En temps normal, le pH (taux d'acidité) du vagin se situe entre 3.5 et 4.5. Le pH neutre est à 7, celui du sang à 7.4 par exemple.
Cette acidité vaginale permet le développement des Bacilles de Doderleïn (BD) qui protègent le vagin de la plupart des agressions extérieures (mycoses, bactéries, virus). Le vagin est alors en équilibre et ne sécrète pas.
Les leucorrhées ne sont pas physiologiques. Il peut y avoir quelques écoulements occasionnels en lien avec la glaire cervicale plus ou moins filante en fonction du cycle et inexistante si contraception hormonale
Certaines situations peuvent rendre le pH vaginal moins acide : la pilule, la grossesse, les règles, le stress et l'excès d'hygiène. Les BD ne se développent plus et restent quiescentes ce qui entraine une réaction vaginales à type de sécrétions (équivalent d'une inflammation) qui vont faire le lit d'autres germes préférant ces pH moins acides : mycoses, bactéries d'origine digestive (proximité de l'anus) comme E. Coli, Proteus Mirabilis ou Streptocoque Agalactiae qui peuvent ensuite contaminer l'appareil urinaire (l'urèthre n'est pas loin non plus) en donnant des infections urinaires basses ou hautes (rein).
Certaines situations peuvent rendre le pH vaginal plus acide : l'excès de sucre, le diabète. Cela favorise la prolifération des mycoses qui ont aussi le pouvoir de se développer en excès d'acidité (les vilaines...).
Actuellement les traitement sont axés sur le traitement des conséquences : antibiotiques, qui auront le désavantage d'être aussi actifs sur les BD, ovules anti-mycosiques ou anti-bactériens vaginaux comme le Polygynax par exemple.
Or le traitement curatif doit agir sur l'acidité vaginale pour permettre la restauration de la flore des BD.
Il existe un traitement qui possède l'autorisation de mise sur le marché pour cette indication spécifique : il s'agit du Prévegyne. Ce sont des cp gynécologiques à introduire au fond du vagin, 6 jours d'affilée. Le principe actif est la vitamine C (250 mg) ou acide ascorbique. Néanmoins, le pH est très acide (< 3.5) et entraine des sensations de brulures quand le déséquilibre est très important, ce qui en limite l'utilisation.
Malheureusement, il n'est plus distribué en France (je l'ai beaucoup utilisé entre 2005 et 2015) et le laboratoire propose à la place d'utiliser des cp de Efferalgan vitamina C qui contient le même produit en même quantité.
Les probiotiques vaginaux ont un peu cet effet là car ils contiennent un lyophilisat de BD contenant de l'acide lactique au pH de 4.5 (ce qui explique sa faible efficacité en cas de déséquilibre important).
Il existe pourtant une alternative plus naturelle et beaucoup plus efficace qu'est le jus de kiwi intra-vaginal. Elle n'a fait l'objet d'aucune étude scientifique mais je l'ai proposé à de nombreuses patientes pour leur plus grande satisfaction. J'ai eu droit à plusieurs "Docteur, le kiwi c'est pour la vie !!!" accompagnés de grand éclats de rire.
Alors pourquoi? et comment?
Le kiwi possède une acidité naturelle avec un pH à 4.1, ce qui explique ce petit goût acidulé. plus il est mûr, plus il est acide, mais reste > 3.5. C'est le seul fruit à avoir ce pH.
Vous prenez un kiwi, vous le pelez, vous le pressez dans un verre ce qui vous donne du jus de kiwi. Vous prélevez 2 ml à l'aide d'une petite seringue en plastique et vous l'injectez dans le vagin sous la douche la matin. Du fait de sa consistance liquide, il va s'évacuer rapidement (d’où sous la douche). A reproduire le lendemain si persistance des symptômes, voire le surlendemain. Si inefficace, le problème est ailleurs : il faut consulter et faire un prélèvement bactériologique. Son effet rapide est dû au fait qu'il a la même acidité que le vagin en fonctionnement normal et de ce fait, envoie un signal fort aux BD quiescents qui vont recommencer à se multiplier, contrairement aux bactéries et autres champignons, restaurant de fait l'équilibre vaginal.
Concernant sa toxicité, je n'en imagine pas, sauf à oublier de le peler...
Parlons maintenant du traitement préventif.
Il est actuellement basé sur l'hygiène intime à grand renforts de réclames en tous genres. En effet, la plupart des produits d'hygiène spécifiques ont un pH au mieux NEUTRE, c'est à dire 7 ! Aucun n'a un pH < 4.5. C'est d'ailleurs à se demander si ce n'est pas fait exprès pour pouvoir continuer à vendre protections et autres serviettes ou lingettes. Même si on ne fait pas de toilette interne (à bannir !!!), les différents savons utilisés au niveau vulvaire ont un impact non négligeable sur le pH vaginal.
Ma préconisation : Il faut arrêter de se laver cette zone, elle est auto-wash!!!
Rincez-vous à l'eau, c'est largement suffisant et dans la mesure du possible éviter au maximum les protections et autres lingettes.
Si votre eau est très calcaire et que vous n'avez pas d'adoucisseur d'eau, cela peut devenir irritant. Utilisez alors occasionnellement (1/semaine) un produit plus doux qui a un pH à 4.8.
Chez certain.e.s, cet excès d'hygiène peut correspondre à un Trouble Obsessionnel Compulsif : Si on "lave" cet zone, c'est qu'on pense qu'elle est "sale", si on pense qu'elle est "sale", c'est qu'elle a peut-être été "salie", physiquement ou psychologiquement... Si vous vous en sentez la force, posez-vous la question de votre première confrontation à la sexualité enfant ou adolescent.e.
Notre corps nous parle mais on ne l'écoute pas.
"Un jour j'ai dit à mon corps "soyons amis !", il a pris un temps d'inspiration et m'a répondu "j'ai attendu ce jour toute ma vie !"".
(ce n'est pas de moi mais je ne me souviens plus de l'auteur.e.)
En espérant en avoir éclairé quelques un.e.s