«C’est la vie »… c’est ce que certains jeunes me répondront lorsque je leur demanderai ce qu’ils ressentent après avoir appris la mort d’un des leurs, tué par balles en pleine nuit.
« J’ai peur pour mon enfant », « je le sentais »…disent ces mères, pères, frères et sœurs...
Des phrases empreintes de douleurs, de résignation et de fatalité à la fois.
A chaque événement violent ( rixes, fusillades…)entrainant la mort ou des blessés dans les quartiers, ces phrases reviennent…
Des tragédies appréhendées, envisagées, la seule chose c’est qu’elles ne sont jamais préparées et que personne n’y est véritablement préparé...
Quelques soient les circonstances qui ont conduit à ce crime, ce règlement de compte ou pas, le résultat est le même, une personne est partie, pour Rien.
Oui, pour Rien car entraîner la mort ne rembourse pas une dette, ne venge pas une perte , une offense ou une humiliation, entraîner la mort ne fait que tirer vers le bas et pourrir le cœur.
Et puis, non ce n’est pas la vie que d’envisager que toi, ton pote, ton voisin ou même ton pire ennemi puissiez partir ainsi.
Non, ça ne devrait pas être ainsi la vie d’une mère, s’inquiéter pour son enfant, craindre sa mort lorsqu’il se rend à l’école, au boulot ou tout simplement car il est hors des murs de la maison.
Elle qui a veillé sur toi dès les premiers instants où elle a appris que tu étais présent dans ses entrailles.
Nos quartiers ne sont pas censés être des terrains minés.
Les responsabilités ? Elles sont multiples, nous le savons … et ce texte n’a pas vocation à les pointer.
Pourtant..., combien d’associations, de collectifs ont été créé et ont publié tribunes, lettres ouvertes, ont transmis des centaines de propositions, demandé des moyens, été invité à des rencontres, fait des marches… en vain.
Le gouffre entre ce qui est mis en place et la réalité du terrain et ses besoins est immense.
Quand va-t-on enfin réaliser qu’il y a une incohérence entre les dispositifs mis en place dans les tours d’argent et les réels besoins ?
Quand va-ton cesser juste de « consulter » mais de faire travailler, contribuer ensemble et en amont les premiers concernés ?
Les mères, les pères, les familles, les associations de proximité, les établissements scolaires, les acteurs de terrain de l’insertion et de l’éducation, les bailleurs sociaux ? ENSEMBLE !
Co-Construire et Investir dans ce qui en vaut véritablement la peine, nos jeunes.
Certains rétorqueront que le boulot est fait en citant les sommes injectées dans nos quartiers à travers tel ou tel dispositif, je les invite à jeter un œil sur la répartition de ces sommes, sur les projets financés et ceux bien trop souvent délaissés répondant à des diktats ou critères de sélection à des années lumières encore une fois, des besoins sur le terrain.
Combien d’éducateurs des quartiers, de médiateurs, de spip, d’acteurs associatifs, d’enseignants, acteurs sociaux témoignent de l’incohérence et l’incompatibilité des réponses apportées.
Certains habitants veulent s’impliquer sans savoir comment, d’autres passent à l’action puis reculent pour diverses raisons, la crainte de représailles, la crainte de mal faire, de ne pas être entendus pour une énième fois.
Certains y parviennent et tiennent bons mais à quel prix ?
Ce ne sont pas les visites ponctuelles, électoralistes et poignées de mains qui pourront les rassurer et les aider à s’impliquer davantage.
La période trouble que nous traversons ne justifie en rien la dégradation et surtout le désintérêt que l’on porte à nos jeunes.
Il existe le « 1 jeune 1 solution » me direz-vous ?
Navrée, mais sur le terrain je ne le vois pas, ou peu ...pas de solution apportée au jeune qui n’a pas eu d’établissement d’affectation malgré toutes les démarches entreprises et qui a fini par tomber (chaque année au mois de septembre ce sont plusieurs centaines d’élèves(collégiens et lycéens) qui sont sans affectation sur chaque département)...pas de solution apportée au jeune qui durant un temps derrière les barreaux, ressort, plein de bonnes résolutions un temps mais à qui on ne propose rien de concret dès la sortie(31% des sortants de prison récidivent dans les 12 mois suivants, 81 % des sortants ne sont pas titulaires d’un baccalauréat et 64 % ont un niveau collège ou inférieur. Seuls 8 % ont un niveau d’enseignement supérieur, allant du premier au troisième cycle selon une étude publiée en juillet 2021 par la SDSE).
Oui, le boulot est fait par de nombreux acteurs de terrain avec les moyens qu’on leur donne mais cela reste insuffisant, bosser en apnée et appréhender ce qui se produira le lendemain, en France, en 2022, c’est juste intolérable, inacceptable.
La reconquête républicaine c’est donner aux habitants et acteurs pré-cités les moyens, les leviers pour que, le «C’est la vie » ne signifie plus « survivre » mais avoir des perspectives de vie heureuses et des ambitions possibles.
Mars 2022, campagne électorale pour les présidentielles surréaliste, tant elle est à des années lumières des véritables préoccupations des français et de nos jeunes en particulier, une campagne du « Diviser pour mieux régner » quand les « gueux », eux, dans l’ombre s’activent à«Fédérer et Agir pour ne plus juste survivre et subir ».