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Billet de blog 17 avril 2019

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Et que fait-on maintenant ?

D'où cette sensation me vient-elle d’halluciner depuis l'incendie de la cathédrale de Paris ? Comment se fait-il qu’un si grand nombre de personnes suivent ensemble un fil de pensée aussi mono-directionnel ? Comment se fait-il qu’il n’y ait pas plus de divergence dans le recul pris par rapport à l’événement ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je ne sais pas vous, mais moi j’hallucine !

N’ayant pas la télévision, je n’ai pas vu la cathédrale brûler, à peine quelques photos, et encore, à peine regardées…

Est-ce pour cela que j’ai depuis la sensation d’halluciner un peu plus à chaque allocution, commentaire, décision, … ?

Comment se fait-il qu’un si grand nombre de personnes aient à ce point perdu l’usage du français et suivent ensemble un fil de pensée aussi mono-directionnel ?

Comment se fait-il qu’il n’y ait pas plus de divergence dans le recul pris par rapport à l’événement catastrophique ?

Qu’y a-t-il de plus unanimement catastrophique dans une cathédrale qui brûle que dans un massif montagneux peuplé d’arbres vivants, d’oiseaux, de cerfs, de sangliers, de renards, de serpents, d’araignées, de ver de terre, de …, qui brûle(nt) aussi ?

Et au nom de quoi faudrait-il sacrifier une nouvelle forêt d’arbres multi-centenaires et l’écosystème dont ils sont le siège pour rebâtir à l’identique une cathédrale qui a déjà évolué à de multiples reprises au fil des siècles ?

Pourquoi ne serait-il pas possible de partir de ce qui est là, pour en faire un monument porteur aussi de l’histoire de notre présent ?

Parce que, mine de rien, ça y est nous avons de l’argent dans les caisses de l’état !!!

Une baguette magique qui tombe du ciel et hop hop hop, voilà la preuve par neuf que les plus riches de notre paysage économique et financier peuvent sortir de leur manche autant d’argent qu’il est nécessaire pour…

Pour en faire quoi au juste ? Pour donner un toit à … ?

À qui ? À la cathédrale ? Ah ! j’aurais aimé entendre aux personnes sans domicile fixe, aux migrants, aux femmes battues, aux jeunes qui s’insèrent dans leur vie d’adulte, aux travailleurs pauvres, … (un toit, c’est bien et ce qui va avec pour se nourrir c’est chouette aussi).

Cela fait cinq mois que cela brûle dans les rues et ce que l’on trouve de mieux à faire c’est de s’emparer de l’argent disponible pour éteindre le feu d’une nuit…

Personnellement, je trouverais cela risible si je ne le trouvais pas indécent.

Que fait un séquoia après avoir subi un incendie ? Il accepte, d’abord ; puis il reprend son cours, il intègre ses blessures, il les fait siennes et elles contribuent à sa beauté de survivant.

Nous n’avons jamais vu un arbre mettre son énergie à faire comme si l’on pouvait effacer ce qui s’est passé en se disant que dans cinq ans on n’y verra plus rien que du feu…

Alors pourquoi les humains font-ils cela ?

Pour prouver qu’ils sont au-dessus des lois, de la nature ?
Parce que leur personnalité se perd à ce point dans l’image qu’ils veulent donner d’eux-mêmes qu’ils oublient qu’eux aussi termineront en cendres ?
Parce que nos peaux mortes sont plus importantes que notre peau vivante ? celle qui se remodèle chaque jour, justement parce qu’elle est vivante !

Parce que la cathédrale est la vitrine de la France vers laquelle le monde entier converge via ADP ?

Et qu’aurons-nous à montrer à ces étrangers qui viennent sur nos terres ? que l’histoire bégaye ?

Ça, c’est déjà fait, il n’est pas nécessaire de mettre en place tout ce ramdam et d’attendre cinq ans au bas mot pour voir le résultat fini.
Notre histoire bégaye déjà, nous sommes à nouveau au temps des cathédrales où quelques riches d’en haut décident des causes qui méritent leur argent pendant que les modestes d’en bas n’ont qu’à se satisfaire de ce qu’ils ont… « Ils ont les épluchures quand même. Ça nourrit les épluchures de sept fruits et légumes par jour, de quoi se plaignent-ils. D’autant qu’ils sont suffisamment nantis pour s’acheter des télévisions grâce auxquelles leurs cerveaux sont eux aussi nourris. »

Je ne dis pas qu’il faudrait laisser Notre-Dame de Paris dans l’état dans lequel elle se trouve présentement ; loin de là, elle mérite elle aussi notre compassion.

Toutefois, ne serait-il pas possible de modérer l’ambition des travaux à une sécurisation, une mise hors d’eau et une mise en valeur de ce qui a traversé l’incendie ?

La face montrée par la France ne serait-elle pas belle et attrayante si elle présentait aussi ses blessures en signe de résilience ?

Le monde est-il assez aveuglé par notre lumière légendaire pour ne pas voir derrière les apparences ?

Peut-on vraiment lui voiler la face lorsqu’il est à ce point patent que l’on ne veut pas donner l’impression de perdre la face ?

Ne serait-ce pas le signe d’un engagement politique valorisant pour notre culture historique que celui de prendre soin du Vivant ? Dans toutes ces dimensions et sous toutes ses formes…

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