Une guerre, un soldat, Israël, un ennemi inconnu. A la lecture de l'article de Pierre Puchot sur le témoignage d'un soldat israélien refusant de combattre à Gaza, j'ai repensé à un film, une oeuvre forte : "Valse avec Bachir" signé par le documentariste Ari Foldman en 2008. Ce film d'animation, primé au Festival de Cannes, nous plonge en pleine intervention de Tsahal au Liban en 1982, l'opération "Paix en Galilée". Ou plutôt dans la mémoire enfouie d'Ari, lui même ancien soldat, qui se remémore les événements en interrogeant, un à un, ses camarades de troupe. Lui a tout effacé des événéments.
Histoire et analyse personnelle
Un travail d'analyse psychanalitique et d'histoire intime que le réalisateur a mené à la fois à l'écran et dans sa vie personnelle. Jeune conscrit, engagé dans des troupes terrestres, il est lancé sur le terrain sans rien comprendre des réalités géo-politiques, ni se poser de question. Entre insouciance de la jeunesse militarisée, écoutant du rock à fond sur son char - tout en tirant à l'aveugle- et respect absolu de l'institution militaire pour anéantir un "ennemi terroriste" totalement inconnu et ignoré. La guerre n'a rien de glamour, ni d'héroïque dans les yeux du réalisateur, bien au contraire.
"Un manifeste contre la guerre"
Peu à peu, la mémoire personnelle des événements ressurgit, l'enquête intérieure se précise et se juxtapose avec la chronologie d'une guerre. Jusqu'à l'impensable pour un citoyen né dans un pays bâti sur la mémoire perpétuelle de la Shoah : son unité a encerclé les camps palestiniens de Sabra et Chatila. Là-bas, les phalangistes chrétiens (alliés des Israéliens) massacrèrent des centaines de civils (jusqu'à 1490 victimes selon les travaux de l'historienne israélienne Bayan Hout) - pour venger l'assassinat de leur chef, Bachir Gemayel, tué le 14 septembre 1982. On ressort du film avec un sentiment de malaise, celui du réalisateur face à l'horreur des faits, même si celui-ci ne se revendique pas comme un historien. Sujet à de nombreuses polémiques, "Valse avec Bachir" est "un manifeste contre la guerre", expliquait le réalisateur lors d'un long entretien accordé à Canal + en 2008, où il déclarait "être sans espoir face un gouvernement israélien de plus en plus intolérant" et sans espoir face au Hamas.
La bande-annonce du film