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Billet de blog 15 septembre 2015

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"MARECHAL, NOUS VOILÀ !"

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Par Abdenour Dzanouni

De toutes ses promesses et presque autant de parjures, reconnaissons au président François Hollande au moins une de tenue : Il disait à la veille du second tour des présidentielles en 2012, lors du « duel » avec le président sortant, Nicolas Sarkozy, qu’en politique étrangère, il n’y avait entre eux aucune différence ! Quand on sait ce qu’a commis le premier en Lybie, le second ne saurait faire moins bien en Syrie. Voyons !

 Aujourd’hui encore, ils disent la même chose à propos de ce qu’ils appellent « la crise migratoire ». Il faut, affirment-ils sans vergogne, rétablirent le contrôle aux frontières de l’Europe pour contenir « la catastrophe » ». Pour cela, Ils regorgent d’idées comme « la création en dehors de l’Europe de camps et de gares de triage des migrants» mais ils ne répondent pas à la seule question qui vaille : Pourquoi cette migration et qui l’a provoquée » ? Qui est à l’origine de cette catastrophe ? Le citoyen français sait que ce n’est pas lui. Mais posons lui la question : n’a-t-il pas été abusé et, ainsi sans tout à fait le vouloir, commis une erreur des plus graves, en votant successivement pour ces deux parjures ? Quel pouvoir que cette démocratie qui d’un bulletin glissé en conscience dans une urne met ces prétendus sauveurs de la France en pouvoir de mener ce pays au chaos et de lui faire écrire les pages parmi les plus honteuses de son histoire ?

 Mon frère le lecteur, mon semblable, me dira, ou je lui dirais, peu importe puisque français ou étrangers nous sommes désormais arrimés à la même galère ! « Ils ont dit que c’était pour la grandeur de la France, pour ses valeurs universelles, pour son rayonnement sur le monde… » La belle affaire ! Sauf que le maréchal Pétain ne disait pas autre chose en se mettant au fourneau. Il était plein d’idées lui, déjà en 1926, quand il fit larguer sur les populations marocaines du Rif insurgées les bombes chimiques, au gaz moutarde, et continua à le faire alors que le chef Abdelkrim s’était rendu pour éviter le massacre. Il est vrai qu’auparavant Abdelkrim avait battu Pétain à la loyale sur terre, en basse plaine, et que le général français avait à cœur de se venger sans risque cette fois par les airs.

 Ainsi, avant les juifs, il s’était fait la main sur les marocains. Voilà comment fut porter un criminel de guerre au trône de sauveur de la France. Nous y sommes plus près qu’on y croit. « Nous voilà maréchal !» pourrait même faire chanter la ministre française de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, à nos chères petites têtes blondes ou brunes, plutôt que de leur faire connaître et apprendre par quelles proclamations généreuses leur histoire a commencé et à quelles horreurs épouvantables elle a mené ? Pourtant, elle devrait le faire non pas tant par respect pour les fières montagnes du Rif qui ont vu naître Abdelkrim et d’où elle est descendue en sautillant jusqu’à Paris mais pour édifier ces enfants qui ont le droit de tout savoir des fautes et des erreurs des hommes pour ne pas les reproduire sans fin.

 Ainsi, jusqu’à quand va-t-on continuer à cacher à la France que le président Nicolas Sarkozy est un criminel de guerre ? Les chefs d’accusation : Il a fait bombarder avec une rare sauvagerie Tripoli et Syrte pour que les mercenaires de l’Arabie saoudite et de Qatar au sol en prennent possession. Cinq mille maisons détruites et dix mille morts plus tard, l’assassinat commandé de son ami El-Gueddafi accompli et des dizaines de milliers de libyens fuyant leur pays et la terreur, Nicolas Sarkozy a supprimé la digue qui contenait les flots d’émigrés africains. Ceux-là même que le gendarme Maâmar El Gueddafi maintenait jusque là à distance de l’Europe et dans le silence absolu du désert. Et voilà le criminel Sarkozy qui se plaint publiquement de la « catastrophe » qu’il a lui-même provoquée ! C’est bien tenté !

 À son tour, François Hollande promet de ne pas faire moins bien en Syrie que Nicolas Sarkozy en Lybie. Comme El Gueddafi pour Sarkozy, l’objet de son ressentiment est Bachar el Assad ! Comme son prédécesseur le clamait, il dit voler au secours des minorités en danger car « le devoir de la France… et patati et patata ! » Les syriens, instruits par le martyr des libyens et des irakiens, ne vont pas attendre que les bombes leur tombent sur la tête ! Et c’est normal ! Eux qui comme n’importe quel être vivant ne demandent qu’à vivre, vont se jeter corps et âme dans la tempête terrible de l’exil, bravant les dangers funestes du désert et de la mer voraces. Eux qui, comme n’importe quel être un peu futé sur terre, savent que l’endroit où il ne pleut pas des bombes est le pays qui bombarde ! Ils y vont !

 Les deux présidents sans honte ni remords se disputent les fausses idées face aux caméras : le droit d’asile fondateur constitutif de la république, même s’il ne fut pas toujours respecté, est remisé sans autre forme de procédure et remplacé par deux critères aléatoires, improvisés pour la circonstance, que sont « les réfugiés de guerre » admis à un séjour temporaire et « les migrants économiques » condamnés à retourner manu-militari dans leur pays. Les deux petits lutins seraient bien en peine de distinguer lequel de ces critères est à retenir pour un syrien par exemple. Les sanctions économiques qui ont été prises contre la Syrie ne font-elles pas partie de l’arsenal de guerre développé en soutien à l’agression, sous couvert d’acronymes plus ou moins nébuleux, de la Syrie par l’Arabie saoudite ? Les syriens qui du fait de l’embargo économique de leur pays par les puissances occidentales, se retrouvent au chômage ou ruinés, sont-ils des «réfugiés de guerre »ou des « migrants économiques » ?

 Voilà les arguties des dictateurs  François Hollande et Nicolas Sarkozy qui tiennent, en mépris les élus du peuple et leur constitution, déclarent la guerre à un état souverain, violent impunément son ciel et s’en remettent au jugement de l’Histoire. Quelle histoire ? Dans le secret des alcôves de l’Elysée, tour à tour Sarkozy et Hollande traitent L’Arabie saoudite et Qatar de « clients » pour les armes qu’ils leur vendent, les protections qu’ils leurs assurent et l’armée française qu’ils leur louent, hommes et armes, faisant des soldats et officiers de la république, une armée de mercenaires au service d’émirs du pétrole. Où sont « ... la grandeur de la France, ses valeurs universelles, son rayonnement sur le monde… »? Trève d'inepties et voyons du côté de la Russie!

 Quand le sultan saoudien Fahd ben Abdelaziz proposa l’an dernier, par la voix de son ministre des affaires étrangères, à Vladimir Poutine de lui acheter pour plusieurs milliards d’armement s’il consentait à lui abandonner Bachar El Assad, le président russe répondit publiquement que c’était là une curieuse conception de la politique, bien étrangère à la sienne. Cela rassure qu’il y ait encore un chef d’Etat qui a une autre idée de la politique, en tout cas plus haute que l'approche  « client »  pratiquée par ceux qui font commerce de la dignité et de l’honneur des français. Faisant fi de la France et des français, Hollande s’en remet, suffisant et gorgé de lui-même, au « jugement de l’histoire » dont il ne doute pas un instant qu’elle tressera des lauriers à sa gloire-éternelle. Pauvre Hollande, pauvre Sarkozy, promis, en guise de Panthéon, au ban de l’histoire  où les attendent les Pétain et Mitterrand de si triste mémoire ! 

AD.

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