Je suis le docteur Sami Haddad, gynécologue-obstétricien, exerçant depuis 23 ans au sein du centre hospitalier de Périgueux.
Dès le début de ma carrière, je me suis intéressé à l’activité de contraception et d’orthogénie ce qui m’a conduit à découvrir en 2003 la réalité de l’inceste (que je qualifiais alors de violences sexuelles dans l’enfance, ce n’est qu’en 2020 que ce mot m’a percuté !). Cette découverte a entrainé une remise en question totale de l’approche du soin que l’on m’avait inculqué pendant mes études et que j’observais chez mes collègues, pour passer d’une médecine paternaliste, basée sur la domination, à une médecine éthique basée sur le respect du choix du patient après une information claire et loyale.
La satisfaction répétée des patientes m’a encouragé à prendre des positions de plus en plus clivantes dont la plus récente était de respecter strictement la loi de 2001 sur la contraception définitive qui permet à tout être humain de ne pas ou plus se reproduire sous réserve d’avoir plus de 18 ans et de respecter un délai de réflexion de 4 mois. Cette application de la loi a entrainé un afflux de patientes n’hésitant pas à faire plusieurs centaines de kilomètres pour bénéficier de leur droit. Une franche opposition faite d’altercations verbales, de mails et de tentatives d’intimidation des patientes s’est exprimée par mes collègues gynéco-obstétriciens et anesthésistes.
Ces prises de positions successives ont entrainé l’instauration dès 2003 d’un harcèlement moral de la part du chef de service (qui l’est resté jusqu’en 2018) conforté par les différents directeurs et présidents de la Communauté Médicale d'Etablissement.
J’ai plusieurs fois signalé au Conseil de l’Ordre départemental et à ma direction les agissements du chef de service et d’un de ses collègues, spécialiste des violences gynécologiques et obstétricales, qui m’avait agressé physiquement devant témoins, sans aucunes réactions.
J’ai alors déposé plainte dans ce sens en 2019 après une tentative de conciliation, et l'instruction est en cours (J’ai été auditionné par la juge d'instruction en décembre 2019).
Depuis cette plainte, le harcèlement s'est aggravé pour se conclure par ma suspension à titre conservatoire en juillet 2020 pour des motifs d’agression physique, inexistante, contre mon harceleur, de harcèlement moral contre 2 collègues et d’un signalement, en 2013 et inconnu de moi-même, de comportement pouvant s’apparenter à du harcèlement sexuel contre une ancienne interne. Le directeur a, de plus, signalé mon comportement supposé au procureur de la République ce qui a conduit à l'ouverture d'une enquête préliminaire le 11 septembre 2020 confiée au commissariat de Périgueux. Je n’ai appris l'existence de cette enquête que fin mars 2021, après avoir demandé mon dossier au CNG (ministère de la santé) qui ne statuera pas sur mon cas tant que cette procédure ne sera pas terminée. Je n'ai toujours pas reçu de convocation du commissariat, et sachant que cette procédure n'a pas de limite dans le temps, je peux rester suspendu, mais payé, pendant des années.
Je tiens à préciser qu’aucune plainte de patiente, médicale ou autre, n’a été déposée à mon encontre.
J’ai été un des patriarches dont ma discipline regorge, mais l’observation des conséquences catastrophiques de la pérennité du système patriarcal, structuré par l’inceste et sacralisé par le monothéisme, m’a conduit à une lente déconstruction pour devenir un lanceur d’alerte d’une part et une force de proposition dans le domaine de la parentalité d’autre part.
En attendant, je suis suspendu…