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Billet de blog 6 juin 2019

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Sur un Air de Campagne (49)

« Même s'il fallait payer pour jouer la Coupe du Monde, je voudrais y participer » Une joueuse française de l'équipe de foot féminin

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Défendre des Couleurs © Santangelo

Tous les deux ans, les grands jeux du cirque reviennent sur nos écrans neufs pour nous rappeler que nous faisons partie de la communauté internationale, que la Terre est ronde et le monde petit. Une fois la Coupe du Monde de football, une fois les Jeux Olympiques. En alternance. En 2024, Paris sera de nouveau capitale mondiale. Et les stars du sport sans frontière joueront encore les vedettes télé. Tous les deux ans c'est le même cinéma, et les ménagères aussi sont devenues de ferventes téléspectatrices. Pourtant, les J.O n'ont plus le goût d'autrefois et l'on se demande pourquoi.

Hier matin, on apprenait dans le journal que Total ne serait pas partenaire de cette grand-messe. Ça y est. On a compris. On se souvient pourquoi l'on n'aime plus les J.O. C'est parce que le fric a remplacé la politique.

Alors, plutôt que de faire des économies pour vous acheter un écran mega-géant, ultra-plat, sans prise et qui tient tout seul au mur, regardez plutôt sur votre télé - pas si vieille encore – la Coupe du Monde de football féminin qui commence ce vendredi et se jouera dans neuf villes de l'hexagone jusqu'au 7 juillet. Vous y verrez du beau jeu, peu de fautes, beaucoup de passes et des tas de buts.

Dans le foot féminin, comme dans le football masculin qu'on aimait, on voit encore des petits et des grands ponts, des corners rentrants, des coups du sombrero et toutes sortes de gestes techniques oubliés. Comme dans le football du temps où Platini gagnait le SMIC à l'AS Nancy-Lorraine, où les sommets Bastia-Saint-Etienne se soldaient par des 4 à 2 et où le « jeu à la nantaise » permettait de gagner la Coupe de France tous les deux ans.

Personne ne regrette les poteaux carrés, mais on ne peut que déplorer la trahison des dirigeants du sport international, qui ont laissé l'argent devenir roi – même aux Jeux Olympiques.

Aux Jeux de Los Angeles, déjà, les stars du foot français avaient laissé la place aux « coiffeurs » faute de prime suffisante. Quel prix pour un maillot national ? Combien vaut ton drapeau ?

Depuis quelques années, ce ne sont plus les dirigeants des différentes fédérations nationales ou internationales qui font la loi dans le sport mais, de plus en plus, les parieurs de l'Internet. Désormais, on peut parier non seulement sur le nom du vainqueur d'une rencontre, mais aussi sur le nom des buteurs, sur le nombre d'aces ou le nombre de kilomètres que fera le baroudeur échappé. Et les « purs » J.O n'échappent pas à cette loi. Les sommes en jeu sont énormes. Peu de scandales pourtant ; le Toto Calcio, les affaires Tapie, le nom de Blater qui revient, et trois ou quatre joueurs de tennis soupçonnés d'avoir eu le petit-bras un peu trop volontaire. Alors qu'on parle de privatisation de la Française des Jeux, il serait peut-être temps d'en savoir un peu plus.

Rien de tout ça dans le foot féminin. Le football ce n'est pas « c'était mieux avant », mais « la vie est ailleurs. » Et cette année, l'ailleurs c'est chez nous. Alors que la fête de la victoire des Bleus lors de la dernière Coupe du Monde n'avait pas le goût espéré, celle que l'on souhaite aux jeunes joueuses françaises, lors de ce tournoi, pourrait avoir des relents de 98. Car la France, malgré ce qu'en disent certaines féministes, est encore en avance sur ce point, et championne d'Europe presque tous les ans depuis une décennie avec son équipe de Lyon.

Les femmes seraient-elles plus fair-play et moins cupides que les hommes ? Rien n'est moins sûr. Mais, pour l'instant, le football féminin est épargné. Et c'est pour cela qu'il est à la mode. Même si vous n'aimez pas le sport, avec un tarif du billet qui défie toute concurrence et un public bon-enfant, vous pourriez même vous prendre au jeu en famille dans les tribunes.

Alors qu'on commémore en ce D-Day, comme tous les ans, ceux qui ont donné leur vie pour le drapeau de la liberté, on salue celles qui mouillent le maillot pour la simple beauté du jeu et la fierté nationale.

L'histoire ne dit pas si, pendant la troisième mi-temps, en compagnie des Américaines, des Canadiennes et des Anglaises – elles-aussi expertes en soccer féminin – toutes ces jeunes et jolies jeunes femmes jouent à la soule.

Saul Santangelo des Regs

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