Jeunes militants, nous nous sommes engagés très tôt au sein de la famille socialiste et d'associations progressistes, car nous défendons le respect des droits de l'Homme et la justice sociale. Ces valeurs, elles guident notre action et notre engagement au quotidien, et elles sont notre boussole, même lorsque le navire tangue.
Devant la nouvelle opération militaire de Tsahal sur la bande de Gaza et le nombre de morts qu'elle engendre chaque jour, c'est naturellement que nous nous sommes indignés, dans la rue ou dans les discussions que nous avons pu avoir. Nous l’avons fait avec nos mots, sans rien ignorer des spécificités de ce conflit, de sa dimension symbolique hypertrophiée, mais en refusant que ces spécificités constituent une raison de fermer les yeux sur les crimes de guerre et la violation du droit international.
Le conflit israélo-palestinien, avive les passions, non pas depuis la création de l'Etat d'Israël comme beaucoup le laisse entendre, mais depuis que cet Etat perpétue une occupation injuste, illégale et meurtrière. Au Proche Orient, nous ne sommes pas face à une "guerre de religions". Les bombardements de Gaza n'ont avoir ni avec la religion, ni avec les origines. En Cisjordanie et dans la bande de Gaza, nous sommes en présence d'un colonisateur et d'un colonisé. Il est important de faire cette première distinction, car tout ce dont on accuse aujourd'hui les camarades qui se mobilisent pour la Palestine repose sur cette confusion initiale. Ce que nous dénonçons aujourd'hui, c'est un problème politique. Nous dénonçons la politique colonialiste et intolérante d'un gouvernement de coalition de la droite et de l'extrême-droite.
Comment voudriez-vous que, en tant que jeunes socialistes, nous ne soyons pas révoltés de cette situation ? Plus de 1600 morts, dont 90% de civils innocents, hommes, femmes et enfants. Chaque jour, les habitants de la bande de Gaza souffrent du blocus économique, souffrent de vivre dans un territoire de plus en plus exiguë, une prison à ciel ouvert. Prendre position est le devoir de chaque humaniste, se taire c'est cautionner l'injustice, cautionner la barbarie et le massacre de civils. C’est ce que nous pensions. Peut-être était-ce naïf.
C'était en tout cas sans compter sur les remarques que nous avons pu entendre, stupéfaits puis écœurés, à propos des jeunes qui se battent pour défendre le droit à l'existence et à la sécurité d'un Etat palestinien. Il s'est trouvé qu'en France, nous ne pouvions pas dénoncer la politique colonialiste de Benjamin Netanyahou et du Likoud sans être pointés du doigt par certains comme des antisionistes, voire même des antisémites... Que de mots, que de maux. Alors même que de nombreuses voix en Israël s'élèvent contre cette politique, nous avons entendus, y compris parmi nos propres rangs, des réserves concernant notre position, et des mots d’une violence parfois inouïe à notre encontre. Ces personnes qui nous pointent du doigt, nous mettent, d’une phrase, dans le même sac que Soral, Dieudonné et consorts et commettent l'erreur de transformer une revendication politique et humaine en un affrontement religieux et communautaire, en une « guerre de civilisations ». C'est la première fois que des socialistes associent ainsi le tout à la partie, les dizaines de milliers de manifestants à une poignée de malades racistes, et enferment ainsi le combat propalestinien dans le rejet des juifs. Ce procédé injuste et indigne ne fera que radicaliser des jeunes sortis spontanément dans la rue pour s'indigner et réclamer la paix au Proche-Orient. S’il venait à réussir, il nourrirait le monstre qu’il prétend combattre : en délégitimant tout combat propalestinien comme étant antisémite, il légitimerait, en retour la haine des juifs, au nom de la défense du peuple palestinien.
Nous condamnons -bien sûr ! et sans préavis- les fauteurs de troubles, nous condamnons, les casseurs. Nous les vomissons, comme nous vomissons toute forme de racisme, les personnes qui scandent "mort aux juifs". Nous l’avons dit sans cesse. Pourquoi s’est-il dès lors trouvé des élus républicains –de gauche ! - pour assimiler systématiquement l’ensemble des manifestants pour la paix aux groupuscules de casseurs et d’antisémites ? Ce qu’ils ont toujours dénoncé quand on l’appliquait aux syndicats de travailleurs, ils l’ont pratiqué contre les manifestations pacifistes. On n'a jamais interdit les manifestations contre le mariage pour tous, les Jours de colère et autres rassemblements qui apportaient leur lot de blessés chez les forces de l'ordre et de casse, au nom de la liberté d’expression. Mais on a jugé possible d’interdire les manifestations pacifistes pour Gaza. Il est temps d'arrêter de mélanger droits et libertés publiques et répression d'actes intolérables, mais qui restent marginaux.
Las d'entendre ces reproches, las de se justifier, las d'avoir "peur" de participer à des rassemblements pour la paix au Proche-Orient, nous sommes fier-es de notre combat pour la justice. Nous refusons de voir les amalgames qui sont faits lorsque l'on insurge et que l'on condamne des crimes de guerre. Haut et fort nous condamnons la politique du gouvernement israélien et l’intervention à Gaza. Nous sommes jeunes socialistes, pacifistes et internationalistes. Notre engagement est partout où des peuples sont opprimés. Nous ne souhaitons au Proche-Orient, qu'une seule chose, et nous le dirons une dernière fois pour de bon : la fin du blocus à Gaza, de la colonisation de la Cisjordanie, la création d'un Etat Palestinien paix avec l’Etat d’Israël. Et nous ne demandons qu’une chose ici : le respect de ce combat, et la fin de la suspicion hideuse d’antisémitisme.
Témoignage militant co écrit par Sarah Haddi, Boris Bonnet, Mehdi Chalah, Akli Chabouni, Mickael Fernandes et Sarah Kerrich