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Billet de blog 22 mars 2014

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LA DEMOCRATIE SELON NICOLAS SARKOZY

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Par Abdenour Dzanouni

Par Abdenour DZANOUNI

 A part ses lamentations sur le mur du Figaro, ce vendredi 21 mars, Nicolas Sarkozy a écrit:  « … je crois qu'il est aujourd'hui de mon devoir de rompre ce silence. Si je le fais, c'est parce que des principes sacrés de notre République sont foulés aux pieds avec une violence inédite et une absence de scrupule sans précédent.»

Trop modeste l’ancien président des français, s’agissant de la violence et des scrupules qui ont animé son mandat. Y a-t-il en France l'exemple d'un  mépris du peuple aussi violent qu'inédit que le sien après le référendum du 29 mai 2005 sur la constitution européenne? 55% , soient 15,5 millions des électeurs français avaient rejeté le projet contre 45%, 12,8 millions pour. Rédigé exclusivement à partir du projet de traité constitutionnel, il a fait adopter, le 8 fevrier 2008, le traité de Lisbonne.Qui dit mieux dans le monde?

 Que n’a pas fait,Nicolas Sarkozy, président pour « faire pendre Dominique de Villepin aux crocs de bouchers »selon sa délicate expression. Qui a dit des magistrats français, lui premier magistrat de France: « Qui sont-ils ? Des petits pois, tous les mêmes, rangés dans une boite. » joignant a sa définition méprisante le geste du pouce et de l’index réunis pour en montrer la taille. Un citoyen normal aurait, pour avoir tenu ces propos,  été traduit devant les tribunaux et puni pour outrage à magistrat. Mais, comme l’a chanté sa femme Clara,  Nicolas Sarkozy est un "pirate" qui a pris soin, en 2007,  de faire changer la constitution pour se mettre au-dessus des lois. Sans s’en émouvoir autrement,  Nicolas Sarkozy foulait alors joyeusement un des principes sacrés de la république: l’Egalité des citoyens devant la Loi ! Question à un euro: pourquoi garantir par la constitution son impunité devant la Loi si on n'a pas le projet de la bafouer ?

 Un homme célèbre disait qu’ il jugeait de la qualité de la démocratie d’un pays à la liberté de sa presse. Qu’aurait vu cet homme s’il s’était trouvé à Paris, ou dans n’importe quelle ville de France, en ce mois d’Avril 2008 ? Des dizaines de milliers de lycéens manifestent, deux fois par semaine, pour protester contre la suppression de milliers de postes d'enseignants prévue pour la rentrée prochaine. Après trois semaines d'un black-out assourdissant de la presse sur l'événement, et à la sixième manifestation nationale consécutive, les lecteurs attentifs de quotidiens à grand tirage découvrent un entrefilet, relégué ici ou là en bas de page, qui évoque pudiquement les manifestations. Le soir même, les téléspectateurs sevrés eurent droit à une furtive séquence d'images qui montrait des nervis, briseurs de grève et casseurs de lycéens, pour faire peur à qui seraient tentés de rejoindre le mouvement.

À Londres, les enseignants anglais ont manifesté, le même jour, pour préserver leur pouvoir d'achat et ont curieusement eu droit à plus d'égard, voire aux “honneurs” des « une » de la presse écrite et de l’ouverture des journaux des chaînes de radio et de télévision françaises. Est-ce de l'humour français ? Faut-il en rire ou s'en fâcher ? Pendant ce temps, Robert Menard regardait du côté de Pékin, où allaient se tenir cet été là les jeux Olympiques, et son organisation, Reporters Sans Frontières, agressait les porteurs de la flamme olympique au nom de la Liberté de la presse en Chine. Mais où étaient passés les journalistes français dont la communication sociale est le boulot ? Où étaient donc passés "les principes sacrés de la République"  si chers à monsieur Sarkozy ? Qui les foulait aux pieds, alors, avec "cette violence inédite et cette absence de scrupule sans précédent", comme il dit ?

Dans la foulée, Sarkozy confisqua le pouvoir du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel de nommer les directeurs des chaines de radios et de télévisions publiques et a aussitôt placé Jean-Claude Hees, à la présidence de Radio France en avril 2009, et Philippe Vall à France Inter. A peine nommé, le premier fit interrompre les programmes pour répondre à Edwin Plenel, le directeur de Médiapart. Celui-ci avait alerté, à raison, sur la remise en cause de l’indépendance des médias et sur leur mise en laisse par le pouvoir exécutif.

Une année plus tard, Jean-Claude Hees met à la porte Didier Porte et Stéphane Guillon, ce dernier s’étant particulièrement distingué par les imitations cocasses de Nicolas Sarkozy. Pourtant, les émissions des deux comédiens atteignaient des pics d’audience records. Oublieux du mépris qu’il témoigna lui-même pour la liberté d’expression et de son coup d’état à l’indépendance des médias français, l’ancien président, dit, aujourd'hui, sur les pages du Figaro: «Il ne s’agit pas des agissements de tel dictateur dans le monde à l’endroit de ses opposants. Il s’agit de la France. » 

Le propos n’est pas de faire l’inventaire des transgressions aux « principes sacrés de la république » par Nicolas Sarkozy, mais juste un clin d’œil au bonimenteur. Qu’il sache que les principes dont il se gargarise ne sont pas fait seulement pour des bains de bouches. S’en gargariser ne suffit pas à donner bonne haleine ! M’enfin monsieur Sarkozy, si les français veulent bien écouter poliment d’une oreille ce que vous voulez leur dire, ne les prenez pas pour des poissons rouges.

S'ils n'en parlent pas, par respect du secret de l’instruction, et ce jusqu’au procès, les français ne diront rien ni du financement de Gueddafi, ni de celui de la Betancourt, ni de l’affaire Tapie ni de celle de Karachi, ni du trafic d’influences sur la Cour de cassation révélé par des écoutes légales, ni des commandes de sondages d’opinion à neuf instituts de sondage, couplés souvent à des journaux, et où clients et fournisseurs s’acoquinent, qui sait pourquoi ?  Ils ne diront rien des mystères de l'execution d'un indic nommé Mohamed Mérah ni de l'assassinat de Gueddafi attribué par un ministre lybien à vous, Nicolas Sarkozy, auquel il doit pourtant son poste, ni des bombardements criminels de l'Université de Falloudja en Lybie...Patience, les crimes de guerre et contre l'humanité sont imperscriptibles.

Les français attendront que les juges fassent leur travail sereinement.  Que les magistrats, qui ne sont pas que des petits pois, prennent leur temps, ils ont devant eux toute la vie de Nicolas Sarkozy. Ils savent, eux,  que si cet homme est un corrompu, ce corrompu est un homme ! 

AD

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