Elle me lance un regard un peu incrédule, la préposée aux renseignements:
« Ma certo ,c'est écrit non que c'est ici le train sur votre papier...Donc, c'est ici. »
« Oui, ma chère madame, mais j'ai des informations contradictoires sur votre site web où il est stipulé, en rouge,que le train part d'une autre gare, d'autre part, il n'est pas annoncé sur vos tableaux. » Mon italien minable ne me permet pas vraiment de faire aussi poli, mais l'information passe.
« Ma certo, c'est là, bon voyage, bongiorno »
Le quai 20 à présent, le train, la voiture deux en premières classes. Une voiture de premières, en deuxième position, je me pense bêtement arrivée à destination.
Faux. Je monte dans un train bondé et,au posti 13 de la carrozza 2, primera classa: un mec.
« Vous êtes à ma place. »
« Non j'ai un billet de premières. »
« Ouais, ben moi aussi mon gars, puis-je voir votre billet? » Non parce que, je les connais ces individus qui vous piquent votre place, vous font passer pour une débile, douter du bienfondé de votre requête et vous volent votre place alors qu'ils n'ont pas du tout le billet qu'il faut. Gagné!
« C'est un billet de premières, certes, mais sans aucune place stipulée. Moi si, place 13, et c'est ici »
Sourire. Ne plus bouger. Attendre. Il bouge.Je pose le barda. Ah, papa qui attend sur le quai.
Je descends, il me tend la glace, c'est un jus à présent, avec tous les parfums mélangés et des bouts (marron glacé, gageons...). Pas bon.
Un controlleur arrive.
« Ciao bello, dites donc, c'est bien la voiture 2 là? »
« Ah non, là, c'est la voiture 1, la voiture 2, c'est l'autre »
« La voiture 2 est en première place donc »
« Oui, on a mis deux voitures de premières, on a réuni deux trains »
« Ah ,mais l'une est une voiture de premières classes, l'autre pas, ce ne sont pas deux premières classes.»
« Ah ben si. »
« Mais mon petit, moi je veux être en premières pour pouvoir brancher mon ordi »
« Ouh mais c'est pas un problème, y'a des prises en secondes »
« Certo? »
Et c'est là qu'intervient le fameux: « Parola di Lupetto » assorti d'un geste liant des doigts en croix et un bisou. Croix de bois, croix de fer.
Je vérifie, rien. Je fais monter le contrôleur-Lupetto, je lui demande de me trouver une place avec une prise, il vire un monsieur qui était à une place et me dit:
« Là, voilà, mettez-vous là. »Il part.
Je regarde le délocalisé, interloquée, gênée.
« Il y a une prise là? »
« Ah non, pas du tout »Il a déjà rangé toutes ces affaires, le pauvre.
« Ben, restez à votre place enfin...c'est ridicule cette affaire . »
Le Lupetto il va m'entendre, il a beau être mignon, ça ne va pas se passer comme ça.
Truttt Trutttt on va partir, la bise à papa et c'est le départ.