
Les thématiques environnementales n’occupent certes plus le devant de la scène médiatique. Campagne présidentielle et crise économique obligent.
Les agents du développement durable n'en continuent pas moins leur travail de sape. Dernière trouvaille aux « cabinets » d’un cabinet non moins médical. A croire que l’écologie a définitivement été reléguée dans les lieux d’aisance…
Après avoir fait votre affaire et vous être dûment lavé les mains (au nom de la santé publique et d’une éventuelle recrudescence de H1N1), optez pour "l’éco-attitude". Pour vous essuyer les mains, deux feuillets suffisent.
Le "grand Autre" se rappelle à nous sans ambiguïtés. La préservation de la "Nature" est un enjeu quotidien. Le moindre de vos gestes compte. Rappel à l’ordre sans conséquence direz-vous: fait encore défaut la caméra ou le mouchard pour contrôler le respect de l’injonction. Inutile. Sa récurrence, et ce jusque dans les lieux les plus intimes, modèle déjà nos pratiques, les discipline. L'injonction fonctionne comme une norme. Elle n'édicte pas une loi mais oriente nos pratiques. Nous nous définissons en tant que sujets au travers de ce que la société dit de nous, dans l’espace symbolique qu’elle nous permet d’habiter.
Foucault avait vu juste, « le fait de vivre n’est plus ce soubassement inaccessible qui n’émerge que de temps en temps, dans le hasard de la mort et sa fatalité ; il passe pour une part dans le champ de contrôle du savoir et d’intervention du pouvoir. Celui-ci n’aura plus affaire seulement à des sujets de droit sur lesquels la prise ultime est la mort, mais à des êtres vivants, et la prise qu’il pourra exercer sur eux devra se placer au niveau de la vie elle-même ; (…). »
Michel Foucault, Histoire de la sexualité, T.I (1976), Gallimard, p.187-188 (nous soulignons).