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Billet de blog 30 août 2025

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Sur un Air de Campagne (526)

On n'est jamais mieux servi que par soi-même...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'est qui le Cochon ? © Santangelo

Ni haine, ni mépris, on est d'accord. Mais, dès lors, comment éviter la colère qui précède l'oubli ?

Il faut avoir vécu et bien vécu, pour reconnaître que ne rien faire est un luxe et que le repos n'a pas de prix. Moi, luxe suprême, je dors.

Il faut beaucoup réfléchir avant de penser. Mais il faut penser à réfléchir.

Beaucoup d'écrivains écrivent pour parler. Moi, j'ai besoin de parler pour écrire.

Ils ne laissent aucune place à l'indifférence, aucune chance au doute, aucune porte à moitié ouverte ou à moitié fermée. Ils cherchent, sans cesse, à se placer au centre d'un jeu, dans lequel la seule place qui vous est réservée est celle de l'ennemi à abattre. Et, si vous manifestez la plus petite marque de respect silencieux, si vous laissez transparaître la moindre marque de considération, en les traitant à égalité, ils en profitent immédiatement pour tenter d'empiéter sur votre espace, y décelant immanquablement une preuve indubitable de faiblesse, afin de nier votre humanité. Ainsi, si vous n'êtes pas d'emblée de leur « côté », ils réclament votre haine, comme une démonstration de la vérité, le gage venant établir la véracité de leur vision du monde. Et, alors, comment ne pas la leur donner ? La distance que l'homme cultivé met entre lui et le monde, entre son intimité et les autres, est en permanence attaquée pour affirmer aux yeux de tous la supériorité absolue de la haine, et la nécessité d'une guerre quotidienne totale. Et, pour appliquer ce programme englobant, la meilleure arme demeure sans conteste les références aux excréments, à la sexualité, au corps pris comme seule toise de l'humanité, et comme étendard de leur toute-puissance fantasmée. Ceci explique leur aversion pour la littérature et les textes en général, qui font surgir un nombre presque infini de façons d'être un individu libre, dans un contexte où tout est fait pour les nier. On pourrait voir dans cette attitude totalitaire l'expression d'enfants qui cherchent leur claque, en essayant constamment de repousser les limites qui leur sont imposées. Mais, ces enfants-là n'ont rien d'innocent ni de joueur. Ils font de leur médiocrité et de leur ignorance les références absolues, et vous les imposent sous forme de fourches caudines, dès le réveil, chaque matin, pour commencer une nouvelle journée de conflit. Dès lors, l'humour déployé pour désamorcer la situation est, lui-aussi, soumis à une surenchère obscène perpétuelle, qui renvoie les belligérants à leur primitivité, jusqu'à la victoire du plus « fort », jusqu'au meurtre symbolique. Comment dialoguer lorsque le langage est tout entier expression des humeurs corporelles ? Comment se parler lorsque la parole n'est que voix des organes ? Comment vivre en paix quand le corps lui-même est réduit à un territoire à conquérir et que la guerre est partout, tout le temps ? Puisque le droit à la différence a conduit à des affrontements sans fin, les obligeant à les reconnaître à leur porte sans rien changer de leur intolérance, la seule voie de salut pour le vivre-ensemble se trouve peut-être dans une reconsidération de l'indifférence, qui permettrait d'accéder à une trêve dans la violence, sans en passer par la rééducation, d'un bord ou de l'autre. Il suffirait de te montrer que ce que j'ai et que vous ne pourrez jamais posséder, serait-ce avec beaucoup d'argent, n'a absolument aucun intérêt pour toi, ni pour vous. Il suffirait de te prouver que ma faiblesse ne dissimule aucun trésor, hormis une bien pauvre et désolante humanité.

Quand on marche en ville, on peut vite avaler les kilomètres sans s'en apercevoir. Mais, lorsque l'on marche dans la campagne, dans un paysage toujours identique à lui-même, il arrive que l'on fasse de drôles de rencontres.

Santangelo

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