Par Abdenour Dzanouni
" C'est ce que nous pensons déjà connaitre, qui nous empêche d'apprendre. " {Claude Bernard}

Ce post est dédié aux imams et savants de l'Islam d'Al Azhar, de Doha, de la Mecque, d'Islamabad et d'Alger :"Si nous avions voulu, nous aurions envoyé du ciel un signe devant lequel, humiliés, ils courberaient la tête." (LES POETES, Chapitre 26, verset 3 .)
Qu’un nouveau converti, abruti par le calva que ses parents lui donnaient à téter au biberon, fasse une poussée de fièvre pour rattraper, lui a-t-on dit, le temps perdu où il vivait dans le pêché, soit ! Qu’il ait besoin pour sauver son âme d’un imam doux et avisé ou d’un exorciste colérique et brutal, les deux ne seraient pas de trop pour désarçonner les démons qui le chevauchent et l’éperonnent droit vers le crime.
Mais que des savants théologiens, piliers de la révérée Université d’Al Azhar, doctes récitants et interprètes du Coran, puits inépuisables de sciences et de sagesse, se disent outragés dans leurs croyances, ébranlés dans leur foi, offensés dans leurs sentiments, secoués d’indignation, emportés par la colère ou excités au feu et au crime par la simple vue d’un dessin sans relief, Dieu seul en connait le remède !
Qui a forcé ces crânes rasés et enturbannés à se lever aux aurores, non pour prier, mais pour acheter ce journal ? Personne ! Quelque mécréant facétieux est-il venu le déposer en catimini sur le seuil de la mosquée ? Personne ! À quoi bon, d’ailleurs ? La lecture de ce journal ne les allégera pas de leur fardeau de balivernes, comme croire que leur Dieu est plus grand ou plus fort que celui du voisin de l’autre rive du fleuve. Elle ne changera pas non plus, à leurs yeux ébahis, la taille du minaret de leur village. Au final, quelle fine intelligence que ces cris d’orfraie qui, condamnant la publication d’une caricature, font vendre un seul de ses numéros plus qu’il n’en a été vendu en vingt ans. Quel triste destin que ce journal, se voulant plein d’humour, fasse pleurer en un jour plus qu’il n’a fait rire en dix ans ! Et ce n’est pas le moindre des paradoxes que votre serviteur, si indifférent aux songes d’Abraham , sois contraint de faire relire leurs versets et réviser leur sunna (somme des actes et paroles du prophète) à des docteurs de la foi qui sont payés pour prêcher le Coran et donner en exemple la conduite du prophète.
Depuis la nuit des temps, la foire annuelle de Okadh attirait, un mois durant, outre les caravanes de marchands, des poètes qui affluaient des quatre coins du pays. Ils se défiaient dans des joutes poétiques prestigieuses. La foule d’auditeurs, citadins et bédouins rassemblés, jugeaient les poèmes et octroyaient au meilleur la faveur ultime d’être écrit en lettres d’or et accroché à la Kaaba, le temple vénéré d’Abraham. A l’approche de cet événement, le prophète fuit l’agitation de la ville pour se recueillir dans le calme de sa retraite à la Grotte Hira. Quand à la fin de la foire d’Okadh, il revint à la Mecque, il apprend qu’en son absence des poètes avaient employé leur verve satyrique contre lui en pastichant les sourates et en l’accusant d’être possédé par les démons. Quelle fut la réaction du prophète ? A-t-il appelé la communauté de croyants à le venger ? A-t-il demandé la mort des poètes et promis le paradis au meurtrier ?
La réponse est dans la sourate « Les poètes » ! Vous n’y trouverez aucun appel au meurtre ni à la vengeance. Au vu des circonstances qui l’ont engendrée, elle vaut mise au point et enseignement pour les croyants. Voilà comment la mise au point est introduite. L’archange Gabriel visite le prophète et le trouve le cœur empli de chagrin. Il lui dit : « Tu te consumes d’affliction de ce qu’il ne veulent pas croire. » (chapitre 26. Verset 2.) Le prophète n’est donc pas triste parce qu’il est moqué, mais parce qu’ils ne veulent pas croire ! S’est-il senti outragé dans sa croyance, ébranlé dans sa foi, offensé dans ses sentiments, secoué d’indignation, emporté par la colère ou excité au feu et au crime par un poème satirique ou le pastiche d’une sourate ? Non, il a du chagrin parce qu’ils ne veulent pas croire !
La sagesse appelle au recul par rapport à l’événement d’Okadh, l’archange Gabriel énumère pour cela à Mohamed la lignée des prophètes qui ont prêché avant lui à leur peuple. Moise, Abraham, Noé, Houd, Saleh, Loth et Choâib, tous furent traités d’imposteurs sous l’emprise d’un enchantement. Pourtant aucun ne demandait de salaire contrairement aux imams et aux docteurs de la foi qui aujourd'hui prétendent défendre l'honneur du prophète et aux criminels qui assassinent en son nom. Pourquoi les premiers ne sont-ils pas descendu dans la rue pour condamner l’ignominie des seconds ? Pourquoi ont-ils détourné le regard devant les crimes du GIA et de l’AIS, avortons du FIS, quand les meilleurs filles et fils de l’Algérie étaient assassinés dans un silence planétaire sidérant? Il n’est pas croyable que cela soit par ignorance du message du prophète Mohamed. Ces prêcheurs sont-ils, comme le dit le prophète en retournant l’accusation sur ses auteurs, inspirés par les démons? Pourquoi mentent-ils en citant des bribes du Coran détournées de leur sens? Sinon, pourquoi n’enseignent-ils pas aux croyants qui leurs font confiance, le hadith du prophète au sujet précisément de la satyre ? Le prophète qui est innocent de leurs œuvres, disait à ce propos au poète musulman Kaab : « Combats-les (poètes) avec tes satyres car, j’en jure par celui qui tient mon âme entre ses mains, les satyres font plus de mal que les flèches »
M’enfin, imams de tous les pays, réfléchissez! N’avez-vous pas honte, que ce soit un communiste qui vous indique le droit chemin qui mène à Dieu, fi sabil Allah ?
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