Les noms des rues où il a collé, il ne s’en souvient pas toujours. Son espace de création est vaste : Paris, sa banlieue, des petites villles de province, mais aussi Bruxelles. Et une signature, apposée au bas de ses œuvres de papier : Fred Le Chevalier . « Au début, je collais la nuit, mais finalement je préfère le faire de jour. C’est moins stressant. Auparavant, je me faisais arrêter par la police. Et en plein jour, les gens n’hésitent pas à venir me parler », explique l’artiste.
Papier, colle à tapisserie et brosse
Depuis trois ans et demi, l’artiste originaire d’Angoulême (Charente) marque discrètement de son empreinte le paysage parisien. Ou plutôt ses murs, principalement dans le nord-est (18, 19 et 20e) et dans le Marais. Rue Jean-Baptiste Dumay, Fred Le Chevalier a notamment créé une série de personnages couronnés (clin d’œil à l’Epiphanie) et deux figures d’hommes face à face. Dans son sac, des rouleaux de papier, de la colle à tapisserie et une brosse. Les outils indispensables pour maroufler (Ndlr : technique de lissage du papier peint) les dessins préparés dans son appartement près du métro Ménilmontant. Et le collage est devenu une véritable passion : pas moins d’une trentaine d’œuvres collées chaque semaine !
Des personnages mi-enfant, mi adulte
« A mes débuts, j’offrais mes dessins en cadeau, se souvient-il. Puis, le collage est arrivé comme la suite directe du dessin. » Une volonté de «reconquérir une part d’enfance » à travers des personnages mi enfants mi adultes, n’hésitant pas emprunter à la mythologie ou aux contes. D’abord anonymes, ces collages en noir et blanc (et quelques pointes de rouge et vert) sont bientôt signés « Fred Le Chevalier », en hommage au film « Sacré Graal » des Monty Python.
Le renouveau de l'affiche de rue ?
Suivant les traces de l’illustre Ernest Pignon Ernest, il investit les murs, avec une prédilection pour les impasses et les allées. Face à la pluie et au vent, le papier peint est forcément éphémère, et provoque donc peu de réactions hostiles : « Une dizaine en trois ans et demi », précise l’artiste. « C’est votre initiative ou alors on vous demande de coller à un endroit précis ? » lui demande gentiment un retraité. « Son univers est intriguant, cela casse la monotonie du quotidien » se réjouit Fabien, un commerçant croisé dans la rue Jean-Baptiste Dumay (20e).
La rue comme terrain de création
Les affiches dessinées et autres papiers peints semblent d’ailleurs en vogue (les chimères d'Ender par exemple). Ainsi, à l’angle de la rue des Pyrénées et de la rue Jean-Baptiste Dumay, Le Chevalier côtoie deux ou trois autres créateurs urbains. L’affiche artistique connaîtrait-elle un renouveau à Paris ?
Mais la coexistence avec les affiches politiques n’est pas toujours aisée : « Sur un grand mur vide, certains sont capables de recouvrir uniquement l’espace où j’ai collé », regrette Fred. Ces curieux personnages ont séduit une chanteuse, la Mordue . Le Chevalier a illustré la couverture de son dernier album. Il a aussi initié des écoliers de son quartier au dessin collé, et rêve maintenant de prolonger l’aventure avec un livre pour enfants. En 2012, il tapissait les murs de sa ville d’origine... Angoulême. L'an dernier, ces personnages collés apparaissaient même dans le film "Les Petits princes"
Où voir les dessins de Fred Le Chevalier à Paris ?
La liste est forcément en évolution constante... Les œuvres de papier ont une durée de vie limitée...
-Rue Saint-Merri (4e), à l’angle de la rue du Renard
-Rue des Blancs-Manteaux (4e), à l’angle de la rue des Archives
-A l’angle de la rue des Pyrénées et de la rue Jean-Baptiste Dumay (20e)
- Rue Jean-Baptiste Dumay (près de la rue de Belleville), 20e
- Rue des cascades et rue de Savies (20e)
-Dans le jardin partagé Baudélire (18e) 27 rue Baudélique