QU’EST-CE QUE LE SEGOLENISME ?
Sur un socialisme d’avenir pour le XXI ème siècle
Par Sandrine Piaskowski
INTRODUCTION
Longtemps, et particulièrement depuis lecongrès de Reims, nous fûmes taxésde supporters,adhérents idolâtres, ségolâtres, apôtres de la personnalisation. Or, rien n’est plus faux, je dirais plus inexact, car nous ne sommes pas dans l’échange d’imprécations ou lasimplification des positions des uns et des autres. Nous ne sommes pas dans l’abrupte réduction à unenature, nous ne sommes ni dans la croyance, ni dans la consommation politique.En bref, nous pensons, il nous arrive aussi de réfléchir. En d’autres termes,la rue de Solférino n’a pas lemonopole de la réflexion ! Nous sommes précisément dans la réflexion, l’argumentation, la démonstration, la proposition.Alors, quels sont les fondements de cette réflexion, que défendons-nous ?
Le terme « ségolénisme » peutlui-même susciter des interrogations. Il est clair qu’il offre tous lesavantages de la commodité. Il permet en premier lieu d’évacuer l’appellation de« royalistes », qui somme toute poserait problème en République. Il permet en second lieu uneidentification rapide et a le mérite de la clarté. Ce terme commode est sujet àdiscussion et gagnerait sans doute à être « remplacé » ou dumoins gagnerait-il plus àl’interchangeabilité. Pourquoi ?
Il est clair que le terme contient en lui-même le possible reproche de la « personnalisation ». Cependant, il n’est pas honteux de recourir à ce type de terme : gaullisme, mitterrandisme, etc … se sont succédés bien avant quel’on ne parlât de« sarkozysme ». La défiance possible vis-à-vis de ce genred’appellation provient largement de la vacuité du « sarkozysme ». Anous de ne pas laisser comparer les modes d’expression de Ségolène Royal à l’agitation et à la communication désordonnée de l’actuel Président de laRépublique. A nous de montrer quenotre pensée est structurée, en bref de préciser nos principesdirecteurs - principes auxquelsl’ensemble de nos propositions concrètes peuvent être rattachées.
Par ailleurs, l’aspect « bannière » de l’appellation n’est pas honteux. L’élection du Président de laRépublique au suffrage universel direct induisit dès 1962 l’idée de la personnalisation,confirmée à partir de 1965. A moins d’y renoncer et de revenir à unsystème parlementaire strictemententendu, la référence à une personnalité charismatique est une donnéeincontournable. Le charisme n’estpas synonyme de culte de la personnalité et de dépossession de notre faculté dejugement. Il serait intéressant de savoir pourquoi nous sommes présentés parnos adversaires comme membres ou fidèles d’une secte, et cela ferait l’objetd’un article spécifique ! Il semble dès à présent que ce charisme dontfait preuve Ségolène Royal, ce contact qu’elle établit avec le « peuple » inquiète les autres prétendants à lamagistrature suprême. C’est pourquoi nous pouvons nous voir opposer l’appellation de « populiste »quand c’est l’adjectif « populaire » qui conviendrait. C’est pourquoi j’ai suggérél’ « interchangeabilité » des termes. A côtéde « ségolénisme » un autre terme peut être proposé qui en serait la substance même. Un longtravail pourrait être engagé surce point. Ce que dans nos réunions, nous désignons comme le « fond »,le « contenu ». L’un ne va pas sans l’autre.
Il est clair que nous sommes à un moment charnière de l’histoire de nos démocraties : outre la difficulté des gauches à se redéfinir après l’effondrement du communisme soviétique, la social-démocratie est exsangue. Crise financière, récession,remise en cause des acquis sociaux, mondialisation impersonnelle, montée desnationalismes, émergence depréoccupations écologiques globales, abandon des catégories populaires dans une société de plus en plusclivée, constituée en réseaux élitaires, morale de l’intérêt en progression,etc … l’appel à la libre expression doit être entendu ; la soif estimmense de réfléchir et de reconstruire. La soif est intense, dans et pour ceXXIème siècle qui commence, derepenser « la » gauche, de refonder le socialisme.
Nous sommes dans un système médiatique deplus en plus développé. Dès aujourd’hui, présentons les axes majeurs qui caractérisent le « ségolénisme ». Des travaux considérables ont déjà été entrepris, avant même la Présidentielle de 2007, qui n’ont cessé d’être enrichis. Les universités participatives ont vu le jour, Ségolène Royal n’acessé d’avancer des propositions. Tant avec le concours de spécialistes derenom qu’avec la participation citoyenne. Il nous faut exposer un « référentiel » clairement identifiable par tous. Je présente ici ce qui selon moi est au fondement même de cette démarche. Je précise aussitôt que les ouvrages, journaux, articles que je suis amenée à citer au fil deces pages sont de tous horizons,que leurs auteurs ne sont pas étiquetés « ségolénistes », et ont même pu depuis l’élection présidentielle de 2007 oule congrès de Reims de 2008, choisir une autre voie ou tracer la leur propre ! Il importe en effet de ne se couper d’aucunapport théorique, loin des engagements partisans. Je ne parle pas ici stratégies, alliances, trajectoirespersonnelles, etc …
Je propose trois axes majeurs : dans un premier temps, nous nous attacheronsà réfléchir à ce qu’est cette nouvelle manière de faire de la politique que nous appelons de nos vœux ; démocratie participative, renouveau de la parole citoyenne etrespect de l’individu sont en effet au coeur d’une volonté de reconstruction dela vie sociale et politique afin que chacun ait les moyens de maîtriser sa propre vie. Ceciest évidemment indissociable des aspirations de justice sociale et de l’idée d’une citoyenneté économique, pourdonner son plein sens à l’idée de « démocratie sociale ». Ceci est notre axe deuxième. Le filconducteur est fondamentalement deretrouver le chemin de ces catégories populaires qui soit nevotent plus soit ne votent plus à gauche. C’est là que nous avons failli. Je crois que cette questionest centrale dans la réflexion de Ségolène Royal. Notre troisième axe traite des valeurs républicaines,qu’il faut revivifier à travers notamment cette fraternité, consubstantielle aux deux premiers points, qu’elle miten avant malgré les quolibets. Enbref, ne plus admettre de voir le « peuple de gauche » se déliter,voire disparaître, ne plus se satisfaire d’un parti sclérosé, et à travers cestrois axes, engager une nouvelle recomposition.
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