La période que nous vivons est caractérisée par la montée en puissance des affrontements inter-impérialistes, des nationalismes et des logiques suprémacistes qu’ils charrient, dans un contexte de crise environnementale et de compétition grandissante pour l’accès aux ressources. Elle s’accompagne aussi d’une offensive réactionnaire, misogyne, transphobe et homophobe. La montée du fascisme, la marche généralisée à la guerre sont une fois encore les conséquences et les symptômes d’un système capitaliste entré depuis plusieurs décennies dans une crise durable et multiforme.
Les théâtres de conflits sont nombreux :
Après avoir mené des guerres en Tchétchénie, en Géorgie, et en Syrie, la Russie poursuit sa conquête meurtrière contre le peuple ukrainien.
Au Soudan, l’armée qui a pris le pouvoir en étouffant la révolution s’oppose aux massacreurs des Forces de Soutien Rapide soutenus par les Émirats Arabes Unis. Cette guerre provoque des crimes de masse dans le silence de la communauté internationale.
A Gaza le gouvernement d’extrême droite israelien poursuit ses massacres de masse et met en œuvre son projet d’épuration ethnique visant à accomplir son projet messianique, avec la complicité des Etats occidentaux. L’armée israélienne soumet la bande de Gaza à un blocus qui vise à utiliser la famine comme arme de guerre. Des discours génocidaires sont tenus au plus haut niveau de l’État.
Face à ces crimes contre l’humanité, et à l’urgence de la situation, il faut à tout prix préserver la vie et les conditions de la reprise d’un processus de paix juste et durable en rupture avec le colonialisme. Cela passe pour nous par le soutien à la lutte binationale, notamment celle que portent nos camarades de Standing Together, en butte à la répression pour avoir tenté de briser le blocus de Gaza. Cela passe aussi par la solidarité avec la population palestinienne sous les bombes, mais aussi à créer ici les conditions d’un large mouvement populaire pour imposer l’arrêt des massacres et le retour des otages.
L’urgence impose donc de travailler à élargir le front visant à réclamer le cessez le feu et la fin du blocus, et nécessite de rassembler toutes celles et ceux qui portent ces revendications, quelles que soit leur positions par ailleurs. Cela ne signifie pas bien sûr, taire les revendications qui visent porter un processus de paix juste et durable, telles que le droit au retour, l’arrêt de la colonisation, les réparations, mais prioriser devant l’urgence le rassemblement sans exclusive pour l’arrêt de l’horreur en cours.
Dans un contexte de progression générale du fascisme et de toutes les formes de racisme, nous avons une responsabilité également à travailler à l’unité antifasciste. Celle-ci, fidèle à la célèbre devise « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous », devra être internationale et intégrer les combats de celles et ceux qui, en Ukraine, au Kurdistan, au Turkestan, en Iran ou ailleurs, luttent contre les dictateurs et pour la liberté. Il y a quelques mois, Bachar el-Assad, l’un des pires criminels de ce siècle, est tombé, soutenons celles et ceux qui se battent pour que Poutine, Netanyahou, Xi Jinping, Trump et d’autres connaissent le même sort !
En France, l’explosion des actes islamophobes et des actes antisémites a eu d’ores et déjà des conséquences dramatiques, qu’il s’agisse de l’attentat islamophobe de la Grande-Combe dont a été victime Aboubakar Cissé, du viol antisémite de Courbevoie dont a été victime une jeune fille juive de 12 ans, ou de l’agression du rabbin d’Orléans.
L’unité antifasciste n’aura pas donc pas non plus lieu sans la prise en compte de la nécessité de la lutte contre l’antisémitisme comme de la lutte contre l’islamophobie. Pour cela il nous faut faire échec aux forces politiques qui tentent de mettre en opposition les deux, comme celles qui tentent de mettre en opposition la lutte contre l’antisémitisme et la lutte de solidarité avec la Palestine. Cette convergence est non seulement possible mais nécessaire parce qu’elle permettra d’élargir ces deux fronts.
Dans ce contexte, si nous restons attachés à la nécessité d’une critique interne au sein de la gauche qui refuse de mettre sous le tapis ces sujets, nous nous opposons aux dissolutions qui sont autant d’atteintes aux libertés publiques et qui participent à la confusion généralisée. En effet, si le mouvement social doit faire le ménage en son sein face à un antisémitisme en augmentation générale, nous ne sommes pas dupe de l’instrumentalisation de l’extrême droite, qui cherche frauduleusement à se présenter comme le « bouclier des juifs » tout en multipliant ses déclarations de soutien à Netanyahu et à sa politique. Derrière la façade de la dédiabolisation, sa vision du monde reste structurée par le complotisme, l’antisémitisme et la mise au pas de toutes les minorités.
Répétons-le aujourd’hui plus que jamais : la défense des Juifs et des Juives n’est pas soluble dans des discours racistes et islamophobes.
Refusons le repli identitaire et nationaliste ! Combattons toutes les formes de colonialismes et tous les impérialismes. Combattons toutes les formes de racisme, sans exclusivité et d’où qu’elles viennent. Développons les luttes et les solidarités, travaillons aux convergences concrètes sur la base d’intérêts communs, qu’il s’agisse des luttes de notre classe, des combats féministes et LGBT, ou des mobilisations antiracistes !