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Billet de blog 15 mai 2014

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LA BOITE À CHAUSSURES

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Par Abdenour Dzanouni

Laurence Ferrari tente desespérément de se montrer, mais  Nathalie Kosciusku-Morizet s'agrippe à la banderole et lui fait écran.

 Ce mardi 13 mai 2014 à Paris, je résolu de me rendre Place du Trocadéro pour visiter mes aïeux. Ah , que du beau monde sur la place  !  Que de belles toilettes et de belles chaussures et de beaux bijoux et de belles coiffures ! Toutes ces femmes semblaient sortir tout droit des magazines Closer, Gala, Voici, Voilà, M’as-tu vue, Me voilà… Défilé de mode dans la rue ? Chaque mannequin portait une pancarte sans numéro mais en anglais… Allez savoir pourquoi ! En vingt ans, on n’avais jamais vu autant de concentration de starlettes au mètre carré… m’ont affirmé unanimes les organisateurs et la police, pour une fois d’accord.

Valérie Trierweiller, Carla Bruni-Sarkozy, Nadjet Vallaud-Belkacem, Nathalie Kosciusku-Morizet, rivalisant d’élégance, étaient mitraillées par les photographes. Julie Gaillet a été la plus remarquée par son... absence. Pas bête, la guêpe. Elle a fait les titres des journaux. Pour quel motif, ses congénères étaient –elles là, en lunettes de soleil pour ne pas être reconnues?  Elles expriment, m’a-t-on dit, leur solidarité avec les lycéennes nigérianes kidnappées par  une association de mercenaires, connue sous le nom de Boko Haram. Et, à l’image des dames américaines et anglaises, elles le faisaient savoir en exigeant du gouvernement nigérian de les libérer fissa ! Ces dames ont du caractère, pardi !

 Il faut rendre à Paris ce qui appartient à Paris.

 La veille, j’allais chez mon herboriste à Montparnasse pour m’approvisionner en graines de cèleri, sur conseil de mon néphrologue arabe.  Parait que si ça ne me ferait pas de bien, ça ne me fera pas de mal! Curieux, je lui ai demandé dans quelle université, il avait obtenu ses diplômes. Il rit de bon cœur de mon ignorance et m’expliqua condescendant qu’il a hérité sa science de son grand père qui, avant de mourir, lui a craché dans la paume de la main. Avant que je n’ai pu demander des précisions sur cette curieuse méthode de transmission du savoir, il prévint mon élan par une mise en garde. « Pour guérir, il faut croire au remède, avoir la foi ! »  

Face à cette nouvelle version du pari de Pascal, j’ai cru aussitôt à la transmission salivaire du virus de la médecine et, en route vers l’herboristerie, me voilà boulevard Montparnasse. Il y a là un petit cortège d’européens bienheureux, femmes et hommes, habillés de longues tuniques à fleurs, tambourinant et chantant des prières à une divinité hindoue. À leur tête, un prêtre en sandales les conduisait avec entrain et battait la mesure sur un triangle en fer. À la queue du cortège, un chien sans laisse les suivait, preuve qu’ils ne font de mal à personne. Ils auraient bien promené une vache au boulevard Montparnasse, mais c’est interdit.

 Il faut donc rendre à Paris ce qui appartient à Paris.

 Et ce jour, au Trocadéro, il y avait plus encore de policiers que de femmes du monde. Un vieux centenaire, au regard polisson, m’a dit que de mémoire du quartier, on n’avait jamais vu autant de haute couture et d’étalage de bijoux. C’était à faire honte à une bijouterie de la rue de la paix. Mais elles étaient mieux gardées à croire que, sans compter les gardes du corps sapés en civil de ces dames, elles participaient à une manifestation de syndicat de flics.

 Le Musée de l’homme à la place de Trocadéro se refait une façade. Voulant demander mon chemin à une tunique bleue, on me demanda mes papiers. Je fus refoulé, impossible de visiter mes 37 aïeux. J’expliquais que leur crâne repose depuis 180 ans dans des boites à chaussures au fonds d’anthropologie du Musée de l'Homme. Je voulais tant leur témoigner de mon respect et de mon admiration… Revenez l’année prochaine, m’a-t-on dit. Je reviendrai au Musée de la Barbarie Coloniale, mes aïeux, promis !

 Il faut vous rendre à la terre à laquelle nous appartenons.

 Mais en attendant, pourquoi diable ces dames d’influence ne commmanderaient-elles pas à leur amant, à leur mari, à leur président d’intervenir auprès du roi Abdallah d’Arabie saoudite et de l’émir du Qatar pour libérer les lycéennes Nigérianes. Il suffirait d’exiger que ces émirs cessent de financer, armer et soutenir leurs mercenaires de Boko Haram & Cie, au Nigéria et ailleurs ! Et si leur homme est impuissant pour ce faire parce qu’il doit vendre la quincaillerie de Lagardère et de Dassault à des barils de pétrole coiffés d’un chèche, qu’elles téléphonent à la première dame du monde : Michelle Obama saura elle, peut-être, persuader Barak de faire le ménage…

 AD

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