sc84

Abonné·e de Mediapart

4 Billets

0 Édition

Billet de blog 13 avril 2025

sc84

Abonné·e de Mediapart

« Tout le monde sait »

À Saint-Trinit, le maire sait qu'il utilise son mandat à des fins d’enrichissement personnel, avec la complicité silencieuse de certains élus. Quand « tout le monde sait », mais que personne n’agit, la corruption devient une norme tacite et l’alerte un acte perçu comme subversif.

sc84

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ces quatre mots résonnent aujourd’hui dans des affaires de corruption ou de violences très médiatisées.

Dans ma commune, tout le monde sait que le maire utilise la mairie à des fins d’enrichissement personnel. Pourtant, jusqu’à récemment, personne n’était en mesure de le prouver. Ce ne sont que des « on-dit », des rumeurs, jusqu’au jour où un projet de panneaux photovoltaïques impliquant une déforestation massive mobilise la population pour faire annuler cette initiative.

Ce projet, dans lequel le maire était directement impliqué — participant aux réunions avec l’opérateur sans se déporter — dissimule en réalité une autre affaire : un permis de construire attribué de manière illégale, avec la complicité de son adjoint. À Saint-Trinit, un potentiel cas de prise illégale d’intérêts en cache souvent un autre.

En 2023, certaines preuves permettent enfin de lancer une première alerte auprès de la Chambre Régionale des comptes. Cette alerte est également portée à l’attention des élus.  « Tout le monde sait », me dira-t-on.

En effet, tout le monde sait, tout le monde consent, mais personne ne dit rien. Le sentiment d’impunité des élus semble prévaloir, transformant notre collectivité en une zone de non-droit où les règles républicaines sont ouvertement bafouées au sein même du conseil municipal.

La charte de l’élu local est moquée, devenant un sujet comique à chaque fait constaté de prise illégale d’intérêts.

Dans ce contexte délétère, les opérateurs privés de projets photovoltaïques trouvent un terrain fertile pour développer leurs installations sur des terres naturelles et agricoles. Ils embarquent le maire dans des modifications du plan d’urbanisme avec la complicité silencieuse des élus qui participent aux délibérations sans jamais s’y opposer.

Dans ma commune, le logo de la mairie est utilisé par le maire sur des documents d’entreprises privées, sous prétexte qu’il s’agit d’une erreur.

Les conseils municipaux sont organisés en fonction des projets personnels du maire. À force d’alertes répétées, celui-ci sait désormais qu’il doit se déporter pour éviter l’illégalité flagrante.

 Mais l'amnésie revient. Le maire ne dit rien lorsqu’il engage seul un cabinet d’avocats pour défendre un permis obtenu illégalement et faisant l’objet d’un recours contentieux. Il ne  dit rien lorsqu’il établit une carte des zones d’accélération pour la production d’énergies renouvelables en y incluant ses propres parcelles ; Il se tait aussi lorsqu'il réalise des travaux de raccordement électrique sur un chemin communal sans délibération préalable ni information auprès d’Enedis — ignorant que ce patrimoine appartient à la collectivité et non à lui-même.

Dans ma commune, quelques uns savent que j’alerte lors des conseils municipaux mais ils oublient de les inscrire dans les procès-verbaux. 

Aujourd’hui, tout le monde sait que la mairie est corrompue, mais personne ne dit rien. Le statu quo arrange ceux qui en profitent et ne nuit pas à l’usage détourné des pouvoirs publics à des fins personnelles.

Mon alerte dérange : elle est perçue comme une menace pour le fonctionnement ordinaire d’un conseil municipal consentant et d’une mairie où la corruption semble être devenue une valeur tacitement partagée.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.