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Billet de blog 24 mars 2020

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Carnet de confinent - Jour 8 : J'entends tes pas Albertine

"Et manger la prison les vers - Printemps étés automnes hivers - Pour moi n'ont aucune berceuse - Car je suis inutile et belle" - Albertine Sarrazin

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Illustration 1
Albertine Sarrazin © Inconnu

Te dire Albertine que le chiffre des jours que l'on bouscule vaillamment se couche et se transforme dans sa chute ; il devient l'Infini qu'on désire. Bien plus que l'infini précédé du signe de l'addition des souffrances. Ton  frisson parfumé de liberté, ton utilité évidente et ta beauté secrète habitent pour toujours toutes les saisons et les murs se souviennent de ta présence ici et là.

Dans les couloirs de la prison, tes pas résignés se sont transmués en une jolie aubade.

"Il y a des mois que j'écoute
Les nuits et les minuits tomber
Et les camions dérober
La grande vitesse à la route
Et grogner l'heureuse dormeuse
Et manger la prison les vers
Printemps étés automnes hivers
Pour moi n'ont aucune berceuse
Car je suis inutile et belle
En ce lit où l'on n'est plus qu'un
Lasse de ma peau sans parfum
Que pâlit cette ombre cruelle
La nuit crisse et froisse des choses
Par le carreau que j'ai cassé
Où s'engouffre l'air du passé
Tourbillonnant en mille poses
C'est le drap frais le dessin mièvre
Léchant aux murs le reposoir
C'est la voix maternelle un soir
Où l'on criait parmi la fièvre
Le grand jeu d'amant et maîtresse
Fut bien pire que celui-là
C'est lui pourtant qui reste là
Car je suis nue et sans caresse
Mais veux dormir ceci annule
Les précédents Ah m'évader
Dans les pavots ne plus compter
Les pas de cellule en cellule"

Albertine Sarrazin

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