Après toutes les rodomontades et le fameux débat, la veillée d'armes se profile pour les états majors politiques des deux bords. Pour l'électeur de base, vient le temps de la réflexion (il faut l'espérer!). Comme beaucoup de mes concitoyens, je serai prête à voter, à choisir dimanche. Démocratie, une valeur à respecter dans ses grandeurs et aussi ses limites (je renvoie à Aristote sur la fonction de l'éducation dans la formation du citoyen). Car j'ai encore bien du mal à digérer certaines arguties, telles que celle des "vrais travailleurs"! J'appartiens, il est vrai, à une catégorie en voie de disparition programmée, la fonction publique, et depuis bientôt plus de quatre ans je sens bien à quel point le discours, ce discours stigmatisant utilisé par certains de nos "représentants" politiques, nous a entâché d'une tare quasi indélébile. Dénoncer de faux coupables, de faux travailleurs, quelle honte pour toute société dite moderne. Ou alors que valorise-t-on? Le travail misérable ou dissimulé d'hommes et de femmes... je n'irai pas plus loin pour éviter tout problème.
Autre cauchemar: tous ces milliers de Français qui ont mal voté sous prétexte qu'il y a trop d'd'étrangers, d'insécurité et tutti quanti... Car comme les mots de notre belle langue, les noms de famille parlent et là où j'habite, on serait étonné du nombre de Français d'origine autre! qui ont penché pour ce vote. Rassurez-vous, je suis Française et depuis de nombreuses générations, qui pour certaines ont fait les deux grandes guerres et ont même été de 36. Alors une question pour ces votants: faut-il fermer la porte aux autres immigrés, sans leur donner une chance? Construire une vie, une famille est certes difficile surtout dans un pays qui n'est pas celui où l'on est né ou plutôt celui où l'on a grandi, mais faut-il infliger le même chemin aux autres? Et puis nos soucis ne sont-ils pas le fait du chômage et de ses effets déstructurants, plutôt qu'une question de culture que l'on n'a plus ou que l'on perd...
Alors, voilà, si Hollande est élu, le travail sera long mais pas vain: remettre du sens aux mots et aux valeurs, pour que tout ne soit pas évalué (un mot que je déteste!) à l'aune d'une seule pensée, sans intelligence et sans une once de rapport à l'histoire. Or encore une fois c'est bien l'histoire dans ce qu'elle a de spécifique qui construit une nation et qui crée ce lien indiscible d'une communauté humaine (avant tout humaine).