Depuis ma plus tendre enfance on n’a cessé de me dire d’attendre mais quoi ? Personne ne peut répondre à la question, c’est simplement attendre et surtout patienter. Cela a commencé en Algérie, pays ou je suis né en pleine guerre juste avant une indépendance confisquée par une armée renégate d’où émergea un « gouvernement » démentiel, impopulaire en plus d’être machiavélique et nombriliste que nous subissons jusqu’à ce jour malheureusement.
Alger, jadis appelée la blanche a toujours arboré son habit fait de lumière scintillant de mille feux sur lequel se reflétait le bleu de la mer et celui d’un ciel limpide dans lequel brillait un soleil radieux dont les rayons nous transperçaient le corps en réchauffant nos cœurs meurtris par la bêtise d’hommes vaniteux et sans scrupules. Heureusement que nos corps sécrètent de la sérotonine qui nous met de bonne humeur vaille que vaille. Que se passe t-il aujourd’hui aprés un demi siècle d’indépendance… Confisquée ? Rien, walou, nada à part le métro qui enfin a vu le jour 30 ans après l’initiation du projet, l’aéroport international d’Alger dont le projet était dans tous les esprits depuis des années, le tramway enfin réhabilité en parti seulement sinon c’est l’attente indéfinie, de quoi ? On ne sait pas, seulement attendre l’indéfini en étant persuadé que la patience est toujours récompensée comme disait mon père en Arabe : essbar inâal. Aujourd’hui on remarque seulement un vide culturel criard, la fermeture de cinémas, Le seul café littéraire (l’espace noun) a fermé, plus que 30 librairies à Alger qui font de la résistance one two three ou va l’Algerie ? « Noourrmal » comme on dit chez nous c’est aussi le titre du dernier film de Merzak Allouache sur les écrans depuis la semaine dernière. Par la force des choses quand l’éducation est inexistante, le vide culturel ne peut que suivre. Pourquoi ce gâchis de la part de musulmans prétendant servir leur patrie et non se servir ? Les êtres humains prouvent de jour en jour que les seules religions qu’ils reconnaissent sont l’argent et le pouvoir un point c’est tout. L’islam, le christianisme, le judaïsme, religions monothéistes ou polythéistes ne sont que fioritures et ne servent que des opportunistes mégalos de surcroit, j’en suis de plus en plus convaincu et ce n’est pas les barbes de x et y ou les constructions de mosquées avec l’argent du contribuable qui me feront changer d’avis. Ce citoyen qui n’a jamais eu son mot à dire se terre dans le trou qui lui sert de domicile la tête enfui dans le sable tel une autruche pour éviter de réagir à l’injustice et la médiocrité ambiantes. L’état de nos hôpitaux, de notre système éducatif, de notre université vous renseigne sur le triste avenir de l’Algérie pays riche en ressources naturelles mais victime d’un pouvoir malhonnête, incompétent et archaïque aux 200 milliards de dollars de réserves provenant du gaz et du pétrole. Qu’arrivera t-il quand la source se tarira ? Ils seront sûrement morts après avoir assuré à leur descendance des fortunes de biens mal acquis qui s’en iront à leur tour polluer d’autres cieux ou le soleil ne brillera point pour eux.
Qu’est devenue Alger la blanche ? Grise aujourd’hui et bientôt noire malgré son habit de lumière toujours étincelant sous un soleil radieux mais flétri par la léthargie ambiante des gouvernants qui ne font et ne feront rien pour améliorer le quotidien du citoyen. Le projet du moment c’est de détruire les immeubles Haussmanniens entourant la grande poste parceque fragilisés d’après eux. Par qui et par quoi ? Encore une procédure sournoise de quelques dirigeants pour s’accaparer des terrains jadis inespérés. Mais ou reloger ce beau monde ? Sûrement à Thenia, Dergana, Birtouta ou plus loin encore ? L’avenir nous le dira un jour. Est-ce vraiment l’urgence dans un pays ou on voit le taux de suicides par immolation ou autres atteindre son paroxysme ? La mal vie et l’ennui sont omniprésents ? Les titres d’anciens moudjahed et de fils de chahid sont devenus des diplômes à part entière qui occupent une place de choix dans un curriculum vitae. Si ce n’étaient nos ressources naturelles et vu ce que nous produisons, on serait à la botte du monde et dire qu’on se permet d’organiser le salon NATIONAL de l’automobile sans produire ne serait ce que la moindre pièce de rechange, c’est quand même osé ! Pendant ce temps on continu d’attendre sous un soleil de plomb. Même la sérotonine fait difficilement son effet positif sur des esprits et des corps meurtris et complètement sclérosés. Attendre quoi, qui ? Un logement décent, un travail, une voiture ? Les trois réunis pour la plupart. Une seule issue… La harrga (la fuite) sinon commettre l’irréparable devant tant d’injustice, autant partir sans demander son reste !
Las d’attendre, je suis donc parti comme beaucoup de mes concitoyens rejoint par mon épouse que j’appelle depuis ma compagne d’infortunes. Ce départ survint après l’assassinat en direct à la télé du président le plus sincère qu’on ait eu depuis1962. Mayna ! (les bras m’en tombent) comme on dit chez nous. En mai 2008 on me diagnostiqua une maladie neurologique progressive dont le remède tarde à venir ou comme préfèrent dire les médecins : il est au stade expérimental et ne saurait tarder. Il ne me reste plus qu’à attendre encore une fois en m’estimant heureux d’être en France, un pays ou la prise en charge du malade est sans égale tout en faisant confiance aux scientifiques qui trouveront le remède un jour j’en suis persuadé mais quand ?... J’attends encore sera le mot de la fin.
Algérian speaker qui comme Albert Camus a mal à son pays