"La liberté de la presse, la liberté d'expression en général, la liberté de conscience, la dignité personnelle, la liberté de l'esprit, etc, tous les droits fondamentaux du libéralisme sont abolis aujourd'hui, sans que cela ait suscité chez un seul individu une indignation violente [?]; même, en général, sans que les gens en aient été fortement émus. On accepte cela comme une intempérie. L'individu moyen ne se sent pas encore visé. On pourrait en être profondément déçu; il est plus juste d'en déduire que tout ce qui vient d'être ainsi liquidé n'importait plus guère à personne. Et c'est bien le cas. L'homme, par exemple, faisit-il encore usage de sa liberté de conscience? Il n'en avait aucune occasion! Il ne s'en préoccupait pas non plus comme a pu le faire l'homme de l'époque Biedermeier. Le journal s'en chargeait à sa place, et tout ce que le journal faisait, il le supportait avec un léger malaise, bien que cela lui fut apparemment indispensable. Ainsi comprise, la discipline du Fascio est, au fond, une création dûe à un sûr instinct des masses. De là les formes actuelles d'association: l'individu commence à se connaître et veut être conduit, soutenu, rassemblé, inclus."
Billet de blog 22 juin 2023
Tiré du Journal de Musil
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.