Entretien avec Claire Tixeire, membre de l’association Center for Constitutional Rights.
Depuis l’arrivée au pouvoir d’Obama, l’association américaine Center For Constitutional Rights a mené campagne pour que la nouvelle administration rompt avec les pratiques de Bush. Lutter contre l'impunité est primordiale. C’est pour cela qu’elle souhaite un procès contre Donald Rumsfeld.
Le Journal de Libertés-Culture : Quel a été l’impact de votre campagne aux Etats-Unis ainsi que le livre publié par le président de votre association à propos de Rumsfeld ?
Claire Tixeire : Obama a annoncé la fermeture de Guantanamo et des centres de torture de la CIA. Pour nous, c’est une victoire. La répudiation de toute torture qui est contraire au droit international, on s’en réjouit. On espère que ça ne soit pas que symbolique. Tout auteur de crime doit être poursuivi. On espère qu’il y aura des poursuites contre Rumsfeld.
Après le rapport du Sénat accablant Rumsfeld, y-a-t-il une chance pour qu’un procès s’ouvre ?
Le rapport du Sénat, c’est un document officiel détaillé qui accuse Rumsfeld. Mais il faut une volonté politique.
Quelle est la position d’Obama sur cette question ?
En avril 2007, Obama avait déclaré que ceux qui avaient violé le droit devront répondre de leur crime mais il ne faut pas regarder en arrière. S’il doit avoir des poursuites, ça ne sera pas dans son premier mandat. On doit attendre un autre mandat. Nous avons peur de l’oubli, qu’il n’y ait pas de justice pour les victimes. L’impunité encourage d’autres crimes.
Des poursuites ont été mené ailleurs contre Rumsfeld notamment en France, pourquoi ?
On privilégie la justice américaine. Néanmoins, nous nous basons sur la compétence universelle* pour poursuivre Rumsfeld dans d’autres pays. C’est un moyen de faire la lumière, d’informer l’opinion publique. Dire que les victimes existent. C’est pour elles que nous nous battons.
*La compétence universelle est, en droit, la compétence exercée par un État qui poursuit les auteurs de certains crimes, quel que soit le lieu où le crime a été commis, et sans égard à la nationalité des auteurs ou des victimes. En France, la torture fait partie de la compétence universelle.
Propos recueillis par Sara HORCHANI