J'ai un ami qui se trouve à un poste important au cabinet de M. Woerth (vous savez le ministre supposé à la réforme des retraites).
Provincial, alors que je passait pour raisons personnelles à Paris, je lui envoyais un texto amical : "Bonjour de Paris"
Il me répondait dans la soirée par messagerie :
bonsoir du Sénat
De : Dépêches
Envoyé : vendredi 22 octobre 2010 20:19
Objet : AFP / URGENT ¥ Le Sénat a adopté le projet de loi de réforme des retraites
URGENT ¥ Le Sénat a adopté le projet de loi de réforme des retraites
22/10/2010 20:16:32
PARIS, 22 oct 2010 (AFP) - Le Sénat a adopté vendredi en début de soirée le projet de loi de réforme des retraites par 177 voix contre 153, alors que le mouvement de contestation sociale contre le texte se poursuit.
Je lui répondais alors, toujours par messagerie :
C'est pas grave, ce qu'une loi a fait en 2010, une loi le défera pour refaire mille fois mieux en 2012. Et au fait, bravo ! Mettre quatre millions de personnes dans la rue toutes les semaines, bloquer et assécher le pays et avoir des sondages en faveur des mouvements sociaux, c'est du grandiose !
Pour le reste, il y a sans doute une réforme des retraites à imaginer, dans la négociation et le dialogue social, je sais, ce sont des notions étrangères à ce gouvernement, mais quand même !
Tout cette réforme est fondée sur du mensonge. Que nous dit-on à longueur de journée au sujet des retraites ? Le système est au bord de l'implosion financière, si l'on ne fait rien, les retraites de demain ne seront pas assurées, la France ne peut rester à l'éacrt des réformes, regardez, partout en Europe on recule l'âge de départ en retraite...
Pourtant, à bien y réfléchir, il n'y a pas, mais alors pas du tout, de problème de financement des retraites en France.
Dans son huitième rapport du printemps dernier, que tu as dû lire, le Conseil d'orientation des retraites chiffrait le déficit prévisible des systèmes de retraites à 68,8 milliards d'euros en 2050. Soit. Mais au cours de cette année, on pouvait retenir deux chiffres. Tout d'abord, selon la Cour des comptes, que les niches fiscales dont bénéficient les entreprises s'élevaient à 140 milliards par an, chiffre auquel on doit ajouter les 30 milliards d'exonérations de cotisations sociales bénéficiant aux mêmes entreprises. Ensuite, que le montant des actifs du Fonds de réserve pour les retraites, créé par le regretté gouvernement de Lionel Jospin, ne s’établissait plus qu'à 33,1 milliards. Pourtant, ce Fonds est la solution radicale aux perspectives de déficit des systèmes de retraites. En effet, si l'Etat l'abondait de 20 milliards d'euros par an, en ponctionnant d'autant les niches fiscales et les exonérations de cotisations sociales, en 20 ans, il aurait à disposition un magot de 400 milliards (je vous fais grâce des intérêts). Autrement dit, abonder sérieusement le Fonds de réserve n'alourdirait pas les prélèvements obligatoires et permettrait de résoudre le problème de financement à venir de nos retraites.
On peut aussi considérer qu'une autre réforme que celle du gouvernement était et reste envisageable :
- supprimer toute référence à un quelconque âge légal,
- s’entendre sur une durée de cotisation (par exemple 45 ans) et ouvrir la possibilité à chacun de maîtriser la longueur de sa vie professionnelle,
- tenir vraiment compte de la pénibilité et des carrières morcelées (notamment féminines) en octroyant aux personnes concernées des trimestres gratuits de cotisation,
- augmenter le taux d’activité des seniors sans nuire à l’intégration des jeunes sur le marché du travail,
- être solidaire avec les chômeurs et les étudiants en leur octroyant des trimestres gratuits de cotisation,
- mieux taxer le capital pour augmenter les ressources du Fonds de réserve pour les retraites.
Au lieu d'ouvrir le débat, le gouvernement s'est enfermé dans des incantations, s'est enfermé dans une réforme idéologique et de classe.
Voilà pour ma contribution au débat,
amicalement quand même,
Et voici ce qu'il me répondait du tac au tac :
Votre message n'a pu ête remis à son destinataire en raison de sa longueur et compte tenu du nombre d'inepties qu'il contenait.
Je concluais cet échange, peu amical, malgré moi, de la façon suivante :
Voilà, tout est dit. Tu illustres parfaitement la méthode gouvernemantale : tout ce que peut dire l'opposition est qualifié d'ineptie, de contre-vérité, d'erreur... Avec une telle incapacité au dialogue, une telle capacité à ne pas écouter les arguments d'en face, à refuser tout échange d'arguments et à considérer que tout ce que vous dîtes est parole divine, vous allez droit dans le mur. Le seul problème est que la France est sur le siège du mort. Bon, c'est pas grave, 2012 arrive à grand pas.
Dans le fond, je suis consterné. Mon bien faible contradicteur conserve nénamoins toute mon amitié mais avouez que le gouvernement fait preuve à la fois de légèreté, d'arogance et d'aveuglement. C'est désolant pour la démocratie que sous la Sarkozye, le dialogue social soit à ce point ignoré.