L'assemblée élue aujourd'hui, très mal élue, le couteau sous la gorge, peut manifester plus de vertus que toutes les précédentes, élues par un peuple somnolent, pour ne pas dire somnambule.
Les législatives n'étaient, depuis si longtemps, que l'épilogue, convenu et ennuyeux, de l'Election, la vraie, la seule, la présidentielle. Vous avez choisi un président, vous devez donc lui donner sa majorité. N'est ce pas. (La pire du genre était de celle 17, une véritable abdication du peuple, remise du pouvoir à un aventurier et à son ramassis de suiveurs aussi inconnus qu'arrivistes.)
Le rôle du député d'aujourd'hui peut et doit dépasser le godillotisme. Ce qui n'est possible qu'à la condition de dépasser tout d'abord la mécanique disciplinaire partisane.
Mal élue donc, cette assemblée: sur le modèle chèvre contre RN, cela lui confère un côté aléatoire. Et, par là, démocratique. Messieurs dames du 7 juillet, vous voudrez donc bien considérer que vous avez étés tirés au sort bien plus que choisis. Serez vous chèvres jusqu'à vous entretuer à coups de cornes, ou essaierez vous de vous hisser à la concorde ?
La question s'ouvre soudain en grand devant vous, au bout des jeux politiciens, où vous avez par hasard gagné : "Qu'allons nous faire ?"
- Hein ? Quoi ? Je voulais juste voter comme on m'aurait dit de voter moi, et il faudrait délibérer, débattre sérieusement ? Se soucier du bien commun ?
-Eh oui. Chance ou pas de chance, ça tombe sur vous. Faites en une chance.