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Tribune 24 octobre 2025

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Résistons à l’Aulassie qui menace notre démocratie

Une banderole injurieuse contre les écologistes a sauvagement été installée ces derniers jours sur un immeuble à Lyon. Loin d’être une provocation isolée, cet appel clair à la violence est l’illustration d’une époque où le monde des affaires s’impose avec arrogance et brutalité à nos démocraties mondiales. Il est temps de rappeler qu’elles ne sont pas à vendre. Par Sandrine Runel, députée du Rhône.

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Une banderole injurieuse contre les écologistes a sauvagement été installée ces derniers jours sur un immeuble à Lyon. Loin d’être une provocation isolée, cet appel clair à la violence est l’illustration d’une époque où le monde des affaires s’impose avec arrogance et brutalité à nos démocraties mondiales. Il est temps de rappeler qu’elles ne sont pas à vendre.

Sous toutes les latitudes, le capitalisme autoritaire a maintenant trouvé son visage : celui d’un populisme des affaires qui promet l’efficacité mais sème la domination, ne sert que les puissants et arrose d’argent les consciences. En France, ce visage est celui de l’Aulassie, un modèle de pouvoir qui s’installe insidieusement, confondant leadership et domination et efficacité et brutalité, avec ses codes, ses réflexes et ses dogmes. Ce n'est pas là qu’une lubie lyonnaise, elle s’inscrit dans une tendance mondiale qui se nourrit d’une fatigue démocratique : celle des dirigeants venus du privé, persuadés que leur réussite économique supposée leur donnerait une légitimité politique naturelle. Les exemples internationaux abondent. Donald Trump, homme d’affaires devenu président, a appliqué à la Maison Blanche les règles de son empire privé mêlant népotisme, opacité, autoritarisme et mépris des contre-pouvoirs. Elon Musk, sans mandat électif, concentre pourtant un pouvoir politique considérable. Il ne se contente pas de tweeter, il paie littéralement pour gagner des électeurs et ne s’en cache pas. En Italie, quand Silvio Berlusconi a pénétré la sphère politique, il y a apporté corruption et conflits d'intérêts.

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Capture d'écran / © Compte "Génération Aulas" sur X.

Ces hommes d’affaires tentés par le monde politique n’ont qu’une obsession, celle de protéger le capital avant la Cité, à tout prix. Ils importent dans le monde politique non seulement leur influence, mais aussi leurs méthodes : brutalité, intimidation et logique de confrontation. Que ce soit par des pressions médiatiques, des campagnes de communication agressives, ou le harcèlement juridique, ils transposent, portés par un sentiment d’impunité et de toute-puissance, dans l’espace public des pratiques issues de la compétition économique. La bâche affichée dernièrement, s’inscrit dans cette brutalisation de la vie politique dont on ne veut pas.

L’Aulassie ne peut pas triompher à Lyon comme ailleurs. Je le dis comme adversaire politique de Jean-Michel Aulas mais surtout et avant tout comme habitante lyonnaise : les conflits juridiques avec son successeur, ses sanctions pour comportements intimidants envers des arbitres et ses procédures contre des médias enquêtant sur ses finances sont des signaux inquiétants qui doivent nous rappeler que le trumpisme autant que l’Aulassie, n’ont pas leur place dans nos institutions et nos territoires.

J’appelle donc à une clarification éthique entre responsabilités économiques et fonctions politiques car sans régulation, nous risquons l’effondrement de la confiance démocratique. Y résister, c’est donc instaurer une période d’incompatibilité entre l’exercice de fonctions économiques importantes et l’accès à des responsabilités politiques ou gouvernementales.

C’est renforcer les pouvoirs de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP), en lui donnant un droit de contrôle réel sur les conflits d’intérêts, les participations financières et les réseaux d’influence. C’est créer un registre public obligatoire du lobbying détaillant clairement les rencontres entre acteurs économiques et responsables politiques.

C’est enfin garantir l’indépendance médiatique en interdisant la concentration de médias par un même groupe. C’est ainsi, et seulement ainsi, que notre vie politique survivra à cetteploutocratie mondiale qui avance masquée et que l’État pourra redevenir ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : le garant du bien commun.

Aujourd'hui, plus que jamais, nos villes n'ont pas besoin d’un culte du chef, ni de communication de stade. Refusons collectivement que la République devienne le terrain de jeu des grandes fortunes, que le débat se transforme en spectacle et que l’égo d’un seul remplace l’intérêt de tous. La République doit brandir son carton rouge avant que l’Aulassie s'installe.