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Aujourd’hui, le système médiatique ressasse inlassablement la même grille d’analyse : une « crise politique ». Les mêmes commentateurs, les mêmes schémas, les mêmes conclusions figées. Ce cercle vicieux analytique prolonge implacablement un statu quo dans les effets : le retour annoncé à la NORMALE.
Un chiffre clé : en un peu plus d’un an, la France a vécu près de 110 jours sous un gouvernement d’affaires courantes, soit presque un jour sur quatre.
Sous une lecture systémique, cette période révèle surtout la naissance d’un « mode de gouvernance apolitique » : un exécutif réduit à la simple gestion des affaires courantes. La stratégie du « en même temps » portée par Emmanuel Macron a accéléré la marginalisation des partis traditionnels, du Parlement et à la généralisation d'un nouveau mode de gouvernance : celui des affaires courantes.
Les éditorialistes nous conduisent toujours à la même impasse : au choix, un retour à la normale, en réalité un statu quo qui conduit de facto à s'orienter vers l’autoritarisme, et l’effacement pur et simple du politique.
Pourtant, la pensée systémique éclaire différemment le contexte :
- Ce nouveau mode de gouvernance d’affaires courantes gère le quotidien, à défaut de pouvoir ouvrir de grands chantiers.
- Les contre-pouvoirs ne sont plus strictement politiques ; ils s’incarnent dans une société civile décentralisée, réunissant collectifs et assemblées citoyennes revendiquant par différents formats (pétitions, réseaux sociaux, manifestations citoyennes) une place dans la décision publique et dans les grands chantiers.
- La figure sacrée du Président de la République (et avec l'Affaire Sarkozi) cède la place à un citoyen responsable, soumis à la loi et au peuple.
La pensée systémique nous invite à regarder ce moment comme un processus complexe dont chaque élément agit en interaction avec les autres.
C’est dans cette complexité que se situent les leviers d’un changement et non d'un retour à la normale.
Ce que nous vivons n’est pas une impasse, mais une invitation ambitieuse à ne pas renouer avec des modèles obsolètes, mais en inventant, à partir d'un autre récit, un nouvel équilibre collectif fondé sur le commun.
Cette transformation ne viendra ni des partis enfermés dans leurs jeux, ni des éditorialistes qui répètent les mêmes éditos et scénarios.
Elle dépend de nous toutes et tous, qui devons engager ce changement de grille et agir en acteurs d'un nouveau récit public.
A méditer.