Saytou92 (avatar)

Saytou92

Abonné·e de Mediapart

4 Billets

0 Édition

Billet de blog 3 décembre 2025

Saytou92 (avatar)

Saytou92

Abonné·e de Mediapart

Quand les divisions mettent en péril l’espoir des sénégalais

Saytou92 (avatar)

Saytou92

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Lettre ouverte  d'un membre de PASTEF : Sonko – Diomaye, quand l’ambition politique étouffe les aspirations populaires

Par Abdoulaye Diallo

Monsieur le Président,

Monsieur le Premier ministre,

Sous les radars, le feu couve et les cœurs s’inquiètent. Derrière le paravent d’une unité gouvernementale affichée, derrière l’illusion d’une cohésion politique de façade, vous vous livrez, l’un et l’autre, à un jeu dangereux de pouvoir et de positionnement. Une guerre d’usure dont le Sénégal, une fois de plus, risque de sortir meurtri.

Un somnifère est servi au peuple pour masquer la tension grandissante, mais nul n’est dupe : jamais notre pays n’a semblé soumis à une telle pression.

Dans l’écosystème pastéfien, deux camps s’organisent désormais, chacun affûtant ses armes pour consolider son influence en vue d’une reconquête future. L’adage selon lequel « la seule opposition de Pastef, c’est Pastef lui-même » s’impose chaque jour davantage. Le Président adopte un mutisme stratégique, travaillant dans l’ombre. Le Premier ministre, lui, a parlé… sans toutefois dissiper les interrogations qui ont envahi l’espace médiatique. Pire, ses propos ont confirmé, de manière subtile mais incontestable, le gouffre qui semble se creuser entre vous. Pendant ce temps, sous le tapis des murmures, le désordre s’installe. Le chaos se prépare. Une tempête politique prend forme, menaçant l’équilibre déjà fragile du pays.

La division de Pastef paraît désormais inéluctable. Les contours se dessinent. La chasse aux alliances rythme une mutation interne inquiétante, marquée par des stratégies sournoises, des pactes contre nature et des rapprochements avec celles et ceux qui, hier encore, étaient accusés de privations de liberté, de prévarication et même de violences mortelles. Ainsi, les ennemis d’hier deviennent les alliés du jour, tandis que les compagnons de lutte d’hier sont relégués au second plan, soupçonnés, méprisés, oubliés.

Jeux de pouvoir. Pièges. Combines. Intrigues. Voilà aujourd’hui ce qui irrigue les veines de la politique sénégalaise. Est-ce une nouveauté ? Non. Mais aujourd’hui plus qu’hier, un unique objectif semble guider les manœuvres : le pouvoir. Rien que le pouvoir. Pourquoi le rendre un jour, lorsque les délices du prestige ne font que commencer ? Les cortèges interminables, les gyrophares, les foules en liesse, les honneurs protocolaires, l’avion présidentiel, les voyages officiels… Tout cela vaut-il plus que la parole donnée au peuple ?

Les Sénégalais, eux, observent, médusés. Le rêve s’effondre. Nous avions cru au duo que vous formiez. À ce ticket annoncé comme indissociable, comme une alchimie parfaite au service de la Nation. Nous y avions cru sincèrement. Mais aujourd’hui, nous voilà contraints de nous préparer à des jours difficiles. Peut-être même plus durs que ceux que nous avons connus sous Macky Sall, dont le règne demeure gravé dans les mémoires pour ses dérives autoritaires, ses prédations et son mépris des libertés.

Alors, que reste-t-il des promesses ? Où sont les rêves d’un Sénégal fort, résilient, souverain ? Où sont les engagements pris devant le peuple, devant l'Afrique, devant l’histoire ? Et surtout : que répondrez-vous aux familles des dizaines de jeunes morts pour un Sénégal nouveau, digne et souverain ? Tout cela pour ça ?

L’horizon du pays s’assombrit. Les nuages menacent. Le Sénégalais ordinaire, balloté comme une feuille morte dans un cyclone politique, ne sait plus à quel saint se vouer. Mais il n’est pas trop tard. Pas encore.

Souvenez-vous : vous n’avez pas le droit de trahir cette génération. Car si vous échouez, vous entrerez dans l’histoire non pas comme les artisans du renouveau, mais comme le rêve perdu du Sénégal.

Le citoyen sénégalais d’aujourd’hui n’est plus celui d’hier. Par votre discours et votre parcours, vous lui avez ouvert les yeux. Il est désormais debout, conscient, exigeant, courageux, et il ne se laissera plus jamais endormir.

La partie n’est pas terminée.

La balle est dans votre camp.

Unis, nous vaincrons.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.