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Billet de blog 9 juillet 2024

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Et maintenant, reconstruire !

La configuration politique ne permettra pas d'obtenir des victoires sociales sans mobilisations de masse, sur le terrain de classe. Nous disposons d'un an de sursis pour renforcer l'ensemble des contre-pouvoirs, et en premier lieux les organisations d'autodéfense sociales que sont nos organisations syndicales, les organisations féministes, antiracistes et LGBT.

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Le 7 juillet au soir, nous sommes nombreuses et nombreux à avoir poussé un ouf de soulagement. Pas de victoire, mais l'évitement du pire, alors que nous étions au bord du ravin. Mais éviter de justesse le pire ne doit ni nous amener à crier victoire ni à renoncer à vouloir le meilleur.

"Il n'est pas de sauveur suprème..."

La configuration politique ne permettra pas d'obtenir des victoires sociales sans mobilisations de masse, sur le terrain de classe. Nous disposons d'un an de sursis pour renforcer l'ensemble des contre-pouvoirs, et en premier lieux les organisations d'autodéfense sociales que sont nos organisations syndicales, les organisations féministes, antiracistes et LGBT.

Pour cela, il nous faut commencer par faire un bilan lucide de l'état de nos forces, loin des postures d'auto-satisfaction ou de la tendance à pousser la poussière sous le tapis. Pour reconquérir une hégémonie politique du camps de l'émancipation sociale, il nous faut sortir de l'entre-soi militant. Il faut imposer un traitement sérieux au sein de nos organisations des questions de racisme, d'antisémitisme, d'islamophobie, de violences sexistes et sexuelles, de LGBTphobie.

Pour cela il faut rompre avec l'idée que notre camps social serait immunisé par nature contre ces idées qui font partie de l'idéologie dominante, et travailler à rendre nos espaces collectifs et organisées imperméables à ces idées, dont le renforcement contribue au mouvement de fascisation en cours. Un travail de formation et d'élaboration politique est nécessaire pour promouvoir de nouveau une approche matérialiste des rapports sociaux d'exploitations, qui se fasse dans des termes qui rendent impossible leurs appropriations et leurs dévoiement dans un sens complotiste, antisémite, islamophobe, raciste.

Il nous faut aussi reconstruire une sociabilité de classe au quotidien, par le renforcement ou la recréation d'outils organisationnels en ce sens : Au repli corpo dans les boites, à l'alignement sur les agendas patronaux imposés dans les IRP, il nous faut opposer une stratégie revendicative offensive et coordonnées. Pour cela, il nous faut revenir aux outils historique du syndicalisme confédéré, qui ont permis notamment d'arracher des conquètes sociales dans une période ou le salariat était extrêmement précaire :

  • Syndicats de branche avec sections syndicales d'entreprise en lieu et place du modèle dépassé d'un syndicat par boite ou du syndicat national, qui ne permettent ni la solidarité de proximité, ni la comparaisons des conditions de travail, ni l'organisation de la solidarité, ni l'émergence d'une stratégie d'implantation, et qui représente un gaspillage d'énergie militante. La revitalisation des Union syndicales peut être une étape mais ne suffit pas car sans une structuration poussant par nature au dépassement de la seule vision interne à l'entreprise, la solidarité inter-boite ne peut émerger comme une pratique quotidienne partagée mais reste souvent un "supplément d'âme" portée à bout de bras par les militantes et militants les plus conscients, qui tendent à s'épuiser
  • Renforcement des unions locales avec reprise des gestes orgas et d'une stratégie d'implantation territoriales systématiques (plan de visite des syndicats et ciblage) : c'est au plus près du territoire qu'on peut combattre les déserts syndicaux et qu'on peut recréer une alternative désirable
  • Développement d'outils de sociabilité et de solidarité quotidiens (clubs de sports syndicaux et populaires, associations d'éduc pop et de culture populaire,...)
  • Réflexion sur les périmètres fédéraux pour éviter les doublons organisationnels, et permettre la coordination gréviste sur des filières complètes de production
  • Unification du syndicalisme de classe
  • Mise en place d'un travail politique antiraciste conséquent, avec déploiement de formation, de supports et d'outils de communications

Pour reconquérir l'hégémonie culturelle de nos valeurs (solidarité, égalité, entraide...), il faut donc les faire vivre au quotidien et les incarner dans une pratique sociale organisée sur la durée. Reconstruire des fondations solides et adaptées aux défis de notre époque, c'est urgent : nous avons un an pour nous y consacrer afin de nous éloigner durablement du ravin !

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