Le jeudi 25 février dernier le président Nicolas Sarkozy s’est rendu au Rwanda. C’était la première visite d’un chef de l’Etat français depuis 1994, date du génocide des Tutsis et du massacre des Hutus qui s’y opposèrent.
Dans ce contexte et à l'heure des 50 ans d'indépendance de plusieurs pays africains, Le Journal de Libertés-Culture a interviewé Stéphanie Dubois de Prisque, Chargée de communication à l'association Survie,
Survie est une association (loi 1901) qui mène des campagnes d’information et d’interpellation des citoyens et des élus pour une réforme de la politique de la France en Afrique et des relations Nord-Sud.
Quelle est la position de Survie dans le rôle de la France dans le génocide rwandais?
Stéphanie Dubois:Nous sommes pour la reconnaissance de la complicité française du génocide rwandais de 1994. Il existe des preuves et témoignages sur connaissance de la préparation du génocide, on a continué à alimenter en armes, finances,et protéger les génocidaires à fuir, protection sur le sol français, plaintes jamais instruites
En 1994, lors du génocide, Nicolas Sarkozy était ministre du budget? Est-il impliqué dans cette complicité française du génocide?
Oui, il avait connaissance des transactions financières qu'il a signé. On connaît le soutien financier apporté par la France au régime génocidaire, via BNP-Paribas.Son statut de porte-parole du gouvernement l’amena à déclarer à propos de l’opération Turquoise, le 20 juillet 1994. « C’est tout à l’honneur de la France de s’engager dans une opération humanitaire […] Imaginez ce que seraient ces images s’il n’y avait pas la zone de sécurité, si les soldats français de l’opération Turquoise n’avaient pas fait ce qu’ils ont fait avec un courage formidable ».
Pour Nicolas Sarkozy comme pour Edouard Balladur, Alain Juppé et Hubert Védrine, il relève de complicité de génocide et doit rendre des comptes.
Et la gauche?
La complicité française dans le génocide reste un sujet tabou pour notre classe politique,
Toutes les bloc politiques font front puisque c'était cohabitation, l'armée ne veut pas reconnaître les erreurs.
Selon vous, quels sont les enjeux du rapprochement de la France et le Rwanda?
Complètement économique, favoriser les entreprises françaises et avec celà une amnestie mutuelle pour les crimes de chacun. On voit un revirement de la position de Kagamé qui se contente du mot " erreur", pour collaborer avec la France avec les intérêts économiques
Voyez-vous une volonté réelle des deux pays à ce que la justice soit faite par rapport aux génocides?
La volonté n'est pas suffisante, le Rwanda abandonne les poursuites de justice pour les français. En 2004, la France a été condamnée par la Cour Européenne des Droits de l'Homme pour la lenteur de la justice. Cependant, il y a eu quelques avancée avec le pôle génocidaire crée par Bernard Kouchner. Ce pôle rassemble des magistrats spécialisés dans le crime contre l'humanité dans le crime contre l'humanité qui examineront les plaintes des présumés génocidaires en France
Dernièrement, Nicolas Sarkozy a fait une tournée de Nicolas Sarkozy en Afrique,Voyez-vous une rupture de la Franceafrique en cette année des 50 ans d'indépendance?
Pas de rupture avec Nicolas Sarkozy, c'est une autre forme de françafrique: maintien de dictateur, favoriser les intérêts français avec les entreprises françaises, c'est catastrophique: la France continue à soutenir les dictateurs.
Exemple au Gabon, La succession Ali Bongo a été validé par la France et alors que les opposants parlent de fraude
Au Congo, la France a validé la réélection du dictateur Denis Sassou Nguesso en juillet 2009 malgré les nombreuses critiques émanant de l’opposition mais aussi de l’Union Européenne, dénonçant le manque de fiabilité des listes électorales, la partialité de l’appareil administratif, ou encore l’absence de contrôle des urnes, n’ont pas non plus chiffonné la France
En Mauritanie, la France n’a rien trouvé à redire non plus au fait que le général putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz (auteur du coup d’État contre le président légitime Sidi Ould Cheick Abdallahi en aout 2008) se présente à l’élection présidentielle de juillet 2009, Ce clan putschiste aux commandes de l’État a ainsi pu truquer massivement les listes électorales et gêner considérablement le gouvernement d’union nationale chargé d’organiser le scrutin.En outre, la diplomatie française a exercé une pression non négligeable pour pousser l’opposition mauritanienne à participer à un scrutin ne remplissant pourtant aucun des critères d’équité et de transparence.
Les actions prévues par Survie pour ces 50 ans?
Nous allons mener des actions de débat sur l'armée française en Afrique qui est le dossier noir depuis 50 ans.
Propos recueillis par Sara HORCHANI
Pour Libertés-Culture
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