Saul Santangelo

Abonné·e de Mediapart

542 Billets

0 Édition

Billet de blog 16 mars 2019

Saul Santangelo

Abonné·e de Mediapart

Sur un Air de Campagne (7)

Alors que la Nouvelle-Zélande vient d'être frappée par des attentats d'une ampleur sans précédent, la France continue de jouer à la gué-guerre sur fond de campagne électorale...

Saul Santangelo

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ecrire pour Exister © Santangelo

Nouvelle journée de mobilisation des Gilets Jaunes, nouvelles violences, et toujours pas de doléances claires. La frustration est à son comble et personne n'arrive à la verbaliser. Partout le simulacre et la simulation ; et il en est encore pour confondre gué-guerre médiatique et Révolution.

Hier, on voyait encore des lycéens s'exciter devant les caméras dans une manif pour le climat. Partout, la falsification, le spectacle sans cesse recommencé. Ils cherchent tous leur petit quart d'heure de célébrité avant de la fermer. Il y a quinze ans, j'ai participé à l'émission « Questions pour un Champion » pour essayer de me faire un peu d'argent. Quinze ans après, dans ma campagne, je trouve encore des gens pour m'en parler.

Quelle tristesse de voir ces jeunes gens manipulés s'amuser encore avec le pouvoir des caméras. On espérait tous que l'Internet allait faire contre-feu face au moloch télévisuel, mais il suffit de passer quelques heures sur YouTube pour réaliser que c'est un échec monumental. Encore à l'âge de prendre le frotti-frotta pour de l'amour, ils ne croient déjà plus en rien qu'en la dérision. Pendant que leurs parents confondent les glandes avec la peur, ils se font manger par la technique avant même de se faire dépuceler.

« La Société du Spectacle » n'a jamais été autant d'actualité, alors que les caméras sont sur tous les téléphones et ordinateurs. Partout, la falsification, le mensonge, l'approximation, la simulation. Tandis que l'artifice a remplacé l'art, que la bigoterie a remplacé la Foi, que les gazouillis ont remplacé l'information, que Skype a remplacé les réunions de famille,, et l'hôpital la prison, le malaise est partout et personne n'est en mesure de l'exprimer clairement.

Comment espérer encore un sursaut de l'intelligence politique alors que les partis s'abaissent tous au niveau du plus petit dénominateur commun ?

Confronté à des problèmes techniques récurrents sur le Web, et ne pouvant même plus écouter les chansons que je poste avec chaque billet, j'ai essayé de trouver des réponses en surfant. J'ai été effondré de trouver des tutoriels du genre « comment pirater un I Phone en 5 minutes ». Ces petits cons ne comprennent même pas le lien entre piratage et la pénétration, ne réalisent même pas que c'est leur frustration qui s'exprime de la manière la plus stupide.

On n'a trouvé que ça et les jeux vidéos violents pour canaliser leur énergie et les surveiller, et l'on s'étonne que les crimes de masse se multiplient. On en est au point où l'on est obligé d'envoyer des livres dans L'Enfer des bibliothèques pour éviter le pire. Impossible de se procurer « Hommage à Breivik » sur la Toile. Doit-on s'en féliciter ou s'alarmer ? Dans les articles de presse sur « Le grand Remplacement » suite aux attentats de Nouvelle-Zélande, pas la moindre référence aux taux de natalité dans les pays européens, en particulier en Allemagne. Pas la moindre occurrence aux travaux d'Emmanuel Todd, que l'extrême-droite a repris à sa sauce depuis déjà dix ans.

Plus de débat nulle part ; ni à la télévision, ni dans les classes, ni même sur Internet ; et de croire qu'un « Grand Débat National » a des chances de tout remettre à plat.

Misère du spectacle. Misère du mensonge politique. Aporie d'un système à bout de souffle. Et le Parti Socialiste, toujours pas remis de l'élection présidentielle, de désigner comme tête de liste aux Européennes le fils d'une icône médiatique, lui-même sur-médiatisé. Misère de la représentation au temps de la toute-puissance des caméras. Misère du tout-à-l'ego généralisé.

Michel Rocard avait résumé l'impasse de notre système, il y a vingt ans, par cette formule : « dans nos démocraties, pour se faire élire, il faut des qualités contraires à celles nécessaires pour gouverner. » Vingt ans plus tard, rien n'a changé. Et après l'Autriche, la Hongrie et l'Italie, c'est le Brésil qui plonge. A moins que ce ne soit encore qu'une illusion pour dissimuler le fait que tout le monde a plongé depuis longtemps...

Saul Santangelo des Regs

 PS/ contrairement à ces derniers mois, "Éloge littéraire d'Andrej Breivik" est désormais disponible, au format numérique uniquement. Et je cite Millet sans parti-pris car je garde un mauvais souvenir d'une rencontre dans le TGV.

(Plus de  chansons ici : https://soundcloud.com/santangelosaul)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.