17 – Les cousins
Terry Water ne savait pas ce qu'il faisait là, allongé de tout son long, sur ce canapé en cuir de vachette, harnaché de ses vêtements de pluie, les yeux écarquillés par la lumière marronnasse qui tombait du lustre en bois, ni comment il était arrivé dans cette maison paysanne (mais, est-ce vraiment une maison?), ni depuis quand il se trouvait là et il ignorait, a fortiori, les raisons de cette défaillance flagrante de sa mémoire: il ne savait pas (le saura-t-il un jour?)
Moma : On dirait que le malade se réveille de sa torpeur. Il a une bonne tête. Il sourit. Il a l'air en forme. Ça va Terry ?
Terry Water : Qu'est-ce que je fais là ?
Moma : Vous avez perdu connaissance, deux fois...
Terry Water : ça veut dire que j'ai tout oublié ? Que je ne sais plus rien ?!
Moma : Mais si, ça va revenir. Pas d'inquiétude. Ça va aller. Vous avez mal quelque part ?
Terry Water : Un peu.
Moma : Où ça ?
Terry Water : Au crâne.
Moma : Le mal de cheveux... J'ai connu ça, autrefois...
Yucca : C'est le ragondin...
Terry Water : Oh, non, pas... ÇAAAAA !
Yucca : Tu vois, il s'en souvient !
Moma : Et après ?
Terry Water : J'ai vraiment mal à la tête.. après quoi ?
Moma : Après, je vous ai dit de vous reposer. Pour vous calmer, je vous ai donné une bouteille de rhum, j'ai placé la canotier au bout du canapé, sur l'accoudoir, à vos pieds, je vous ai demandé de ne pas vous endormir avant de voir deux chapeaux. C'est comme ça qu'on traite ce genre de choses. Mais vous avez bu mon meilleur rhum... jusqu'à ne plus voir de chapeau du tout...
Terry Water : J'en reprendrais bien une petite goutte..
Yucca : Je vous l'interdis formellement !
Moma : Laissons-le se reposer et recouvrer ses esprits. Ça prendra du temps. Il faut que ça cicatrise. Mais il finira bien par reprendre le dessus...
Yucca : On vous laisse, Terry. Je vais revenir vous apporter quelque chose à manger.
Terry Water retrouva sa position couchée, la main droite sur le haut du front, qu'il avait large, soupira, puis tenta de se remettre sur le côté, la main gauche sous l'oreille, avant de regagner aussitôt la position assise, sur le bord du canapé, la tête entre les deux mains. Il chercha ses lunettes et sa pipe, autour de lui – sur la table basse, sous la table basse, à côté de la table basse - finit par mettre la main dessus et, ajustant ses bésicles à ses oreilles, et portant la bouffarde à sa bouche, il se mit à observer la pièce environnante, comme s'il n'y était jamais entré, avant. Mais qu'est-ce que C'EST ENCORE QUE ÇA ???!!!
Les murs peints en beige, étaient recouverts d'insectes, qui volaient paresseusement, dépourvus de toute élégance ; le sol constellés, l'air alentour envahi par ces monstres de bonne taille. Il ne manquait plus que ÇA ! Des centaines de tipules. Terry Water voulut crier à l'aide puis, se ravisant, tenta de se rallonger, avant de prononcer son prénom, qui avait un goût nouveau dans sa bouche (Synesthésie, quand tu nous tiens) depuis l'épisode de veille : Yucca ! Yucca !
Aussitôt, elle apparut sur le seuil : Plaît-il ?
Terry Water : C'est quoi toutes ces bestioles immondes ?
Yucca : Ce ne sont que des tipules. Tout à fait charmantes et douces. On les appelle aussi « bibets », ou « faucheux », ou « faucheurs », ou encore « cousins ». Elles sont mignonnes, vous ne trouvez pas ? Gracieuses comme des demoiselles, solides comme des araignées et drôles comme des moustiques. Moi, je dis cousins. Mais, par chez nous, on les appelle aussi les « mickeliks ».... Parce qu'ils apparaissent, selon la tradition paysanne, le jour de la Saint Michel, dans les maisons dont les propriétaires n'ont pas encore payé le loyer de la ferme. C'est à date fixe : le 29 septembre, chaque année, pour la Saint Michel.
Terry Water : Très bien... Très bien... Mais il faut faire quelque chose pour les chasser de là ! C'est... c'est... IMMONDE !
Yucca : Tous les goûts sont dans l nature.
Terry Water : Je sais... c'est même une assez bonne définition de la nature... Mais ça, c'est encore pire que les plaies d'Égypte !
Yucca : Vous avez échappé aux grenouilles et aux furoncles.. vous avez de la chance, dans votre malheur !
Terry Water : Il ne reste plus qu'à rejoindre une terre promise... Et il faudra encore traverser le désert !
N'y tenant plus, Terry Water entra dans une sorte de transe rageuse, bien décidé à se venger de toutes ces petites bêtes (et grosses bêtes) qui l'avaient attaqué, depuis son arrivée dans cette... (maison?)... oui, maison, et il entreprit d'écraser tous les cousins avec l'intention de réellement commettre un meurtre.
Yucca : Vous avez de belles mains, Terry !
Terry Water : Des mains de guitariste : ongles longs à droite, pour gratter, ongles courts, pour le manche, à gauche.
Encore un cri soudain ??!!
Une voix de femme, provenant du couloir. Quoi encore ? C'est Albert... Quoi Albert ? Quel Albert ?
Ma mère déboula dans le rêvoir, affolée, en larmes, en pleurs, en pantoufles. Je lui dis de se calmer et de me raconter ce qu'elle a à dire d'un ton plus posé, après avoir repris son souffle.
C'est Albert... ton cousin ! Il mariait sa fille cadette, aujourd'hui... mais si, je t'en ai parlée... la petite Joséphine.. Il est... Il est... Mort ? Oui, mort. Mais comment est-ce arrivé ? Il est descendu à la cave avec la mariée et son futur gendre, pour leur faire goûter un petit alcool maison, avant la cérémonie. Et il s'est trompé de bouteille. Il a avalé un demi-litre d'eau de Javel. Et il est... il est ? Oui, il est mort !
J'ai jamais beaucoup aimé les cousins...
Yucca : Moi non plus, pour être franche.
Terry Water : Et moi donc !
Terry Water chassa la buée sur ses lunettes en les frottant dans son pull. Yucca dansait d'un pied sur l'autre. Je lâchai mon stylo. C'est le premier mort de l'histoire. RIP. Requiescat In Pace. Rest In Peace. Repose en paix, Albert.
Terry Water se saisit d'une tipule morte, la jeta par la fenêtre, et un engoulevent, qui passait par-là, le bec ouvert, la goba, en vol.
18 – Le serpent
Tiens, un chat ! Mais on dirait Olga... Qu'est-ce que tu fais là, minette ?
Le saviez-vous ?
En linguistique, depuis Ferdinand de Saussure et les structuralistes, on a l'habitude de définir un signe linguistique – c'est à dire, le plus souvent, un mot – en distinguant le signifié et le signifiant. Le signifié désigne la représentation mentale du concept associé au signe, c'est à dire, dans le cas d'Olga, la suite de lettres 'o l g a', et le signifiant désigne la représentation mentale de la forme et de l'aspect matériel du signe, c'est à dire une 'image' (ou un selfie) de chat qui ressemble à Olga – il faudrait faire un dessin... Mais, ce que l'on ne sait pas, dans les hautes sphères de l'Université, c'est que Olga, notre petite chatte, existe aussi par son cri 'miaou', par l'imitation de son cri – vous verriez comme je le fais bien, impayable dit-elle – et également à travers l'imitation de ses gestes et de ses attitudes, par le souvenir qu'elle a laissé en moi, par son odeur si particulière et, mais là je vous demande de me croire sur parole, qui l'eût cru, Olga prend aussi pied dans la réalité par son âme.
Oh, la belle petite minette ! Que fais-tu là, ma chatte ? Pourquoi es-tu à l'arrêt, aux côtés de Fous L'Camp, là, dans la cour, près de la terrasse, dans le jardin (les pigeons : Il est pas en sucre c'pd ! ) jouxtant cette maison paysanne (Mais, si, une maison) telle un chien de chasse devant une bécasse, par une belle après-midi de novembre ? (Les corbeaux : Y'en a marre!) Terry Water se dirigea vers la chatte et, tout à sa surprise, de belle taille, se figea aussitôt qu'il aperçut le serpent - un serpent d'au moins un mètre cinquante de long, à la peau mordorée, qui sifflait méchamment, face à Olga et Fous L'Camp. (Le geai : cette fois-ci t'es foutu!)
Terry Water comprit enfin, en un éclair, ce que l'on entendait, depuis le début du récit, par les termes de « Terreur Archaïque », et il en avait des sueurs froides, dans le dos. Il comprit également que, cette fois-ci, il lui faudrait se débrouiller seul. Excité par le défi, piqué au vif par cette provocation du destin, n'écoutant que son orgueil blessé par les aventures subies durant son séjour, un orgueil qui lui tenait lieu, désormais, de courage, il s'approcha, à pas de loup, de la scène de bataille : Fous l'Camp avait déguerpi, et Olga, immobile, la queue en l'air, toutes griffes dehors, confrontant le serpent – qui se tortillait sur lui-même en arborant le 'V' de la victoire, avant l'heure, avec sa langue bifide et mortelle. Terry Water se statufia une nouvelle fois, le temps de prendre la décision qu'il fallait prendre sans attendre (les grands hommes se révèlent toujours dans de telles occasions) et qui pourrait lui sauver la face, après tous les déboires que nous vous avons narrés. D'un geste calculé, il saisit la bêche, plantée dans le sol, à quelques mètres du théâtre des opérations, dans le parterre de fleurs – œillets d'Inde et lupins, principalement – et, se plaçant à cinquante centimètres du reptile, lui planta le tranchant de l'outil, d'un coup sec et nerveux, au niveau de la base de la tête. Le serpent était désormais tout entier bifide, en deux morceaux. Son corps tout en longueur, irrigué de sang froid, fit preuve de quelques soubresauts, simples réflexes, et s'immobilisa, décédé. Olga l'avait tenu en respect, durant toute l'opération. Elle se pourléchait les babines. Terry Water reposa la bêche en la plantant dans le même parterre. Well done ! Terry Water s'était révélé, dans l'adversité ; il était bien de la trempe des aventuriers et des explorateurs, même si, comme tous les ethnologues, il haïssait les voyages. Yucca, qui n'avait rien manqué de la scène, cachée par le buisson de buis – un bois très dur, le buis, dont on fait des manches – ne tarda pas à manifester sa présence : Et, bien, Terry ! Je ne vous savais pas capable de tels exploits ! Vous continuez à me surprendre !
Terry Water : Je l'ai eu ce putain de crotale à sonnettes.
Yucca : Ce n'est qu'un couleuvre, Terry. Mais ça n'enlève rien à votre courage. Il ne vous reste plus qu'à la dépecer, à faire sécher sa peau au soleil, et vous l'aurez, votre animal-totem. Je vais vous prêter un couteau.
Moma : Il est à qui ce chat ? Jamais vu un chat pareil ! Jamais...
Aussi inopportun que malvenu, depuis l'allée de peupliers, leur parvint, brisant l'ambiance, guilleret quand il aurait fallu être grave, tonitruant alors qu'il aurait fallu de la pompe, la sonnerie d'un klaxon italien. Qui ça peut être ? Une MG, décapotée, vint se garer dans la cour, à quelques mètres du héros, de ses fidèles amies.
Santangelo : ça va comme vous voulez, les ruraux ?
Terry Water : C'est qui, ce mec ?
Yucca : ça va... ça va...
Santangelo s'approcha de Yucca, alerte : Alors chérie, tu t'amuses bien ?
Il déposa un petit baiser charmant sur les lèvres de la jeune femme. Terry Water n'en croyait pas ses yeux.
Yucca : Et, oui, Terry... C'est notre auteur. C'est lui, mon dieu ! Je vous avais dit qu'il ressemblait à ça. Je vous avais prévenu. Tout est possible, en matière de littérature.
Terry Water s'empara du couteau que Yucca lui tendait, un peu gêné par son audace, ravalant une fierté mal placée et, attrapant sa proie, s'en alla la dépecer et la faire sécher, au soleil. C'est très simple de retirer la peau d'un reptile mort mais, le plus souvent, ceux qui cherchent à faire ce genre de choses, ne parviennent pas jusqu'à cette étape, sans parler d'en faire une ceinture ou des bottes.
Santangelo : J'arrive à point nommé pour l'heure de l'apéro !
Yucca : Ta mère n'est pas venue ?
Santangelo : Elle est partie soutenir le moral de la fille du cousin Albert. Une drôle d'histoire... Je te raconterai. Elle ne s'en remet pas, de la mort stupide d'Albert... Mais tu sais comment elle est : c'est une femme forte, ma mère... Tu sais tout ce que je lui dois ! Qu'elle soit bénie...
Quelques minutes plus tard, ils se trouvèrent tous réunis, autour de la grande table de la salle, et ils trinquèrent plusieurs fois, en se souhaitant 'santé-bonheur' de petits coups de verres Duralex entrechoqués. Yucca avait voulu sortir les flûtes mais Moma lui avait répondu qu'il fallait appeler un chat un chat, et que le crémant, ce n'est pas du champagne, enfin pas vraiment. Et, alors que la monumentale comtoise sonnait l'heure du repas, intimidant par sa supplique une assemblée redevenue silencieuse, Tonnefort s'adressa à Terry Water : Tu as quelque chose sur le pull, Terry !
Yucca : Ah, oui, sur l'épaule... Mais qu'est-ce que c'est ?
Terry Water baissa la tête sans y penser, se sentit un peu bête, puis épousseta son pull de la main, en attrapant la chose qui n'était pas à sa place.
L'arborant : C'est quoi ?
Yucca : On dirait une plume de pigeon. Ah, oui... c'est ça ! C'est bien une plume de pigeon. Elle doit provenir du duvet...Vous allez pouvoir la prendre pour écrire vos aventures, Terry ! Vous en avez, des choses à raconter...
Santangelo : C'est comme ça que naissent toutes les grandes histoires, et que commencent les bons romans...
Yucca : Eden, éden... Hélas, hélas...
Terry Water : Si on m'avait raconté tout ça, je ne l'aurais pas cru !
Et si c'était un roman inachevé ?
19 – Le mouton
Ça sent le cramé ! Vous ne trouvez pas que ça sent le brûlé ? Depuis qu'il était un homme, un vrai, Terry Water avait la parole plus rare ; le silence ça s'apprend et, quand on maîtrise, on peut lui faire dire beaucoup de choses ; mais, en la circonstance, il fallait l'ouvrir, sans quoi on risquait tous de finir dans un brasier.
Terry Water : Je vous assure, ça sent vraiment le brûlé !
Moma, sorti de sa réflexion apathique : Ce n'est rien... C'est le mouton. On prépare un grand méchoui, pour ce soir. Pour marquer le coup. Vous n'étiez pas au bout de vos surprises...
Yucca : Mais personne ne m'en a parlé, de ce méchoui ! J'avais prévu une grande omelette avec des patates sautées... Moma, ne recommence pas avec tes petits secrets ; je n'aime pas ça du tout !
Moma : À présent, il faut que je vous montre quelque chose. Suivez-moi, tous !
Santangelo : Moi aussi ?
Moma : J'ai dit tout le monde !
Adoptant une attitude paternaliste et une démarche qui en imposait, et qu'on lui découvre, éberlués, Moma était déjà parvenu au seuil de la cuisine. Il se retourna vers l'assemblée : Ben alors ? Vous me suivez ou pas ? Raouste !
Yucca : ça veut dire quoi « raouste » ?
Santangelo : C'est un mélange entre Heraus, en allemand, et ouste, en vieux français. Un mot-valise, si vous préférez...
Ils se levèrent ensemble, tous les quatre, et se mirent en devoir de suivre le chef de famille, qui avait décidé d'exercer son sacerdoce pleinement, semblait-il. Arrivés à l'étage, Moma leur montra l'échelle qui menait dans les combles. Santangelo fut le premier à comprendre. Les autres allaient suivre...
Sous les toits de la grande maison (un manoir?) ils trouvèrent une dizaine de techniciens, affairés autour d'ordinateurs, d'écrans et de matériel ultra-sophistiqué, tout entiers plongés dans un travail qui requérait de la concentration et des nerfs d'acier.
Yucca : Mais qu'est-ce que c'est que ce bazar ??!!
Un technicien : Moi, je crois que l'écologisme, ce nouveau totalitarisme, n'est que la conséquence de l'aporie des Lumières. La fin de la domination de l'homme et de sa culture, sur la nature. D'où naîtrait un obscurantisme plus sombre encore que celui des vieilles religions...
Un autre technicien : Le pire c'est que, à mesure que la population mondiale croît, le besoin d'espace vital par individu augmente proportionnellement. Il n'y aura bientôt plus de place pour tout le monde, si ça continue !
Les quatre convives étaient ahuris devant ce déploiement de force invisible et cette débauche de technologie secrète.
Yucca : Il y avait VRAIMENT des caméras dans toute la maison ?!
Moma : Rassurez-vous. Rien de pernicieux, rien de salace. Vous avez participé à une grande expérience scientifique, pour la télévision. Vous avez tous été géniaux ! On va faire un carton d'audience et, dans le même temps, tout le monde va apprendre plein de choses sur l'âme humaine... Merci à tous ! On se retrouve autour du mouton en broche, ce soir. Je vous laisse recouvrer vos esprits. Il vaut mieux laisser ces gens finir de travailler sereinement. Merci et bravo !
Personne n'en croyait yeux ni oreilles. Yucca était effondrée. Santangelo tentait d'affronter cette preuve de la supériorité des médias de masse sur la littérature. Tonnefort souriait gentiment. Seul Terry Water conservait une contenance à peu près normale, ce qui, chez lui, était devenu inhabituel.
Un technicien : Tu sais, la chasse et le cinéma, le fusil et la caméra, c'est un peu la même chose... Tout est dans l’œil directeur...
Un autre technicien : Et comment on sait quel est le bon ?
Le premier technicien : C'est simple.... C'est le côté opposé à la jambe d'appel...
Tous les quatre ensemble : ben, ça, alors !
Un technicien : Il est à qui ce téléphone ?
Terry Water : Mais c'est mon téléphone ! C'était donc ça, les craquements et les bruits, la nuit... Et c'est aussi mon dictionnaire de poche franco-anglais ! Où les avez-vous trouvés ?
Moma : Tout le monde en bas ! Les techniciens ont encore beaucoup à faire... Raouste !
Le soir venu, alors qu'une pleine lune de gala allumait le ciel étoilé, ils se réunirent, autour du méchoui. Les émotions fortes, ça ouvre l'appétit...
Yucca : Alors, Terry ? Vous avez décidé de ce que vous allez faire, après ?
Terry ne répondit pas, muré dans un silence qui en disait long. Avant de reprendre la route, et d'abandonner ses amis à leur sort, il déchira un coin du dictionnaire de poche, côté anglo-français, à la dernière page. Il en fit un petit avion en papier, pareil aux travaux d'origami qu'il réalisait dans son enfance, et le lança au vent, qui venait de se lever en brise. Le bout de papier vint atterrir aux pieds de Yucca. Elle le déplia. Le déchiffra. C'était la définition et le dernier mot du dictionnaire. Elle lut à haute voix, en regardant Terry Water : « Zygomatic. »
Plus tard dans la soirée.
Un technicien : Ben alors, petit. Comment t'appelles-tu ?
Tonnefort : Quentin... c'est mon nom...
Le Technicien : Et qu'est-ce que tu lis ?
Quentin : C'est l'histoire d'un loup...
Le technicien : Même pas peur !
Quentin, convaincant, comme toujours : BOUHH !!!
Le technicien sursauta, puis, vexé : Il faut pas rester là petit ! Où habites-tu ?
Quentin: Tout à côté...
Le technicien : Une ferme comme celle-ci ?
Quentin : ben oui, presque la même...