personnes de différents niveau de revenus ou est-ce transformer une tour HLM en mixeur de couleurs ? Tour à tour, passent à la barre le représentant de Logirep soumis à la question délicieuse de la juge, puis M. Frédéric Tieboyou, la victime de la discrimination et des procédure abusives , enfin les parties civiles M. Samuel Thomas, Délégué général de la Fédération Nationale des Maison des potes, des Maisons des potes- Maisons de l’égalité et M. Etienne Allais, représentant la médiatique association « SOS Racisme ». Puis vinrent les avocats de la partie civile,Maîtres Bertrand Patrigeon et Eric Nagstat; madame la procureur et l’avocat de la défense, Maître Pech de Laclause. Tous ont tenu avec brio leur partition jusqu’à l’avocat de la défense qui a usé jusqu’à la corde du droit qu’ont les avocats de mentir sans risque de se voir punir. Mais le plus étrange dans l’affaire fut la déclaration du représentant de SOS Racisme qui laissa circonspects et dubitatifs, le public, les juges et même son avocat qui, pour la dignité de sa robe, s’en démarqua poliment ne se sentant pas engagé par la déclaration de son client.
M. Etienne Allais commença par dire « vouloir éclairer les juges sur le fichage ethnique » et ainsi sans le dire, de les tirer des ténèbres de l'ignorance dans lesquels ils étaient jusque là. Il nous apprit ainsi, ce que nous savions déjà, à savoir que la collecte et le traitement des données ethniques est « tout à fait légal aux Etats unis et en Angleterre. Il n’y a qu’en France que la loi l’interdit », raillant au passage l’exception française. Il dit « comprendre la motivation de Logirep pleines de bonnes intentions. Car après la seconde guerre mondiale, raconte-t-il, la France fit appel pour sa reconstruction à l’immigration qui habitait les bidonvilles dans les banlieues. Pour le bien des immigrés, la France construisit des tours où elle mit ici, des sénégalais, là des algériens pour qu’ils se retrouvent entre eux en pensant agir pour leur bien. Quelques années plus tard, voyant que le regroupement créait le « communautarisme », un rééquilibrage a été amorcé mettant un peu plus d’arabe chez les noirs et vis versa avec au passage une goutte de portos ou de rom. Je comprend, dit-il compatissant avec l’accusé, que Logirep ait pu croire agir pour leur bien… Mais, dit-il apparemment désolé qu’il n’en soit pas autrement, c’est la loi en France. » Non, vous avez bien entendu le délégué de SOS racisme : les racistes agissent pour votre bien. Dormez braves gens.
Imaginez que LOGIREP ajoute un code à la catégorie « Origines » : JF pour Juifs de France ou JAF pour Juifs d’Afrique du nord ou JI pour juif d’Israël… Que ferait SOS Racisme ? Et si par hasard, les uns et les autres se mettaient à ficher les juifs dans les tours de TF1, de la Maison de la Radio, de la Défense, dans celle de l'ordre des medecins, des avocats ou des gens du spectacle… Considérerait-elle toujours que c’est pour le bien des juifs ? Non! non pas que SOS veuille défendre les juifs contre l’index terrible du racisme. Mais parce que SOS racisme en a fait son fond de commerce exclusif et à l’exclusion de toutes les autres communautés migrantes des quatre coins du monde, de peu d'intérêt. En se spécialisant dans ce qu’ils appellent abusivement « l’anti-sémitisme», les représentants de SOS racisme mettent en grand danger la communauté juive en l’isolant des autres. Pourtant elles sont, tout autant, les unes que les autres, victimes de la bête immonde.
Par sa politique de repli et d’exclusion qui la voit "comprendre" et justifier les pratiques et agissements racistes qui ne touchent pas la communauté juive, SOS Racisme se trouve être son propre fossoyeur. Et, tout comme les pétainistes furent les serviteurs zélés du nazisme « pour le bien de la France », il est troublant de voir, par une curieuse facétie de l’histoire, SOS Racisme devenir le collaborateur sioniste du racisme et ce « pour le bien des noirs et des arabes ».
A.D