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Billet de blog 12 décembre 2025

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Sur un Air de Campagne (541)

On sait que la première fois, on vise toujours trop haut, et la deuxième toujours trop bas... mais , pour les fois suivantes, nous sommes dans le flou le plus complet.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tu m'fais Rêver © Santangelo

On a appris, cette semaine, la mort de Martin Parr. Le génial photographe anglais, à l'humour vache avec ses contemporains, a révélé, dans une œuvre foisonnante, les ridicules des petites gens, au temps de la société des loisirs. Ses photos à l'ironie mordante mettent en scène des Anglais, le plus souvent en vacances, comme s'ils étaient des caricatures, avec force traces de bronzage, maillots de bain colorés ou coiffures des plus approximatives, entourés d'enfants qui leur ressemblent. Je me souviens d'avoir admiré une exposition de ses œuvres les plus monumentales, en plein air, il y a une quinzaine d'années, sur la Place du Parlement de Bretagne, à Rennes. Mais, en y repensant, je me demande si, alors, dans cette situation de tourisme culturel hasardeux, je ne ressemblais pas, du moins un petit peu, aux personnages grotesques que Parr prenaient pour sujets.

Parfois, pour prendre un plaisir véritable, il suffit juste d'organiser la frustration.

Lorsqu'un groupe de personnes est montré du doigt et diffamé, il faut instruire : éduquez, éduquez, il en restera toujours quelque chose ! Mais, lorsqu'il s'agit d'un individu isolé ?

Pour faire un ami d'un ennemi, la meilleure méthode c'est de plaire à ses enfants.

En m'interrogeant sur la notion de progrès, pris au piège de cette réflexion lorsque l'on oppose progrès moral à progrès technique, j'ai trouvé un argument auquel je n'avais jamais pensé : le nombre. Alors que les démographes, pessimistes, alertent depuis des années, sur les risques encourus par la planète, et par l'humanité même, si la population mondiale continue à croître, je me suis dit qu'on pouvait y voir tout autre chose. L'humanité est faite d'individus. C'est sa richesse. Plus il y a d'individus sur Terre – et il y en a beaucoup plus que dans l'Antiquité – et plus le potentiel humain est grand. La diversité offerte par les six milliards de Terriens n'est-elle pas, à elle seule, une preuve de progrès humain ? Mais, et c'est un paradoxe, si les hommes ne parviennent pas à assurer la paix à l'ensemble de cette population hétéroclite, ce sera peut-être la fin de l'espèce, puisqu'ils possèdent désormais les moyens de son anéantissement. Une fin à l'apogée de son génie, causée par son génie. À moins que l'on ne transforme l'unité humaine en autre chose que l'individu.

Il est des notions simples qui ont un drôle de destin, souvent malmenées ou détournées par les journalistes. Celle de « plaisir de lecture » en fait partie. Alors que, dans ma jeunesse, je n'ai jamais envisagé de lire autrement que par plaisir, depuis quelques années, dans la presse – et en particulier dans la critique littéraire – le « plaisir de lecture » n'est plus du tout évident, au point parfois de devenir un élément à charge. Comme s'il venait gâcher la fête de l'esprit. Faudra-t-il crée un nouveau genre, pour tous ces livres qui offrent encore un vrai « plaisir de lecture » ?

Santangelo

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