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Billet de blog 2 février 2010

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«Whale sashimi, I’m loving it.»

«Yeah what's next Dolphin nigiri?»C’était début janvier, sur le statut de Noel A. dont je suivais le fil sur Facebook ( dont je me suis désintéressé après lui avoir balancé un cinglant "Pauvre type"). Manifestement, il était au Japon et goûtait, ce que 70% des japonais désapprouvent, ce que le nouveau premier ministre avoue détester: la viande de baleine. Au centre d’un imbroglio politique, écologique mais surtout économique, les pauvres cétacés.

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«Yeah what's next Dolphin nigiri?»
C’était début janvier, sur le statut de Noel A. dont je suivais le fil sur Facebook ( dont je me suis désintéressé après lui avoir balancé un cinglant "Pauvre type"). Manifestement, il était au Japon et goûtait, ce que 70% des japonais désapprouvent, ce que le nouveau premier ministre avoue détester: la viande de baleine. Au centre d’un imbroglio politique, écologique mais surtout économique, les pauvres cétacés.

Au Japon, le pouvoir conservateur a toujours fait rimer chasse à la baleine avec patriotisme. Hors de question de toucher à cette tradition, ce serait renier l’identité japonaise. Au mépris des lois, car la chasse à la baleine dans l’Océan Austral est interdite. On ne chasse pas dans un sanctuaire, c’est dur à comprendre, les chasseurs ne comprennent pas bien non plus pourquoi on ne peut pas chasser dans certaines zones des parcs nationaux. En 1994, l’IWC a délimité cette zone, y interdisant toute chasse commerciale. Les japonais ont donc prétexté qu’ils menaient une chasse à des fins scientifiques. Environ 1000 cétacés massacrés chaque année, à des fins «scientifiques». Quelles recherches exactement ? On reste vague, il s’agirait d’étudier leur comportement alimentaire, d’évaluer leur nombre, leur mode de vie...et bien entendu, il faut les tuer pour ça. Les résultats pourraient être obtenus de façon non létale et sans mettre en danger la population de cétacés.
En janvier 2008, la cour australienne a jugé illégale la pêche à la baleine dans ses eaux territoriales de l’océan austral. Mais le Japon n’en tint pas compte puisque il ne reconnaît pas la notion de sanctuaire ni la prétention australienne à préserver des baleines qui n’ont pas besoin d’être protégées, puisqu’en en tuant plus de 1000 par an depuis 30 ans, il en reste encore!
Début janvier, un navire de Sea Shepherd a été coulé par des baleiniers. "Eco-terroristes" a-t-on pu entendre, même sur le plateau de Thalassa. Très dangereux en effet, le minuscule bateau de Sea Shepherd. Mais la tactique est connue, on méprise la loi, on répand l’injustice, gronde le mécontentement, monte l’insurrection? Dénigrement et répression. Le schéma fonctionne partout, en banlieue comme au beau milieu de l’océan. Il est même étonnant que l'opinion publique se fasse encore prendre avec des ficelles aussi grosses... Que faisaient ces activistes? Ils se battaient, avec leurs moyens, pour que la loi soit respectée et les espèces protégées. Ils nous rendaient service en faisant le travail des états qui refusent de se donner les moyens d’agir. Que leur répondent journalistes et gouvernants? "Mais laissez donc travailler ces gens en parfaite illégalité tranquillement!"

Illégale jusqu’au bout des ongles cette pêche. En 2008, deux activistes japonais, Junichi Sato et Toru Suzuki, ont été condamnés pour avoir révélé une affaire de trafic de viande de baleine. Depuis 2008, Greenpeace enquête au Japon sur le trafic et sur la corruption dans le domaine. Car la pêche est subventionnée par le gouvernement et elle ne rapporte que peu, les ventes de viande étant en chute libre, l’argent public profitant à certains tout de même. Cette industrie est couverte de dettes, les coûts de la pêche ne cessent de croitre, les emprunts non remboursés se succèdent. Banqueroute. Avec le nouveau pouvoir en place au Japon, sa volonté affichée de réduire les déficits publics et de mettre un terme aux programmes trop coûteux, on ne peut qu’espérer que cette pêche illégale, irrespectueuse de l’environnement, inutile, et scélérate cesse.


Sauvées les baleines? Loin de là. La pêche n'est qu'un des problèmes.

Chaque année, on se plaint des méduses. Trop, trop, partout, aïe, vacances pourries!
Chaque année on constate, on évoque les filets anti-méduses de telle mairie, mais la question des raisons est rarement évoquée. Pourquoi toutes ces méduses? Le température de l’eau mais aussi tout simplement parce que la surpêche a débarrassé la méduse des ses prédateurs naturels: thon, poisson lune et tortue. Peinardes, les méduses. Quoiqu’au stade planctonique, elles fournissent un met de choix au cétacés. Heureuses les baleines, alors! Pas vraiment, parce que si la chaîne alimentaire est déréglée d’un côté elle l’est, fatalement, aussi de l’autre. En bout de chaîne, les prédateurs des prédateurs de méduses, ceux qui mangent les thons. Mais il n’y a plus de thons, donc orques, requins et autres n’ont plus rien à manger. Comme il faut bien survivre, ils s’attaquent à d’autres proies, consistantes et sans défense: des baleineaux, régal! Et les orques sont très malins, il suffit d'empêcher la bête de remonter à la surface pour respirer en pesant sur elle. Il suffisait d'y penser.Dans ces conditions, impossible que l’espèce se renouvelle, les petites sont tués, pas de nouvelles générations.

Mais l’être humain aujourd'hui ne semble pas bien capable d’envisager les choses dans leur globalité et de voir qu’il fait partie d’un tout. Trop de pêche = destruction de la chaîne alimentaire dont l’homme fait partie.En France, l'ordonnance de Louis XIV d'août 1681 sur la pêche maritime était sans concessions et d'une intelligence absolue. Le commentaire qu'en fit René-Josué Valin est mémorable :

« …en même temps que nos rois ont dérogé à leur droit de souveraineté en cette partie, laissant à leurs sujets la liberté de la pêche en mer et sur les grèves, sans en exiger aucun tribut, ils se sont réservé le droit de veiller à la police de cette pêche, & par-là de régler la manière de la faire, de prescrire les temps et les lieux où elle pourrait être interdite afin de déterminer la forme & la maille des filets & engins qui pourront y être employés. Rien, après tout, de plus naturel & de plus conforme au bon ordre pour 1’amélioration & la conservation
même de la pêche, dont sans cela la source tarirait en peu de temps, car enfin que deviendrait la pêche s’il était permis de la faire avec des filets d’où le petit poisson, le frai même ne pourrait s’échapper ? Quelque simple que soit ce raisonnement, il se trouve néanmoins des personnes, d’ailleurs judicieuses, qui ont la faiblesse d’adopter les idées de la populace, & de répéter avec cette troupe imbécile, qu’il ne faut pas se défier de la providence, que la mer est inépuisable & que c’est peut-être aux précautions employées pour restreindre la liberté indéfinie de la pêche que l’on doit attribuer la disette de poisson que l’on éprouve depuis longtemps sur toutes les côtes du Royaume... ». Nouveau commentaire sur l'Ordonnance de la marine, du mois d'août 1681, 1776, commentaire sur le livre V De la pêche qui se fait en mer

A ce stade, je ne sais pas si j'ai encore le courage d'évoquer les ravage causés par les sonars des sous-marins sur les cerveaux des mammifères marins, les rejets toxiques et mortels des fermes de saumon en pleine eau ou le plastique qui empoisonne tout être marin. Mais regardez le documentaire sur Greenpeace sur Arte ce soir.

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