Première intervention
Chère.es camarades,
Fidèle à notre histoire et nos valeurs, nous avons la responsabilité de faire vivre la solidarité internationale entre travailleurs et travailleuses.
Pour cela, il nous faut agir collectivement contre la guerre, l’occupation, le colonialisme, contre le chauvinisme et toutes les formes de racisme, sans exception.
Sur le plan international, cela veut dire porter des revendications unifiantes, exiger le retrait des territoires occupés en Ukraine comme en Palestine, lutter pour le droit au retour, revendiquer la condamnation des criminels contre l’humanité, imposer l’arrêt de la colonisation et des livraisons d’armes comme le réclament les syndicats de travailleurs palestiniens. Cela passe aussi par le soutien concret aux anticolonialistes israéliens et palestiniens qui portent de manière conjointe une lutte binationale pour une paix juste et durable. L’organisation Standing together, par exemple, qui s’est mobilisée pour le cessez le feu, contre les massacres et le blocus de gaza et les violences coloniales en Cisjordanie mérite notre soutien.
En France, Les discours et actes antisémites, islamophobes, comme toutes les formes de racisme explosent et touchent au quotidien les travailleurs et travailleuses, y compris les ICTAM.
Notre responsabilité est donc immense. Il nous faut faire vivre nos valeurs et éviter toutes les instrumentalisations. Pour cela, il faut refuser toute mise en opposition de la solidarité avec les Palestiniens et de la lutte contre l’antisémitisme. Il faut mener de front la lutte antiraciste et la solidarité internationale. Les tentatives de réduire au silence la lutte contre l’antisémitisme par des procès en « sionisme » ne sont pas plus acceptables que les tentatives de réduire au silence la critique légitime du gouvernement israélien ou de l’idéologie nationale israelienne en amalgamant cette critique à l’antisémitisme.
Les attaques contre le RAAR dans la motion qui nous est proposée sont totalement déplacées. J’invite les camarades à consulter la réponse de cette organisation antiraciste aux calomnies qui la visent. Le RAAR précise qu’il ne se réclame aucunement d’un quelconque sionisme. Qu’est-ce qui justifie donc le procès en sionisme du RAAR ? Le fait d’être favorable à une solution à 2 états ? On peut bien évidemment en discuter mais c’est la position historique de la CGT, et accessoirement d’organisations comme LFI, le PCF, les Verts. Faut il rompre tous lien avec ces organisations ?
Ou peut-être que ce qui dérange c’est le fait que le RAAR lutte contre l’antisémitisme sur des bases progressistes, mais sans complaisance ? Cette lutte, le RAAR la mène tout en ayant appelé à un cessez le feu dès le début des massacres à gaza, ce qui est certainement la meilleure réponse à l’instrumentalisation par la droite et les soutiens de Netanyahu ?
Non répétons-le clairement, l’antisionisme n’est pas synonyme d’antisémitisme. Mais qui peut nier que certains discours antisémites se présentent comme « antisionistes » pour se donner un vernis progressiste ? Qui peut nier que certains, comme Alain Soral, font référence lorsqu’ils parlent de sionisme aux délires complotistes du protocole des sages de sion plutôt qu’à l’idéologie à l’origine de la création de l’Etat d’Israel ? Est-ce le rôle de la CGT que d’attaquer une organisation antiraciste et de participer à une « chasse aux sionistes » imaginaires dont ont déjà été victimes en leur temps des militants allant de l’anticolonialiste Frantz Fanon(1) à Arthur London(2), militant de la Main d’œuvre Immigré lors des procès de Prague en 1952?… Loin d’élargir la lutte de solidarité pour la Palestine, ce paragraphe veut l’enfermer dans une logique sectaire. Camarades, restons en à ce que nous pouvons traduire concrètement dans nos lieux de travail, et pas à des règlements de comptes dignes de groupuscules. Prenons à bras le corps ET la solidarité avec le peuple palestinien Et la lutte contre l’antisémitisme comme toutes les formes de racisme.
(1) Voir à ce sujet la biographie de Frantz Fanon par sa camarade Alice Cherki
(2) Voir L'aveu, Arthur London
Deuxième intervention (débat international)
Intervention lors de la table ronde sur l’international et lao lutte contre l’extrême droite
Cher.e.s camarades,
A Lyon, nous connaissons une recrudescence des violences fascistes depuis 2011 : Mosquées et synagogues ciblées par des tentatives d’incendie ou d’attentat, militant.es syndicalistes ou du mouvement social agressés, attaques de locaux.
Les fascistes développent également une stratégie de division organisée, pour mieux faire avancer leurs idées.
L’arrivée au pouvoir des fascistes ne signifiera pas seulement une version plus autoritaire de la répression d’état que nous connaissons actuellement, s’y ajouteront des violences extraparlementaires par des groupes fascistes qui cibleront des militants avec la garantie de l’impunité.
Nous devons donc préparer la résilience de nos organisations face aux attaques à venir contre les libertés publiques et syndicales : notamment en renforçant nos ALS, en assurant la protection des données de nos militant.es
La progression de l’extrême droite s’appuie sur l’explosion de toutes les formes de racisme : antitsiganisme islamophobie, antisémitisme, négrophobie, racisme antiasiatique.
La lutte antiraciste doit être investie par nos organisations. A la FERC, nous allons sortir prochainement un guide public-privé à destination des militantes et militants. Nous devons former, porter le débat au cœur de nos lieux de travail, car nous avons pu constater en Juin 2024 que faute parfois d’avoir porté ce débat dans nos bases, des cartes ont volé quand nous avons pris nos responsabilités face à la menace fasciste.
Nous devons aussi combattre les théories complotistes, qui diffusent le racisme et éloignent de la conscience de classe. Le complotisme antisémite se présente sous la forme d’un pseudo-discours anticapitaliste alors qu’il est en réalité un moyen de protéger la bourgeoisie en désignant des boucs émissaires. Le complotisme islamophobe s’y ajoute aujourd’hui, la fusion de ces 2 formes de complotisme étant la théorie raciste du grand remplacement diffusée par des responsables politiques allant de Zemmour à Pécresse.
Nous sommes nombreux et nombreuses à connaître dans nos histoires familiales le prix terrible du fascisme pour les personnes appartenant aux minorités, pour les femmes et pour la classe ouvrière.
Le 6 février 1934, les ligues fascistes tentaient de prendre le pouvoir. Le 9 et 12 février la CGT et la CGT-U y répondaient par la grève générale. Celle-ci a été un succès car CGT et CGT-U ont hérité du syndicalisme révolutionnaires des syndicats d’industrie permettant aux travailleurs et travailleuses d’être en ordre de bataille. C’est la réunification syndicale qui a permis de mettre un coup d’arrêt à la montée en puissance du fascisme en France, de préparer la généralisation de la grève pour arracher des conquêtes sociales en Juin 1936 allant au-delà du programme du front populaire, en l’occurrence les congés payés.
Il nous faut donc s’inspirer de cette exemple et combattre ce qui nous divise. Rompre avec le sectarisme, chercher des revendications unifiantes du local à l’international. Dans cet esprit, si je partage un certain nombre d’éléments de la motion proposée sur la situation à Gaza en particulier les éléments dénonçant la colonisation, réclamant le droit au retour et demandant l’arrêt des livraisons d’arme, je pense que le paragraphe qui importe des logiques sectaires extérieures à l’organisation n’y a pas sa place.