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Billet de blog 22 septembre 2023

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Chasse gardée

Ou Quand le droit assassine l’éthique

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Chasse gardée ou Quand le droit assassine l’éthique
Par Sandra KRIEF, adjointe au maire de Grenoble, déléguée à la 
condition animale


Nous pourrions gloser sur les atermoiements d’un propriétaire terrien au cœur de la réserve naturelle de la chartreuse bien que le contexte n’invite pas à la plaisanterie.

Railler le titre de marquis du propriétaire des lieux bien que Bruno de Quinsonas-Oudinot n’est en rien coupable de sa filiation.

Dénoncer l’utilisation de lois nouvelles et sans décrets d’application qui permet au maître des lieux d’expulser promeneurs et randonneurs pour les remplacer par des chasseurs.

Regretter les balades dominicales des familles et des sportifs amateurs.

Mais au-delà des partages d’usages et du goût certain pour le pastoralisme, c’est encore une fois un drame éthique qui est en train de voir le jour aux portes de notre métropole grenobloise.

En effet, le propriétaire décide de consacrer une partie importante de son domaine aux activités de chasses privées. Plus encore d’en faire commerce en proposant à des chasseurs nationaux et internationaux de venir assassiner des animaux, protégés ou moins, en toute légalité.

Alors que Grenoble et la métropole grenobloise tentent de progresser de façon significative en consacrant des ressources à la condition animale, avec notamment la création de délégation à la condition animale, tant à la ville de Grenoble qu’à Grenoble Alpes Métropole, des meurtres 
d’animaux sont organisés, rémunérés, en toute impunité et à grand renfort de business, avec l’aval du plus grand nombre, aux portes de notre territoire. Des safaris lucratifs en plein coeur de notre métropole.


Plus encore, chacun peut s’interroger sur le respect du « plan de chasse », première mesure légale (article L.425-6 du code de l’environnement) consistant à déterminer le nombre d’animaux chassés sur un territoire donné afin de « garantir » le renouvellement des populations des 
espèces.

Quelles garanties aurons-nous que des espèces protégées ne seront pas introduites dans le domaine afin d’y être abattues pour le plaisir mercantile d’un propriétaire devenu commerçant mortifère et de clients tout à leur plaisir de commettre des meurtres gratuits lors d’assassinats 
payants. 

Après tout, si la loi sur la propriété privée est un droit fondamental, celui de la protection des espèces l’est tout autant et Bruno de Quinsonas-Oudinot, s’il semble farouchement attaché au premier, se doit tout autant de ne pas feindre la surdité quand il s’agit du second.

Plus encore, les animaux, sauvages, libres, de leurs mouvements comme de leurs existences, ne sont, eux, la propriété de personne.

A ce jour, aucun texte de loi ne légifère sur cette question de propriété d’un humain sur un animal « sauvage » et quand bien même, cette propriété devrait-elle comprendre qu’un propriétaire aurait un droit de mort sur des animaux, conscients et sensibles, comme la loi de 
2015 le stipule dans notre pays des libertés.

Il est grand temps que le pays de Voltaire, celui des droits de l’homme, devienne, sans délai, celui du vivant, dans son intégralité.

A l’heure ou les consciences collectives se mobilisent de plus en plus en faveur de la protection du monde animal, il n’est plus concevable, dans nos sociétés civilisées d’accepter qu’on puisse organiser des îlots de destruction de la faune en toute impunité.

Enfin, s’il est bien vain de croire que le propriétaire des lieux renoncera à ses funestes desseins, je fais appel publiquement à son bon sens, pour espérer une rencontre prochaine afin de tenter ensemble de limiter « la casse » et de règlementer le plus humainement possible ce qui ne 
manquera pas d’être un désastre pour la faune.

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