
Saddam Hussein face au tribunal irakien sous occupation américaine
Par Abdenour Dzanouni
À l’occasion du retour de trois pieds nickelés français du djihad en Syrie, Un expert des plateaux de télévision, présenté par la chaîne I-télé comme le « Directeur d’une agence du renseignement stratégique », nous prévient de leur dangerosité en nous révélant que l’un d’eux a « prénommé son fils Mohamed en hommage à son beau frère Mohamed Merah » le célèbre indicateur de police. Cet expert ignore-t-il que la moitié des musulmans portent le prénom de Mohamed en hommage au prophète ? Cette ignorance n’a de mesure que celle du journaliste qui conclut l’interview par un « merci pour cet éclairage». Experts en imposture, cessez d’embrouiller les gens et de semer les embrouilles!
Nous avions déjà eu Laurent Fabius à la télé, faisant la leçon de vocabulaire aux journalistes : « Ne dites pas islamistes mais djihadistes » disait-il. Il est revenu à la charge pour expliquer cette fois qu’il ne fallait plus dire « Etat Islamique en Irak et au Levant » ou EIIL mais DAESH acronyme de « Dowlat al-Islamiyah f'al-Iraq wa Belaad al-sham », soit dire en arabe ce qu’il ne faut pas dire en français. Ne cherchez pas à comprendre, il faut aller en guerre. L’Arabie saoudite et Qatar financent, les Etats Unis et la France louent leurs avions bombardiers et les autres pays arabes sont pressés de fournir la chair à canon. Seulement, rien n’est simple ! Quelques pays frondeurs suggèrent de cesser plutôt le financement des organisations islamistes… Suivez mon regard… Alors, posons les questions comme elles viennent, à la volée.
Pourquoi la France et l’Amérique s’attaquent-elles aujourd’hui à ceux qu’elles soutenaient corps et armes hier ? Comment, dans un même pas de danse, l’Arabie saoudite et Qatar se sont-ils prestement retournés contre les mercenaires qu’ils formaient, armaient et finançaient la veille seulement ? Que comprendre de ces changements de fusil d’épaule toujours au demeurant pour de très bonnes raisons humanitaires ou sécuritaires. Où est donc passée l’Armée Syrienne Libre dont nous abreuvaient matin et soir toutes les chaînes de radios et de télévisions occidentales ? Où s’est perdu le Front el Nosra ? Que devient le Front Islamique de Syrie et sa principale organisation Ahrar el Sham ?
Le célèbre dicton « shami, shami ou baghdadi, baghdadi » a longtemps exprimé la rivalité irréductible entre Damas et Baghdad. Il remonte au moins à l’opposition séculaire des omeyades aux abbassides. Le baasisme qui avait réussi, tant en Irak qu’en Syrie, à rassembler, sous l’étendard de la langue arabe, une mosaïque de religions et d’ethnies, avait échoué à unir durablement les deux pays. Et surprise, le sigle de l’organisation, EIIL ou DAESH, rassemble, tout en les distinguant, deux entités historiques antagoniques, sous le même pavillon religieux. Cet événement inédit mérite peut-être qu’on s’y arrête pour tenter de comprendre comment cela explique ceci, au « califat » d’Abou-Bekr el Baghdadi. Pour cela, le professeur syrien, Bassam Tahhan, expose une analyse à contre-courant de la propagande néo colonialiste. Elle tranche avec les fariboles des experts autoproclamés qui se bousculent sur les plateaux-télés pour applaudir la guerre. Bassam Tahhan lui, homo sapiens, est interdit d’accès sur les chaînes guerrières.
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