Françoise Sagan aimait conduire et elle aimait la vitesse. Pour le plus grand nombre, nous partageons plus ou moins confusément ce même plaisir de conduire. Aller d'un point à un autre en voiture ou en moto, sans doute certains doivent-ils le faire, pour leur travail ou pour une raison impérieuse et nécessaire ; mais nombre d'entre nous, nous allons aussi d'un point à un autre en moto ou en voiture pour le pur plaisir de conduire et de nous promener dans une machine plus ou moins sophistiquée, souvent à travers une géographie magnifique, et d'échapper ainsi à la pure fonctionnalité de nos existences.
La décision autoritaire du gouvernement d'abaisser la vitesse à 80 km/heure sur nos routes est la négation de ce plaisir. Si ce plaisir n'existait pas, pourquoi l'industrie automobile se donnerait-elle la peine de fabriquer des engins beaux, performants, sophistiqués, désirables ? Ou alors, il faut non seulement acheter des voitures pour faire vivre l'industrie automobile et enrichir les actionnaires, mais il faut aussi les laisser au garage.
Pourquoi abaisser la vitesse ? Pour sauver des vies ? Mais dans ce cas, pourquoi ne pas l'abaisser à 70 ? À 50 ? Le freinage d'urgence en sera amélioré d'autant ! Pourquoi ne pas interdire la voiture, et la moto plus encore, et obliger chacun à rouler en bus et en train ? Ou pourquoi ne pas obliger les constructeurs à fabriquer des engins bridés qui ne dépassent pas le 100 à l'heure ? Il faut aller au bout des choses !
Le gouvernement prend une mesure autoritaire qui est en réalité une mesure de sur-aliénation. « Nous vous priverons de votre plaisir, nous sommes en mesure de le faire, nous avons l'appareil policier nécessaire ». 90 sur les routes secondaires, c'était un compromis qui vivait depuis bien longtemps. Ce gouvernement nous dit : « vous êtes des mineurs, nous savons ce qui est bon pour vous, vous n'êtes pas contents, mais tant pis pour vous car vous êtes des enfants, et nous savons ce qui est bon pour vous ». Cette mesure est une mesure de pure jouissance de ces petits chefs qui éprouvent ainsi la griserie du pouvoir qu'ils détiennent.
L'abaissement autoritaire de la vitesse à 80 sur tout le réseau secondaire va amener, et chacun le sait, à une explosion de points de permis perdus, pour des dépassements de 5 ou 10 ou 15 kilomètres heure. Les radars, les points, les amendes, non pas pour les excès de vitesse, mais pour une vitesse raisonnable, cela est-il éducatif ? Bien sûr que non ! Ce que nous apprenons c'est à haïr l'autorité de l'État. En quoi cela est-il éducatif ? Nous serons demain tous des délinquants, exactement comme le peuple américain l'a été tout entier sous la prohibition de l'alcool. BEAU RESULTAT.
Macron, Castaner, vous jouissez de votre pouvoir ... très provisoirement. Nous saurons vous mettre dehors, et d'ici là, nous résisterons