Pour commencer un état des lieux incomplet :
Les attentats, donc.
Une horreur absolue qui nous a traumatisée. J’ai pourtant du mal à faire le lien avec cette tenue vestimentaire. D’après ce que j’ai lu ou vu, les attentats auxquels on fait référence, sont perpétrés par des hommes, (plutôt en treillis qu’en qamis). Les témoignages des familles des personnes qui se sont engagées pour Daech, semblent indiquer que les signes de radicalisation vont bien au-delà du port d’un vêtement ou de la barbe. (Pour cette dernière ça devient compliqué de l’interdire maintenant que c’est à la mode, cependant on constate aisément que le regard extérieur n’est pas le même selon le type de la personne qui la porte.) Ce dont ces familles témoignent surtout, est la difficulté qu’elles ont eu à se faire entendre et aider par les institutions, c’est peut-être à cet endroit qu’il faudrait mettre des moyens.
Le féminisme ensuite.
Dans les articles que j’ai lus ou vus, pas de trace de qamis portés dans les établissements scolaires, j’ignore si des jeunes hommes en ont porté à l’école, mais j’ai un sérieux doute. Est-ce que ce mot aurait été ajouté pour que l’État ne soit pas accusé de sexisme ?
Parce que ce qui est discuté, c’est bien l’abaya. C’est dingue le nombre de personnes qui, à ce sujet, s’affirment féministes, ce qu’on ne soupçonnait pas au premier abord. Ah, mais suis-je bête, il n’est pas là question d’accuser les lois, l’administration ou les traditions française, mais les musulmans. Ce sont eux les coupables qui pourrissent la vie de toutes les femmes en France (voire dans le monde entier que nous devons sauver et éduquer, mais ça c’est une autre histoire). Repoussons les musulmans et le problème des femmes sera résolu. Sans oublier de dire aux femmes ce qu’elles doivent penser et porter parce que sinon elles seront influencées par les mauvaises personnes.
L’uniforme à l’école une solution de non-discrimination. Je rigole.
Premier choix, une tenue standard. Il est clair que le contrat est difficile à remplir puisqu’il est facile de constater qu’un vêtement acheté chez Pimkie (…) n’est pas tout à fait le même que celui acheté chez Caroll (…). De plus la fréquence à laquelle on peut renouveler ses vêtements joue aussi sur l’apparence. Last but not least, les plus pauvres n’ont pas une garde-robe très étendue, iels seraient donc limité·es dans le choix de leurs vêtements.
Autre option l’uniforme, d’une part son prix est élevé (200 euros minimum), d’autre part il en faut au moins, deux (euh, oui, on le lave). De plus il faut le changer, au moins chaque année, les élèves grandissent. Et puis, pensez-vous que les uniformes renouvelés souvent ont la même allure que ceux qui ont appartenu au grand frère ou à la grande sœur ? Enfin, s’il n’est pas national comme c’est le cas au Royaume-Uni où chaque établissement fait son choix, il peut, à travers le coût qu’il implique, être un outil de discrimination. (On peut noter qu’au Royaume-Uni l’obligation du port de l’uniforme ne s’accompagne pas d’une interdiction du port du voile.)
Quelque soit l'option, il faudra aussi définir des normes pour que le vêtement ne soit pas trop court, pas trop long, pas trop large, pas trop serré, pas trop ouvert, pas trop fermé …
Une solution ?
J’ai une idée qui pourrait réconcilier tout le monde. Instituer l’abaya et le qamis comme uniformes à l’école. En effet cela permettrait de leur enlever toute connotation puisque tout le monde les porterait. C’est pratique, ça se porte au-dessus des vêtements, ce qui permet à tout le monde de s’habiller comme iel le souhaite, de l’enfiler et de l’enlever aisément selon les situations. En plus ces vêtements ne coûtent pas cher (dès 20 euros). Enfin, le peu d’écart entre les deux vêtements atténue la différence de genre.
J’entends les hurlements : « QUOI ! adopter un vêtement étranger à notre culture, c’est la perte de nos valeurs !!!! » Euh, ben oui, depuis qu’on porte des jeans (états-uniens), des cols Mao (chinois), des pyjamas (indiens), des kimonos (japonais), etc. on a perdu toutes nos valeurs… Enfin, si c’est son nom qui vous chiffonne, on peut l’appeler blouse. (Émoticon je serre les dents et je rentre la tête dans les épaules).
L’abaya, est-ce uniquement un écran de fumé du gouvernement au moment d’une rentrée scolaire qui pose bien d’autres problèmes ou une préparation des esprits aux débats sur le référendum sur l’immigration ?
PS : Quand on me parle de lutter contre la discrimination, je pense toujours à cette très vieille blague, ça se passait aux États-Unis. Un chauffeur de bus scolaire en a marre que les blancs et les noirs se disputent dans son bus, il n’arrive plus à conduire. Brusquement, il freine et ordonne aux enfants de sortir de son bus. Il les rassemble et leur dit : « Bon, j’en ai assez de vos histoires de blancs et de noirs, maintenant vous êtes tous bleus. » Les enfants se taisent. Il leur dit : « Bon, maintenant vous rentrez dans le bus, les bleus clairs devant, les bleus foncés derrière ! »